Vendredi dans l’octave de Pâques

Vendredi dans l’octave de Pâques

Vendredi dans l’octave de Pâques

Le mot de Saint Jérôme

La puissance a été donnée au Christ dans le ciel et sur la terre, afin que régnant déjà dans le ciel, il régnât aussi sur la terre par la foi de ceux qui croiraient en lui.

Jésus ressuscité donne sa mission à l’Autorité de l’Église (Mt 28, 16-20) : commentaire de Dom Paul Delatte

Les onze apôtres s’étaient rendus en Galilée ; ils vinrent, selon saint Matthieu, sur la montagne que Jésus leur avait indiquée. On ne nous dit pas le nom de cette montagne du rendez-vous ; elle fut sans doute désignée aux apôtres au cours d’une entrevue que les évangélistes n’ont pas racontée. Or cette entrevue ne saurait être confondue, ni avec la scène décrite au chapitre 21 de saint Jean, ni avec l’entrevue qui se termina par l’Ascension ; mais peut-être faut-il l’identifier avec la réunion plénière mentionnée par saint Paul : Visus est plus quam quingentis fratribus simul (1 Cor 15, 6). On s’expliquerait, dans cette hypothèse, que « quelques-uns », parmi les cinq cents disciples, aient encore douté de la Résurrection ; à cette date, les apôtres, eux, ne doutaient plus. « En le voyant, poursuit saint Matthieu, ils se prosternèrent ; mais quelques-uns doutèrent. Et s’approchant, Jésus leur parla en ces termes : Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez les hommes de toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint- Esprit, leur enseignant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du siècle. »

Il n’est personne qui méconnaisse l’importance souveraine de chacune de ces paroles. Le Seigneur est roi ; l’univers entier lui a été donné par son Père en héritage ; il l’a acquis de son sang. Bientôt, à l’Ascension, il va prendre possession du ciel ; puis, par ses envoyés, par ses apôtres, il prendra possession de la terre. Les apôtres n’attendront point qu’on vienne chercher la vérité auprès d’eux ; ils iront la porter à ceux qui ne la cherchent pas. Leur premier office sera de rendre un témoignage, et la réponse du croyant consistera dans une adhésion de son intelligence à des vérités proposées par Dieu. Le second office des apôtres sera de baptiser, c’est-à-dire de pardonner, de sanctifier, de donner une vie nouvelle in nomine Patris, et Filii, et Spiritus sancti. Et le Seigneur fait allusion ici non seulement à la confession, à la profession de foi au Père, au Fils et au Saint-Esprit, qui sera impliquée dans le baptême : mais encore au caractère de cette vie même communiquée au baptême, laquelle est essentiellement, et par Jésus-Christ, la vie avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Cependant, il ne suffit pas d’avoir, par le baptême, commencé à appartenir au Seigneur ; il faut encore maintenir, dans tous les domaines de notre activité, les conditions de cette union première, la docilité aux vouloirs de Dieu ; les apôtres sont chargés d’y veiller : Docentes eos servare omnia quæcumque mandavi vobis. Il y a donc ici-bas des hommes accrédités par Dieu, munis par lui de pleins pouvoirs, dispensateurs pour le monde entier de la doctrine, de la grâce, de la direction surnaturelle. Organe d’enseignement, organe de sanctification, organe de gouvernement : telle est l’Église, dans sa hiérarchie.

Le séjour permanent dont nous parle ensuite le Seigneur n’est pas la permanence de l’Eucharistie, ni celle de la vie surnaturelle en chaque âme fidèle ; mais une forme d’assistance spéciale, d’une absolue fermeté, soustraite aux conditions du temps : et ecce ego vobiscum sum : «Je suis avec vous. – Mais nous mourrons. Seigneur? – Je suis avec vous jusqu’à la fin des siècles. » Pour que cette promesse se réalise, il faut que les disciples à qui parle le Seigneur se succèdent jusqu’à la fin du monde ; dans ce passage, il ne s’adresse donc pas aux seuls apôtres présents. « Je suis avec vous tous les jours » : c’est la continuité parfaite. Et nous voyons bien à quel dessein se rapporte la présence ainsi promise : assurer l’efficacité du ministère apostolique, soutenir perpétuellement ceux, présents ou futurs, qui enseignent, qui baptisent, qui gouvernent en son nom.

Dans la crise que traverse actuellement l’Église, on complètera le commentaire de Dom Delatte par la lecture de cet article.

Prières

Oratio

Omnípotens sempitérne Deus, qui paschále sacraméntum in reconciliatiónis humánæ fœdere contulísti : da méntibus nostris ; ut, quod professióne celebrámus, imitémur efféctu. Per Dóminum.

Oraison

Dieu tout-puissant et éternel, qui, par le mystère pascal, avez formé un pacte de réconciliation avec l’humanité : donnez à nos âmes de reproduire dans nos actes les vérités que nous professons en célébrant ce mystère.

Prière de Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

Je crois en vous fidèlement, ô mon Dieu, et c’est dans la foi que j’accomplis toutes mes œuvres. Augmentez ma joie par la pratique de chaque vertu, vous ma joie, ô Seigneur de l’univers ! Dans l’amour et la foi, je veux vous suivre car c’est vous qui m’avez créé(e). Vous me donnez ce qui est bon, il ne me manque rien de ce que je demande et désire. La foi m’enseigne la prière juste : donnez-moi uniquement ce qui vous plaît et qui ne passe pas ! Plein(e) de misère, vers vous je soupire, pour mon frère ou pour moi-même, inspirez-moi les œuvres bonnes et saintes qui accomplissent toutes les exigences de votre Amour ; comblez mes désirs légitimes ! Ainsi soit-il.

Antiennes

Ã. Undecim discípuli in Galilǽam vidéntes Dóminum adoravérunt, allelúia.

Ã. Les onze disciples allèrent en Galilée, et voyant le Seigneur, ils l’adorèrent, alleluia.

Antienne grégorienne “Undecim discipuli”

Ã. Data est mihi omnis potéstas in cælo et in terra, allelúia.​
Ã. Il m’a été donné toute puissance dans le ciel et sur la terre, alleluia​.

Antienne grégorienne “Data est”

Merci de nous aider en faisant un don.

Jeudi dans l’octave de Pâques

Jeudi dans l’octave de Pâques

Jeudi dans l’octave de Pâques

Le mot de Notre-Seigneur (à Sainte Catherine de Sienne)

Après les larmes stériles de l’amour-propre, après celles de la crainte servile qui redoute le châtiment plus que le péché, l’âme finit par connaître les larmes du pur amour, par lesquelles elle en arrive à ne s’affliger vraiment et profondément que de l’offense qui m’est faite et de la perte des âmes.

Jésus ressuscité apparaît à Marie-Madeleine (Io 20, 10-18) : commentaire de Dom Paul Delatte

Madeleine se tenait en pleurs près du tombeau. Au milieu de ses larmes, elle s’inclina pour regarder à l’intérieur de la salle funéraire. Et elle vit deux anges vêtus de blanc, l’un à la tête, l’autre aux pieds de l’endroit où avait été placé le corps de Jésus. Peut-être n’y a-t-il rien qui soit aussi extatique que la douleur : ni la joie, ni l’admiration, ni même la tendresse ne le sont au même degré. Il n’y avait au monde pour Marie-Madeleine que le Seigneur. Le Seigneur était mort et son corps avait disparu. Le reste ne compte pas. Elle n’éprouve aucun effroi en face des anges, alors que les autres saintes femmes s’étaient enfuies bouleversées. Que pourrait-il lui arriver, maintenant que le Seigneur n’est plus? Elle est inattentive : elle voit les anges, mais ce sont eux qui parlent les premiers. « Femme, disent-ils, pourquoi pleurez-vous? » La réponse est polie, mais sobre ; elle n’a rien de la verbosité familière au sexe : « C’est qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a mis. » C’est exactement ce qu’elle a dit aux apôtres ; on dirait qu’elle ne sait plus dire ni penser autre chose. La formule de réponse est presque indirecte, sans appellatif adressé aux anges ; elle pourrait être aussi bien une réflexion de Marie-Madeleine se parlant à elle-même… Il n’était pas possible que le Seigneur se dérobât à tant d’amour : il se rendit présent.

Comment Marie-Madeleine fut-elle avertie de sa présence? Y eut-il un bruit de pas? Les anges avaient-ils donné un signe d’attention ou de respect à celui qui venait d’apparaître ? Quoi qu’il en soit, Marie se retourna. Jésus était là, devant ses yeux : elle ne le reconnut pas. Même après sa Résurrection, le Seigneur n’était pas contraint de paraître avec l’auréole. Il demanda lui aussi, comme les anges : « Femme, pourquoi pleurez-vous? Qui cherchez-vous? » Les larmes de Madeleine, ses réflexions, sa douleur, ne lui permettaient pas de bien voir ; elle crut que c’était le jardinier, le gardien de cette petite propriété où était le tombeau. Il est si régulier, lorsque le Seigneur se montre, que les âmes ne le reconnaissent pas ! C’est un fantôme ; c’est Élie ; c’est Jérémie ; c’est un prophète ; c’est le jardinier ; c’est un étranger, diront les disciples d’Emmaüs.

Le jardinier, du moins, doit savoir. C’est peut-être lui qui, pour éviter des allées et venues trop fréquentes dans son jardin, aura emporté le corps ailleurs. L’hypothèse est bien invraisemblable, en face surtout du suaire et des bandelettes ; mais ceux qui aiment et ceux qui souffrent songent-ils toujours à écarter l’invraisemblable? Madeleine suppose, en tout cas, que rien n’a pu se faire qu’avec le gardien et moyennant sa complicité. Il lui a demandé : « Qui cherchez-vous? » Elle est tellement préoccupée du seul Jésus, qu’elle ne songe même pas à prononcer son nom, et répond comme si le jardinier était sûrement au courant de tout. Puisqu’il a témoigné de la compassion, peut-être consentira-t-il à dire son secret : et alors que, tout à l’heure, Madeleine ne donnait aucun appellatif aux anges, voici maintenant qu’elle décerne le titre de seigneur au jardinier : «Seigneur, si c’est vous qui l’avez enlevé, dites-moi où vous l’avez déposé, et je l’emporterai ! » Ce mort était un ennui pour vous ; vous ne l’aimiez pas, vous ; mais moi qui l’aime, je l’emporterai, il ne vous gênera plus… Ô sainte folie de l’amour ! Le cœur du Seigneur n’y résiste point. Celle qu’il venait d’appeler d’un terme vague, il l’appelle maintenant de son nom : « Marie ! » Peut-être était-ce la coutume à Béthanie, dans l’intimité. Elle se retourne alors pour tout de bon, reconnaissant la voix, et répond : « Rabboni, mon Maître ! » Et elle tombe à ses pieds, son lieu d’élection pour le temps et l’éternité.

Le verset qui suit a été fort tourmenté par les exégètes et les maîtres de la vie spirituelle. Assez universellement, après saint Augustin, saint Jean de la Croix, Bossuet, on a considéré le Noli me tangere comme un mouvement de protestation contre des témoignages d’une tendresse trop extérieure. Le Seigneur, appartenant désormais à une vie nouvelle et plus haute, aurait écarté de lui des manifestations qui ne s’accordaient plus avec les conditions de sa vie ressuscitée. Ses paroles impliqueraient donc une injonction adressée à Marie-Madeleine de se tenir à distance, et l’invitation de s’élever à une charité plus spirituelle, plus affranchie des sens. Cette explication, nous l’avouons, nous a toujours paru très loin de l’évangile. Il nous semble, d’abord, que le Seigneur ne saurait être pour nous ni un danger, ni un piège, ni un obstacle. Il n’est pas de condition surnaturelle où nous puissions, où nous devions nous détourner de l’humanité du Seigneur, ni nous distraire de sa beauté. Sans doute, le Seigneur conduit chacun de nous par des voies diverses ; sans doute, il y a lieu, selon les différentes étapes de notre vie spirituelle et sous la direction de la grâce, de nous porter vers tels ou tels mystères, vers telle ou telle portion de la doctrine : mais exclure systématiquement et de parti pris, exclure de notre oraison et de notre contemplation soit la divinité, soit l’humanité du Seigneur, soit la Sainte Vierge, ceci est irrégulier et ne peut conduire qu’à l’illusion.

Nous savons bien ce qu’on répondra : « Le danger n’est pas dans l’objet, mais dans le sujet. C’est peut-être dans le procédé selon lequel sainte Madeleine était attachée au Seigneur qu’il y avait matière à correction. » Ceci non plus ne parvient pas à nous satisfaire. Est-il vrai qu’on puisse aimer mal le Seigneur? On peut l’aimer trop peu ; mais l’aimer mal? Dans les trois circonstances évangéliques où le Seigneur eut l’occasion d’apprécier l’amour de Madeleine, il l’a loué sans réserve. Le Seigneur aurait-il changé? Nous verrons bientôt qu’il n’en est rien. Quant à Marie-Madeleine, tout ce qui s’est passé ces derniers jours n’a fait qu’accroître jusqu’à l’extrême sa charité. Il faut donc renoncer à interpréter la parole de Jésus comme un reproche, même voilé : n’aurait-il pas, dans la circonstance, l’apparence d’une cruauté ? Aussi bien, le texte lui-même, s’il est lu attentivement, nous semble exclure cette interprétation. Au cours de toutes les apparitions, le Seigneur a eu le visible souci d’établir le fait de sa Résurrection ; et, dans ce dessein, il a invité les apôtres à s’assurer qu’ils n’étaient point en présence d’un fantôme. Ceci posé, le Noli me tangere, entendu au sens du mot-à-mot, devient inintelligible, — surtout pour celle dont il veut faire l’apôtre des apôtres eux-mêmes. Une interdiction de cette nature aurait facilement fait douter de la réalité de la Résurrection et suggéré l’erreur docétiste.

Mais ce qui nous paraît décisif contre l’explication courante, c’est ce qui suit : Nondum enim ascendi. La conjonction enim indique une liaison logique entre le premier membre et le second : « Ne me touchez pas, parce que, ou puisque je ne suis pas encore monté vers mon Père. » Avec l’interprétation que nous écartons, on est conduit, logiquement, à ce raisonnement plutôt étrange : « Aujourd’hui que je suis avec vous, ne me touchez pas ; bientôt vous me toucherez, lorsque je n’y serai plus ; ajournez vos démonstrations jusqu’à l’heure où vous ne pourrez plus vous y livrer, puisque j’aurai disparu. « Il faut reconnaître, d’ailleurs, que les commentateurs nous répondent : le Seigneur sera alors vraiment touché, appréhendé, possédé « par la foi » !

Mais les vraisemblances, le caractère du texte et du contexte, tout nous invite à adopter une explication plus simple. Madeleine a retrouvé le Seigneur (Cant 3, 4). Dans l’effusion de sa tendresse et de sa joie, elle s’attache à lui, mais en quelque sorte désespérément, et semble ne plus vouloir quitter ces pieds bénis où elle a trouvé autrefois la conversion et le pardon, aujourd’hui la consolation souveraine. Le Seigneur ne s’y oppose pas ; silencieux, il laisse un instant toute liberté à l’amour de Madeleine. Et lorsqu’il reprend la parole, c’est pour lui indiquer, affectueusement, qu’il y a autre chose à faire : « Non, ne vous attachez pas à moi comme pour me retenir, comme si vous deviez me perdre aussitôt, comme si cette entrevue était la dernière. Nous aurons l’occasion de nous revoir, car l’heure n’est pas venue encore pour moi de remonter à mon Père. Mais elle viendra ; et au lieu de demeurer ici, allez dire à mes frères : Je monte vers mon Père, qui est votre Père, vers mon Dieu, qui est votre Dieu. » Le Seigneur n’a donc pas changé : c’est toujours la même tendresse, la même intimité qu’au soir de la Cène.

Marie-Madeleine, comme tous ceux qui aiment, se prête aussitôt à sa volonté. Elle quitte le Seigneur et s’en va vers les disciples, non pas seulement vers les apôtres, mais vers tous ceux qui, avant la Passion, paraissaient attachés à Jésus ; et elle leur annonce : « J’ai vu le Seigneur et il m’a dit ceci. » — L’apparition à Marie-Madeleine est la première dont fassent mention les évangiles ; mais la piété chrétienne a deviné, dès l’antiquité (cf. Sedulius, Paschale carmen, livre V, vers 360-364), que le Seigneur s’était montré premièrement à sa Mère : Resurrexi, et adhuc tecum sum… Étant donné le caractère tout privé de cette rencontre, on s’explique que les évangélistes, qui rédigeaient un récit officiel et avec un dessein d’enseignement dogmatique, aient jugé superflu de la raconter.

Prières

Oratio

Deus, qui diversitátem géntium in confessióne tui nóminis adunásti : da, ut renátis fonte baptísmatis una sit fides méntium, et píetas actiónum. Per Dóminum.

Oraison

Ô Dieu, qui avez réuni la diversité des nations dans la confession de votre nom : faites que, pour ceux qui ont eu la grâce de renaître dans la fontaine baptismale, la foi de l’esprit et la piété des œuvres soient une même chose.

Prière de Louis de Blois, O.S.B. (1506-1566)

Ô Jésus, Sagesse éternelle, envoyez-moi votre lumière. Éclairez-moi, lumière brillante et gracieuse, afin que les ténèbres de mon aveuglement se changent en un midi éclatant de splendeurs. Ô bon Jésus, ornez mon âme de cet éclat de la charité que vous aimez ; engraissez-la de cette substance de l’amour dont vous faites vos délices ; délivrez-la de tout ce qui vous déplaît, et faites qu’elle vous plaise en toutes choses. Ô ardeurs très suaves, dévorez et consumez heureusement ce grain de poussière de ma substance. Transportez-moi en vous, afin que, vous étant uni par l’indissoluble lien de l’amour, je vive de vous, et, comme un lys, je fleurisse devant vous. Ô très belle et très gracieuse fleur, Jésus ; ô vie permanente, vie par laquelle je vis et sans laquelle je suis abîmé de tristesse, vie douce et aimable, accordez-moi que je vous sois uni, que je vous embrasse, et par la suave charité, bercez-moi dans votre sein, vous qui êtes la paix très agréable, et faites que je m’y endorme saintement. Ainsi soit-il.

Antiennes

Ã. María stabat ad monuméntum plorans, vidit Angelum in albis, sedéntem, et sudárium quod fúerat super caput Iesu, allelúia.

Ã. Marie se tenait près du sépulcre, pleurant, elle vit un Ange vêtu de blanc, assis, et le suaire qui avait été mis sur la tête de Jésus, alleluia​.

Antienne grégorienne “Maria stabat”

Antienne Maria stabat

Ã. Tulérunt Dóminum meum, et néscio ubi posuérunt eum : si tu sustulísti eum, dícito mihi, allelúia : et ego eum tollam, allelúia.

Ã. Ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis : si c’est vous qui l’avez enlevé, dites-moi où vous l’avez mis, alleluia : et je l’emporterai, alleluia​.

Antienne grégorienne “Tulerunt”

Merci de nous aider en faisant un don.

Mercredi dans l’octave de Pâques

Mercredi dans l’octave de Pâques

Mercredi dans l’octave de Pâques

Le mot du Père Garrigou-Lagrange

S’il y a un ordre admirable dans le monde sensible, à combien plus forte raison dans le monde moral et spirituel, malgré les épreuves et tribulations : il y a assez de lumière pour ceux qui veulent voir, et marcher ainsi vers la vraie lumière de l’éternité.

Pêche miraculeuse (Io 21, 1-14) : commentaire de Dom Paul Delatte

Le dernier chapitre de saint Jean forme appendice. Nous verrons bien, par son contenu même, ce qui a déterminé l’évangéliste à l’écrire. Nous sommes en Galilée, où le Seigneur avait donné rendez-vous aux siens. Ils sont revenus tout naturellement à ce lac de Tibériade où ils ont autrefois gagné leur vie par leur travail. Et voici comment le Seigneur se manifesta de nouveau a un groupe d’apôtres. Ils étaient au nombre de sept : Simon-Pierre et Thomas, surnommé Didyme, Nathanaël (le même que Barthélémy), de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, Jacques et Jean, et deux autres disciples, qui ne sont pas nommés. « Je m’en vais à la pêche », leur dit Simon-Pierre. « Nous irons avec vous », répondirent-ils. Ils sortirent, montèrent dans la barque, et travaillèrent toute la nuit sans rien prendre. Au matin, les pêcheurs malheureux revinrent vers le rivage ; Jésus les y avait devancés, mais tout d’abord ils ne le reconnurent pas. Il ressemblait, de loin, à tout le monde ; et c’est familièrement qu’il leur adressa la parole : « Enfants,… » L’appellation est celle d’un homme supérieur par son âge ou par sa situation, et son accent est affectueux. Ni la barque ne semblait chargée, ni les apôtres ne paraissaient très satisfaits, aussi s’explique-t-on la tournure négative que prend la question du Seigneur. Elle équivaut, selon le sens du grec, à : « N’avez-vous rien trouvé à manger ? N’avez-vous pas gagné votre vie ?», « pulmentarium », c’est ce qu’on ajoute au pain pour faire un vrai repas.

Les apôtres répondirent simplement : « Non. » Les gens découragés sont peu causeurs. Mais le Seigneur ne leur en voulut pas : « Jetez le filet, dit-il, à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils obéirent ; et le filet se remplit si bien qu’ils ne pouvaient l’amener à eux, alourdi qu’il était par la multitude des poissons. On n’a rien pris la nuit, à l’heure opportune pourtant, et voici qu’on prend surabondamment le jour, en dehors des conditions normales, dans le voisinage de la rive ; l’opposition même entre les efforts infructueux de toute une nuit et le succès inespéré de la dernière heure, tout cela fait dire aussitôt au disciple que Jésus aimait : « C’est le Seigneur ! » Il n’est que lui qui puisse ainsi tourner en victoire les longs insuccès !…

Saint Pierre savait marcher sur les eaux, il savait nager aussi. Dès qu’il eut entendu et compris que c’était le Seigneur, il se ceignit la tunique autour du corps, — car il était jusqu’alors en tenue de travail, erat enim nudus, — et avec sa spontanéité habituelle, se jeta à la mer, afin d’arriver plus vite à Jésus. Du bateau, du filet, de la capture, de ses frères : nul souci ! Les autres disciples vinrent au rivage par la voie ordinaire, traînant après eux le filet ; il y avait deux cents coudées environ, une centaine de mètres, à franchir. En abordant, ils constatèrent que le Seigneur avait d’avance tout préparé pour le repas : du pain, du feu, et du poisson sur la braise. Mais c’était sans doute trop peu pour huit personnes, car Jésus dit aux pêcheurs : « Apportez donc quelques uns des poissons que vous venez de prendre. » Saint Pierre, alors, remonta dans la barque et amena au rivage, sans peine, semble-t-il, le filet rempli de cent cinquante-trois gros poissons. Et à la différence de la première pèche miraculeuse, les mailles ne se brisèrent point. Le nombre exact des poissons est marqué dans l’Écriture comme un souvenir précis, et afin de montrer le soin attentif et reconnaissant que mirent les apôtres à constater leur aubaine.

Selon sa coutume, saint Augustin est parti de ce nombre 153 pour échafauder une théorie arithmétique, analogue à celle du nombre 38, qui est, explique-t-il ailleurs, le nombre de l’infirmité. Le nombre 153 possède cette propriété d’être la somme de tous les nombres depuis l’unité jusqu’à son plus grand diviseur inclusivement : 1 + 2 + 3… + 15 + 16 + 17 = 153. Tout ceci peut paraître assez éloigné de l’évangile ; mais il faut se souvenir que la préoccupation des anciens était d’associer à toute réalité une idée chrétienne, de faire pénétrer la doctrine jusque dans la région lointaine des nombres abstraits ; l’arbitraire alors ne ne leur déplaisait pas. Quoi qu’il en soit du symbolisme arithmétique de 153, l’indication de saint Jean nous invite à imaginer comment la scène évangélique peut être reconstituée : le Seigneur regardait faire, en souriant ; saint Pierre prenait les poissons dans le filet ; trois disciples les recevaient de ses mains ; trois autres les rangeaient en tas de neuf, sur le rivage : c’était le moyen le plus facile pour compter exactement. Or, il y eut dix-sept petits tas de neuf poissons chacun, ce qui donne un total de 153. À cet essai de restitution le lecteur pourra d’ailleurs faire le même sort qu’à la théorie de saint Augustin !

La capture une fois reconnue, le Seigneur invite les apôtres à leur repas du matin : « Venez déjeuner », leur dit-il. Aucun d’eux ne songeait à lui demander : « Qui êtes-vous ? » car ils savaient que c’était le Seigneur ; une pareille question leur eût paru de l’incrédulité et de l’insolence, tant ils étaient sûrs maintenant d’être en face de lui. Là où la Vulgate lit : « aucun des convives », il faut lire, selon le grec : « aucun des disciples » ; en effet, ils n’étaient pas encore à table. La douce intimité qui existait avant la Passion se retrouvait comme d’elle-même ; rien n’était changé, la vie commune reprenait comme autrefois. Les détails de cette affectueuse familiarité se trahissent jusque dans la sobriété du récit. Ce n’était que par condescendance que le Seigneur acceptait de la nourriture, après la Résurrection ; aussi avait-il du loisir. Il en usait pour servir, de ses mains divines ; il ne dédaignait pas de servir à table : on eût dit qu’il l’ambitionnait comme un honneur. Aussi bien, les apôtres avaient passé une mauvaise nuit, et l’effort dernier avait ajouté à leur fatigue. Mais de cette fatigue il ne restait rien ou peu de chose, lorsqu’ils contemplaient le Seigneur leur distribuer à chacun, avec une grâce infinie, la portion de pain et de poisson. — Ce fut la troisième fois, dit saint Jean, que Jésus se manifesta à ses disciples depuis sa Résurrection d’entre les morts. Il faut l’entendre des apparitions à un groupe, au collège apostolique réuni ; car il y eut une apparition spéciale à saint Pierre et, en faveur de saint Jacques, une autre dont nous ne saurions déterminer la date (1 Cor 15, 5-7).

Prières

Oratio

Deus, qui nos Resurrectiónis Domínicæ ánnua solemnitáte lætíficas : concéde propítius ; ut per temporália festa, quæ ágimus, perveníre ad gáudia ætérna mereámur. Per eúndem Dóminum.

Oraison

Ô Dieu, qui chaque année, nous réjouissez en la solennité de la résurrection du Seigneur : faites, dans votre bonté ; qu’au moyen de ces fêtes que nous célébrons dans le temps, nous méritions d’arriver aux joies éternelles.

Extrait de l’Année liturgique de Dom Guéranger

Aujourd’hui (4ème jour de la Création) furent tirés du néant le soleil, qui devait être le type radieux du Verbe incarné ; la lune, symbole de Marie qui est belle comme elle, et de l’Église qui réfléchit la lumière du divin Soleil ; et les étoiles qui, par leur nombre et leur éclat, rappellent l’armée brillante et innombrable des élus. Glorifions le Fils de Dieu, auteur de tant de merveilles de la nature et de la grâce ; et pleins de reconnaissance envers celui qui a daigné faire luire pour nous, au milieu de nos ténèbres, tous ces admirables flambeaux, offrons-lui la prière que lui consacrait en ce jour l’Église gothique d’Espagne.

Voici que nous célébrons, Seigneur, à la lueur des flambeaux, l’office du soir de ce quatrième jour, dans lequel, établissant au firmament du ciel ses flambeaux lumineux, vous avez daigné nous donner la figure des quatre Évangélistes, dont l’accord est une lumière pour nos cœurs, et qui s’encadrent si parfaitement dans la solidité de la loi ancienne. Ils s’unissent pour annoncer aux quatre parties du monde que vous avez souffert pour nous la mort, et que vous êtes ressuscité du tombeau. Daignez donc, nous vous en supplions, nous éclairer tellement par la grâce de votre résurrection, dans l’obscurité de cette vie, que, nous qui devons ressusciter aussi, nous méritions d’arriver à la couronne.

Antiennes

Ã. Míttite in déxteram navígii rete, et inveniétis, allelúia.

Ã. Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez, alleluia​.

Antienne grégorienne “Mittite”

Ã. Dixit Iesus discípulis suis : Afférte de píscibus, quos prendidístis nunc. Ascéndens autem Simon Petrus, et traxit rete in terram plenum magnis píscibus, allelúia.

Ã. Jésus dit à ses disciples : Apportez quelques-uns des poissons que vous avez pris à l’instant. Montant dans la barque Simon Pierre tira à terre le filet plein de gros poissons, alleluia​.

Antienne grégorienne “Dixit Iesus”

Merci de nous aider en faisant un don.

Mardi de Pâques

Mardi de Pâques

Mardi de Pâques

Le mot de Saint Ambroise

Le Christ a préféré porter au ciel les blessures reçues pour nous, et n’a pas voulu en supprimer les traces, afin de montrer à Dieu son Père le prix de notre liberté.

Paul et Barnabé dans la synagogue d’Antioche (Act 13, 16-41) : commentaire de Dom Delatte

Saint Paul et saint Barnabé entrèrent dans la synagogue d’Antioche, le jour du sabbat, et prirent place. Le judaïsme était une grande et large fraternité : grâce aux synagogues, lieux de réunion et de prière commune, mais non de sacrifice, un Juif était partout chez lui. Peut-être Paul et Barnabé étaient-ils connus déjà. Peut-être avaient-ils avisé de leur venue ; toujours est-il que le premier accueil fut courtois et affectueux. Et après la lecture accoutumée de la Loi et des Prophètes, qui fournissait le texte de l’homélie ou exhortation (Lc 4, 17-22), les chefs de la synagogue invitèrent gracieusement Paul et Barnabé, qui sans prétention s’étaient rangés parmi les simples fidèles, à prendre la parole pour l’édification de la communauté. On a pu supposer que les divisions de l’Écriture lues ce jour-là étaient le premier chapitre du Deutéronome, qui ménageait à l’Apôtre l’occasion de résumer, comme l’avait fait saint Etienne, l’histoire religieuse des Juifs, ce qui leur était toujours sensible. Le passage des Prophètes aurait été le chapitre I d’Isaïe et amenait le thème de la rémission des péchés. Quoi qu’il en soit, l’Apôtre ne se fit pas prier pour prendre la parole ; toute chaire lui était bonne pour parler de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il se leva, demanda de la main le silence et commença, s’adressant tout à la fois et aux Juifs de nation et aux prosélytes. Le discours, plus spécialement encore que les événements de ce voyage, n’a pu être établi que sur les indications de l’Apôtre lui-même : saint Luc n’est ici que narrateur.

Prédilection de Dieu envers son peuple qui s’achève dans le salut offert en la personne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le fils de David (Act 13, 16-25).

Les Juifs, par leur naissance, les prosélytes en vertu de leur adoption, étaient les fils des Patriarches ; c’était leur histoire commune que rappelait saint Paul en parlant du séjour des Hébreux en Égypte, de leur libération miraculeuse, des quarante années de pèlerinage dans le désert, des peuples chananéens éliminés d’une terre promise par Dieu à la race élue, à la famille d’Abraham. Saint Paul assigne quatre siècles et demi au régime des Juges, depuis l’occupation de la terre de Chanaan jusqu’à l’avènement de la royauté. Les chiffres sont arrondis à dessein, les formules approximatives, et la leçon douteuse.

Le discours ne donne qu’une mention rapide au premier des rois d’Israël, Saül, (de même nom et de même tribu que le prédicateur lui-même), pour arriver, au plus tôt, au roi prédestiné, au roi selon le cœur de Dieu, et en lui et par lui, à Celui de ses fils dont il n’était lui-même que la glorieuse figure, Jésus, celui qui sauve. Les voies lui ont été ouvertes auprès de Jérusalem par Jean le Précurseur, que plusieurs regardèrent comme le Messie ; mais Jean-Baptiste les détrompait : « Non, leur disait-il, ce n’est pas moi ; mais voici qu’il vient après moi, ajoutait-il, d’une grandeur telle que je ne suis pas digne de lui dénouer la chaussure. »

Les Juifs de Jérusalem ont écarté le salut qui leur était offert, ils ont mis à mort le libérateur lui-même, mais Dieu l’a retiré du tombeau (Act 13, 26-37).

Eh bien ! disait l’Apôtre, c’est à vous tous, Juifs et prosélytes, que ce salut par le Seigneur Jésus est offert aujourd’hui. Les gens de Jérusalem et leurs chefs l’ont méconnu, l’ont jugé ; ils ont accompli, à leur insu, les prophéties qu’ils lisaient à chaque jour de sabbat ; et n’ayant pu trouver en lui aucun crime, ils ont obtenu de Pilate qu’il fût mis à mort. Descendu de la croix, il fut mis au tombeau. Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, et il s’est montré durant quarante jours à nombre de témoins qui l’avaient accompagné de la Galilée à Jérusalem. Et nous-mêmes, Barnabé et moi, nous venons vous apporter la bonne nouvelle. Le peuple juif tout entier a attendu le Messie : il n’a plus désormais à attendre. Cette grande promesse que Dieu a faite à nos pères, il l’a réalisée pour nous, leurs enfants, en relevant Jésus d’entre les morts. Cela était écrit au deuxième Psaume : « Vous êtes mon Fils, c’est aujourd’hui que je vous ai donné la vie » : car c’est à dater de la résurrection que commence, pour le Verbe de Dieu incarné, sa vie d’Adam nouveau et de chef de toute l’humanité ; c’est une vie nouvelle qu’il est allé chercher au tombeau, une vie sans fin, selon la promesse faite à David par le Dieu qui ne trompe pas. Il est dit encore dans un autre Psaume : « Vous ne permettrez pas que votre Saint subisse la corruption du tombeau. » (Ps 15, 10). Or, dit l’Apôtre saint Paul, et nous retrouvons sur ses lèvres l’exégèse donnée par saint Pierre lui-même (Act 2, 24-32), David, après avoir au cours de sa vie obéi à la volonté de Dieu, s’est endormi ; il a rejoint ses pères et a subi le sort de toute chair. Il n’en va pas de même de celui dont il était la figure, que Dieu a réveillé d’entre les morts, et qui n’a point connu la corruption du tombeau.

C’est en Notre-Seigneur Jésus-Christ ressuscité que nous obtenons la justice et le salut (Act 13, 38-41).

La dernière partie du discours de saint Paul contient l’exhortation et la conclusion pratique. On dirait une mise en demeure, et déjà, comme en germe, toute la doctrine de saint Paul. Sachez-le donc, mes frères, la loi de Moïse a été impuissante à nous justifier : nos fautes ne sont effacées qu’en Notre-Seigneur Jésus. Il n’y a pour nous de justice et de salut qu’à la condition de croire en lui et de lui appartenir. Gardons-nous d’encourir par nos résistances la menace du prophète : « Prenez garde, est-il dit à ceux qui méprisent la parole de Dieu, prenez garde aux surprises et aux terreurs du lendemain ; car je vais, sous vos yeux, accomplir une œuvre telle que vous ne pourriez la croire, si elle vous était seulement racontée. » C’est au prophète Habacuc (Hab 2, 4) que l’Apôtre emprunte à la fois et la formule qu’il développera plus tard dans ses épîtres aux Galates, aux Romains, aux Hébreux : « Le juste vit de la Foi » ; et la menace suspendue sur la tête de ceux qui méprisent (Hab 1, 4 et Hab 2, 5 d’après les Septante). Dans la prophétie, le péril dénoncé est l’invasion des Chaldéens ; ici, c’est un châtiment de Dieu dont tous les fléaux antérieurs ne sont qu’une pâle figure : le châtiment qui ne finit pas, la captivité éternelle.

Prières

Oratio

Deus, qui Ecclésiam tuam novo semper fœtu multíplicas : concéde fámulis tuis ; ut sacraméntum vivéndo téneant, quod fide percepérunt. Per Dóminum.

Oraison

Ô Dieu, qui agrandissez sans cesse votre Église par une nouvelle génération : accordez à vos serviteurs de garder dans leur vie le sacrement qu’il ont reçu par la foi.

Exhortation de Saint Ephrem le Syrien (306-373)

Jésus, Notre-Seigneur, le Christ, nous est apparu du sein de son Père. Il est venu et nous a tirés des ténèbres et nous a illuminés de sa joyeuse lumière. Le jour s’est levé pour les hommes ; la puissance des ténèbres est chassée. De sa lumière s’est levée pour nous une lumière qui a éclairé nos yeux obscurcis. Il a fait lever sa gloire sur le monde et a éclairé les plus profonds abîmes. La mort est anéantie, les ténèbres ont pris fin, les portes de l’enfer sont en pièces. Il a illuminé toutes les créatures, ténèbres depuis les temps anciens. Il a réalisé le salut et nous a donné la vie ; ensuite il viendra dans la gloire et il éclairera les yeux de tous ceux qui l’auront attendu. Notre Roi vient dans sa grande gloire : allumons nos lampes, sortons à sa rencontre (Mt 25,6) ; réjouissons-nous en lui comme il s’est réjoui en nous et nous réjouit par sa glorieuse lumière. Mes frères, levez-vous, préparez-vous pour rendre grâce à notre Roi et Sauveur qui viendra dans sa gloire et nous réjouira de sa joyeuse lumière dans le Royaume. Ainsi soit-il.

Antiennes

Ã. Stetit Iesus in médio discipulórum suórum, et dixit eis : Pax vobis, allelúia, allelúia.

Ã. Jésus se tint au milieu de ses disciples et leur dit : Paix à vous, alleluia, alleluia​.

Antienne grégorienne “Stetit Iesus”

Ã. Vidéte manus meas et pedes meos, quia ego ipse sum, allelúia, allelúia.

Ã. Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi, alleluia, alleluia​.

Antienne grégorienne “Videte manus”

Merci de nous aider en faisant un don.

Lundi de Pâques

Lundi de Pâques

Lundi de Pâques

Le mot de Dom Guéranger

Les splendeurs de la Résurrection de notre Maître nous montrent assez vivement quel est le but de la tribulation, lorsque Dieu nous l’envoie.

Les disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35) : commentaire de Dom Paul Delatte

En ce même jour de la Résurrection, l’après-midi, deux des disciples, auxquels les saintes femmes avaient raconté leur visite au tombeau, cheminaient vers le bourg d’Emmaüs, éloigné de soixante stades, environ deux lieues, de Jérusalem. Ils devisaient de tous les événements qui venaient de se passer, s’efforçant de les comprendre. Le Seigneur était dans leur pensée, dans leur souci, dans leurs paroles ; et voici que sous la forme d’un pèlerin venant de Jérusalem, il se rendit présent, se joignit à eux et prit leur pas. « Mais leurs yeux étaient retenus, ils n’étaient pas en état de le reconnaître. »

Nous devons nous souvenir que, chez un ressuscité, affranchi désormais de la mortalité, il y a maîtrise absolue de l’âme béatifiée sur le corps. Les facultés que décrivent les théologiens (agilité, clarté, impassibilité, subtilité) ne sont que le témoignage réel, la traduction de cet état du corps spiritualisé. Même en dehors de ce privilège, on conçoit, surtout dans l’état d’anxiété des deux disciples, qu’une légère modification dans les traits, dans la voix, dans le regard, dans le vêtement du Seigneur, ait suffi pour les empêcher de le reconnaître ; saint Marc, au cours d’une mention rapide donnée aux voyageurs d’Emmaüs, dit que Jésus leur apparut « sous une forme différente » (26, 12). On entrevoit aussi le motif de cette disposition divine : le Seigneur voulait être avec ces disciples, extérieurement, de la même manière qu’il était dans leur esprit. Ce qui « retenait leurs yeux » et obscurcissait leur regard, c’était l’imperfection, la défaillance intérieure de leur foi. Le Seigneur ressuscité était, pour eux, l’inattendu. Dirons-nous qu’il y avait mensonge à se voiler ainsi? Pour qu’il y eût mensonge, il faudrait que le Seigneur fût tenu ou se soit engagé à se montrer toujours dans toute la splendeur de sa gloire. Les deux disciples y avaient-ils droit?

Il semble qu’à l’arrivée du Seigneur la conversation se soit interrompue. Ce fut Jésus qui rompit le silence : « De quoi parliez-vous donc tous les deux en marchant? » Et ils s’arrêtèrent, attristés. C’était la question même du Seigneur qui les peinait (nous suivons ici le texte original) : elle renouvelait leurs perplexités et leurs souvenirs. Il fallait bien, pourtant, répondre à cette sympathie. L’un des voyageurs, celui dont l’évangile a retenu le nom, Cléophas, s’enhardit : «Vous êtes le seul, dit-il, des pèlerins arrivés à Jérusalem, qui ignoriez ce qui s’est passé ces jours derniers ! » L’affaire avait fait assez de bruit ; et, pour les disciples, elle seule présentait de l’intérêt. « Quoi donc? » demanda le Seigneur. Et ils répondirent, prenant peut-être tour à tour la parole : « Il s’agit de Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres et en paroles, devant Dieu et devant tout le peuple ; les princes des prêtres et nos gouvernants l’ont livré, pour être condamné à mort, et l’ont crucifié. Pour nous, nous espérions qu’il était celui qui doit racheter Israël… Mais encore, avec tout cela, aujourd’hui est le troisième jour depuis que ces événements ont eu lieu. Il est vrai, quelques-unes des femmes qui sont avec nous nous ont rapporté des choses bien étonnantes : parties de grand matin pour le sépulcre, elles n’y ont point trouvé son corps, et sont venues nous le dire, ajoutant que des anges leur ont apparu et déclaré qu’il est vivant. Puis quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau, et ont trouvé les choses dans l’état décrit par les femmes ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

À l’information des deux pèlerins il ne manquait vraiment rien; tous leurs renseignements étaient exacts et complets. Cette idée même du « troisième jour » aurait pu leur rappeler la grande promesse et les mettre sur la voie de l’espérance; au lieu de cela, une conclusion découragée : Nous espérions, disent-ils. Et l’étranger prit la parole à son tour, avec un accent d’autorité, mais sans se dévoiler encore : « Ô hommes dont l’intelligence et le cœur sont lents à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît et qu’il entrât ainsi dans sa gloire? » La parole du Seigneur appuie d’une façon emphatique sur l’in omnibus : il faut croire à tout ce que contiennent les Livres saints. Il y est question non seulement des gloires du Messie, mais encore de ses souffrances (1Pt 1, 10-11). Pourquoi donc écarter celles-ci comme un scandale? L’Écriture, lue avec soin, ne marque-t-elle pas la liaison qui existe entre ces deux parties de la vie du Christ? Le Seigneur s’étonne, dans la forme très vive de son interrogation, que des Juifs éclairés, des disciples de Jésus, n’aient pas reconnu une doctrine si évidente. Puis vient la démonstration, où il se plaît à recueillir, dans les livres de Moïse d’abord, puis dans les prophètes, en un mot dans toutes les Écritures, les témoignages qui se rapportaient au Messie.

On arriva près d’Emmaüs. Les deux disciples se préparaient à entrer, mais l’étranger feignit, lui, de vouloir aller plus loin. Alors ils le retinrent affectueusement : « Demeurez avec nous, car le soir vient et la journée est bien avancée déjà. » On était dans la seconde partie du jour: après avoir reconnu le Seigneur, les disciples ont eu tout le loisir de retourner à Jérusalem. Il entra, consentit à rester avec eux et à partager leur repas. On lui déféra la présidence comme à un docteur en Israël. Il prit le pain, le bénit, le rompit et le leur distribua. Alors, leurs yeux s’ouvrirent et le reconnurent. Est-ce la reproduction de la Cène eucharistique? Plusieurs commentateurs le pensent, mais sans preuve suffisante. Ici, en effet, il n’est question que de l’espèce du pain ; de plus, la fraction semble avoir eu lieu au début du repas et non à la fin, comme au Cénacle. Enfin, les deux disciples n’avaient probablement pas assisté à l’institution de l’Eucharistie. Comment la répétition d’une cérémonie dont ils n’avaient pas été les témoins aurait-elle pu les aider à reconnaître le Seigneur? Peut-être furent-ils frappés par un geste, une attitude familière à leur Maître ; peut-être se souvinrent-ils de la multiplication des pains (Lc 9, 16). L’évangile marque simplement d’ailleurs, que le Seigneur se manifesta au cours de la fraction du pain : après avoir ouvert les yeux de leur intelligence, il était naturel qu’il en fît autant pour les yeux du corps. Mais aussitôt après il disparut. Et ils se disaient l’un à l’autre : « N’est-il pas vrai que notre cœur était brûlant au dedans de nous, tandis qu’il nous parlait en chemin, et qu’il nous expliquait les Écritures ! »

Prières

Oratio

Deus, qui sollemnitáte pascháli, mundo remédia contulísti : pópulum tuum, quæsumus, cælésti dono proséquere ; ut et perféctam libertátem cónsequi mereátur, et ad vitam profíciat sempitérnam. Per Dóminum.

Oraison

Ô Dieu, qui avez apporté au monde dans la solennité pascale la guérison : nous vous en supplions, continuez de répandre votre don céleste sur votre peuple ; qu’il soit digne de jouir de la liberté parfaite et qu’il s’avance vers la vie éternelle.

Prière de Saint Bernard (1090-1153)

Demeurez avec nous, Seigneur, car le jour baisse, et il se fait tard. Ô vous, la paix, le refuge et la consolation des cœurs troublés, demeurez avec nous, de peur que notre charité ne se refroidisse, et que notre lumière ne s’éteigne dans la nuit : car le jour baisse, et il se fait déjà tard ! Déjà se fait le soir de ma vie ; déjà mon corps cède à la violence des douleurs; la mort m’environne, ma conscience se trouble ; je frémis à la pensée de votre jugement ; Seigneur, Seigneur, il se fait tard, le jour baisse : demeurez avec nous. Je remets mon esprit entre vos mains ; en vous seul est mon salut, vers vous seul s’élèvent mes regards. Demeurez avec nous, et qu’à ma dernière heure, mon âme étant affranchie, par la ferveur, du joug des tribulations et du péché, la prière et l’amour lui préparent une douce hospitalité dans le sein de Dieu. Ainsi soit-il.

Antienne

Ã. Iesus iunxit se discípulis suis in via, et ibat cum illis : óculi autem eórum tenebántur, ne eum agnóscerent : et increpábat eos, dicens : O stulti et tardi corde ad credéndum in his, quæ locúti sunt Prophétæ, allelúia.

Ã. Jésus se joignit à ses disciples sur le chemin, et il marchait avec eux : mais leurs yeux étaient retenus de peur qu’ils ne le reconnussent : Et il les reprenait, disant : Ô hommes dont l’intelligence et le cœur sont lents à croire tout ce qu’ont dit les Prophètes, alleluia​.

Antienne grégorienne “Iesus iunxit se”

Merci de nous aider en faisant un don.