Mystique de Noël d’après saint Bernard

Mystique de Noël d’après saint Bernard

Mystique de Noël d’après saint Bernard

Si la fête de Noël est l’occasion de réjouissances bien légitimes pour nous, chrétiens, il faut cependant veiller à respecter l’ordre, de sorte que la réjouissance du corps n’étouffe pas celle de l’âme, et que la nourriture spirituelle ne soit pas entamée par la charnelle :

« Pour certains, la mémoire de cette faveur se tourne en prétextes pour la chair (Gal 5, 13), et tu peux les voir déployer en ces jours-là une grande agitation pour préparer des vêtements fastueux, des aliments délicats, comme si c’était cela, ou des réalités de ce genre, que le Christ recherchait par sa naissance » (Adv. III, 1).

Il nous faut donc considérer ces mystères de la nativité du Seigneur (enfant-Dieu, naissant d’une vierge, etc) qui sont comme

« les récipients d’or et d’argent (cf. Ex 3, 22) dans lesquels, en ces jours de si grande fête, on sert à manger, à la table du Seigneur, même à tous les indigents (1 Cor 10, 21). Ces récipients, nous n’avons pas à les emporter : les plats et les coupes d’or ne nous sont pas donnés, mais bien la nourriture et la boisson qu’ils contiennent » (Nat. III, 1).

Ces vases d’or qui représentent la dimension divine de l’événement, nous les contemplerons, puis nous prendrons la nourriture qu’ils contiennent, vertus du Sauveur à imiter.

Importance du Mystère de l’Incarnation

Pour saisir l’importance de la Nativité, nous devons revenir au principe de notre histoire. Ainsi, dans son deuxième sermon saint Bernard commence par expliquer l’admirable création de l’homme, glaise dans laquelle Dieu a insufflé une âme, source de la dignité de l’homme par rapport aux autres créatures corporelles :

« Comment ne pas se rendre compte, frères, de tout ce que l’âme apporte au corps? Sans âme, la chair ne serait-elle pas une souche insensible? C’est de l’âme, en effet, que surgit la beauté, de l’âme que vient la croissance, de l’âme que dépendent la clarté du regard et la sonorité de la voix » (Nat. II, 2).

Mais ce n’est pas tout, Dieu avait élevé l’homme à l’état surnaturel, le créant “à son image et à sa ressemblance”, la justice originelle d’Adam était comme un sceau de Dieu en lui :

« Oui, Dieu a fait l’homme droit, et l’homme en cela était à la ressemblance de Celui dont il est écrit : “Droit est le Seigneur notre Dieu: en lui, point d’iniquité” (Ps 91, 16). De même Dieu a fait l’homme véridique et juste, selon qu’il est Lui-même vérité et justice » (Nat. II, 3).

En convoitant la sagesse, connaissance du bien et du mal, Adam et Ève (après Lucifer) voulurent s’attribuer ce qui était le propre de Dieu le Fils; et, par cet orgueil, se condamnèrent eux-même, perdant ce qui leur venait de Dieu en voulant devenir comme des dieux.

Dieu allait-Il perdre irrémédiablement sa créature dans sa justice ? Non, l’homme, contrairement au diable, et en raison même de sa nature à la fois spirituelle et corporelle, pouvait être racheté, et c’est ce que Dieu a voulu :

«Faire miséricorde Lui est propre. Car c’est en Lui-même qu’Il puise la réalité même et la semence, en quelque sorte, du pardon. Pour ce qui est de juger et de condamner, c’est nous qui L’y contraignons, d’une certaine manière» (Nat. V, 3).

Et puisque c’était les prérogatives du Fils de Dieu qui étaient visées, c’est par Lui que l’homme serait comme recréé plus admirablement encore qu’il n’avait été créé :

«Tous Me portent envie – semblait-Il dire – : Je vais donc venir et Me comporter de telle manière que, pour quiconque aura voulu M’envier et désiré M’imiter, cette rivalité tourne à son bien» (Adv. I, 4).

Nous voyons donc dans la Nativité du Verbe fait chair l’accomplissement parmi nous de cette miséricorde après laquelle le monde pécheur soupirait :

«Que paraisse, Seigneur, ta bonté, à laquelle l’homme, créé à ton image (Gn 1, 27), puisse se conformer. Car, pour ce qui est de la majesté, de la puissance et de la sagesse, il nous est impossible de les imiter, et il serait inconvenant pour nous de les convoiter» (Nat.I, 2).

Grâces du Mystère de l’Incarnation

Voici le mystère à contempler en cette fête de Noël, mystère de l’infinie miséricorde de Dieu à notre égard : Dieu vient à nous pour nous sauver non pour nous juger, qu’avons nous à craindre ?

«Oui, Il s’est fait petit enfant; la Vierge, sa mère, enveloppe de langes ses membres délicats (Lc 2, 7) : et toi, tu tremblerais encore d’effroi (cf Ps 13, 5) ? A ce signe du moins tu sauras qu’Il est venu non pour te perdre mais pour te sauver (Lc 9, 56), pour te délivrer non pour t’enchaîner. Déjà Il part en guerre contre tes ennemis, déjà Il piétine la nuque des orgueilleux et des superbes (Dt 33, 29), Lui qui est puissance et sagesse de Dieu (1 Cor 1, 24)» (Nat. I, 4).

Il vient pour mettre à mort la double mort qui nous affecte : celle de l’âme, le péché, et celle du corps.

«Et déjà, en vérité, dans sa propre personne Il a vaincu le péché quand Il a assumé la nature humaine sans la moindre contamination. Grande, effectivement, a été la violence infligée ainsi au péché, et on peut être certain que celui-ci a été réellement chassé lorsque notre nature, qu’il se glorifiait d’avoir totalement investie et occupée, s’est trouvée dans le Christ absolument dégagée de sa possession» (Nat. I, 4).

Et durant toute sa vie ici-bas le Sauveur poursuivra le péché par son enseignement et son exemple, de sorte qu’Il deviendra pour nous comme les quatre sources qui arrosaient le Paradis terrestre (Gn 2, 10 ss.) :

«De la source de la miséricorde, nous recevons, pour laver nos fautes, les eaux de la rémission des péchés. De la source de la sagesse, nous recevons, pour étancher notre soif, les eaux du discernement. De la source de la grâce, pour arroser les plantes de nos bonnes œuvres, nous recevons les eaux de l’empressement spirituel. Cherchons alors, pour cuire nos aliments, des eaux brûlantes : les eaux de l’émulation. Ce sont elles qui préparent et chauffent à point l’élan de nos désirs : elles sortent en bouillonnant de la source de la charité» (Nat. I, 6).

Mais, c’est par sa passion que le Christ enchaînera cette mort de l’âme. Nous voyons déjà se dessiner sur la crèche l’ombre de la Croix :

«Oui, le Christ pleure, mais autrement que les autres enfants, ou au moins pour une autre raison.(…) Ceux-là pleurent en raison du joug pesant qui accable tous les fils d’Adam (Si 40, 1), Lui à cause des péchés des fils d’Adam. Et si maintenant, pour eux, Il répand ses larmes, pour eux aussi, plus tard, Il répandra son sang» (Nat. III, 3).

Quant à la mort du corps, le Christ la vaincra d’abord en Lui-même par sa résurrection puis en nous quand Il ressuscitera nos corps mortels (Rom 8, 11; cf. Nat. I, 4).

Les exemples du Seigneur dans sa Nativité

Si Notre Seigneur est la cause de notre salut, Il en est aussi le modèle, l’exemplaire auquel nous devons nous conformer. De là, après avoir contemplé la beauté de ce mystère de Noël, mystère de miséricorde, laissons-nous exhorter à la vertu par l’Enfant-Dieu et toutes les circonstances dont Il a voulu que sa naissance fut entourée. Saint Bernard dit ailleurs :

«C’est donc par Dieu, sans aucun doute, que le commencement de notre salut s’opère, ce n’est en tout cas ni par nous ni avec nous. Mais le consentement et l’œuvre du salut, même s’ils ne viennent pas de nous, ne se font cependant plus sans nous» (De gratia et libero arbitrio, XIV, 46).

Le fait lui-même de l’incarnation du Verbe qui se manifeste au monde dans la nativité constitue le premier et le plus profond enseignement, celui de l’humilité, fondement de toutes les vertus :

«Efforcez-vous à l’humilité, car elle est le fondement et la gardienne de toutes les vertus; suivez-la à la trace, car elle seule peut sauver vos âmes (cf. Lc 1, 21). Quoi de plus inconvenant, en effet, quoi de plus abominable, et de plus gravement punissable, pour un homme, que de voir le Dieu du Ciel se faire petit enfant, et de continuer soi-même à se grandir au dessus de la terre ? Quelle insupportable impudence, alors que la Majesté s’est anéantie Elle-même, si le vermisseau s’enfle et se gonfle d’importance » (Nat. I, 1).

En second lieu, nous pouvons considérer le temps auquel le Christ a voulu naître. Pourquoi choisir l’hiver comme saison de sa naissance ? L’été n’aurait-il pas mieux convenu au Soleil de justice ? Non, la gloire devait être au terme de son pèlerinage terrestre et non au commencement, sa vie devant être l’exemplaire de notre vie spirituelle :

«Voilà pourquoi, en vue de sa naissance, le Fils de Dieu, doté du pouvoir d’en déterminer le moment, a choisi le plus pénible, surtout pour un nourrisson et, un nourrisson dont la mère, toute pauvre, dispose tout juste de quelques chiffons pour le langer et d’une crèche pour le coucher (Lc 2, 7)» (Nat. III, 1).

Il nous faut donc, pour suivre le Christ, commencer par la pénitence, naître en hiver. De plus c’est de nuit qu’Il voulut naître, comme pour se cacher; Il nous enseigne par là la modestie et l’esprit de silence :

«Où sont donc ceux qui, avec tant d’impudence, n’ont qu’un désir : celui de se faire voir ? (…) Si le Christ garde le silence, c’est qu’Il ne veut ni se hausser, ni se magnifier, ni se faire connaître : voici alors qu’un ange L’annonce et que la multitude de l’armée céleste Le loue (Lc 2, 13). Par conséquent, toi qui veux suivre le Christ, cache le trésor que tu as trouvé (Mt13, 44). Aime à passer inaperçu; que la bouche d’un autre s’occupe de ton renom, que la tienne garde le silence (Prv 27, 2)» (Nat. III, 2).

Enfin, approchons-nous encore et voyons le lieu dans lequel Notre Seigneur a voulu naître :

«Pourquoi donc choisi-t’Il une étable ? -pour désapprouver, bien sûr, la gloire du monde, pour condamner la vanité de ce siècle » (Nat. III, 2).

Si nous pénétrons plus avant dans cette étable, nous voyons l’Enfant-Dieu entouré de Marie et de Joseph (Lc 2, 12) qui représentent deux vertus à pratiquer :

«De même que la petite enfance du Sauveur manifeste l’humilité, de même la continence est mise en valeur par la Vierge, et la justice par Joseph, que l’Évangile, non sans raison, qualifie d’homme juste (Mt 1, 19) en faisant son éloge (cf. 2 Cor 8, 18)» (Nat. IV, 2).

Nous y voyons encore les bergers invités par les anges eux-mêmes, bergers qui représentent l’esprit de pauvreté, le labeur à la sanctification et la vigilance sur nos actes :

«C’est en effet aux bergers qui veillaient et gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit qu’est proclamée la joie de la lumière nouvelle; c’est à eux que la naissance du Sauveur est annoncée (Lc 2, 12)» (Nat. V, 5).

Ainsi donc, en ces saints jours de Noël, aimons à nous pencher sur la crèche par la méditation quotidienne de ce mystère de la miséricorde divine qui a employé un moyen si admirable pour opérer notre salut. Pourrons-nous jamais considérer toute la portée de ces paroles du prologue de l’évangile de saint Jean : «Et le Verbe était Dieu… Et le Verbe s’est fait chair, et Il a habité parmi nous… Et nous avons tous reçu de sa plénitude et grâce pour grâce.» ? Qu’il nous soit permis, pour finir, de citer une dernière fois le saint abbé de Clairvaux à la parole si douce et si forte :

«Oui, vraiment, frères, le Verbe s’est fait chair et Il a demeuré parmi nous (Io 1, 14). Alors qu’Il demeurait au commencement près de Dieu (Io 1, 2), Il habitait la lumière inaccessible et personne ne pouvait Le saisir (1 Tim 6, 16). Qui, en effet, a connu la pensée du Seigneur, ou qui fut son conseiller (Rom 11, 34) ? L’homme charnel ne percevra jamais ce qui relève de l’Esprit de Dieu (1 Cor 2, 14); mais, désormais, que l’homme même charnel le saisisse, car le Verbe s’est fait chair. Si l’homme ne sait rien entendre, sauf ce qui est chair, et bien, voici que le Verbe s’est fait chair : que l’homme au moins l’écoute dans la chair. Ô homme, dans la chair, la Sagesse se montre à toi. Autrefois cachée, voici que désormais elle pénètre les sens mêmes de ta chair. C’est charnellement, pour ainsi dire, qu’il t’est proclamé : “fuis la jouissance, car la mort est placée au seuil du plaisir (Regula Sancti Benedicti, VII, 24); fais pénitence, car c’est par cette dernière que le Royaume approche (cf. Mt 3, 2)”» (Nat. III, 3).

«Oui, à moi toutes ces réalités : c’est pour moi qu’elles sont survenues, c’est à moi qu’elles sont offertes, à moi qu’elles sont proposées comme un modèle à imiter » (Nat. III, 1).

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Les Antiennes « O »

Les Antiennes « O »

Les Antiennes « O »

Article du Dr Ch. Coubard sur les Grandes Antiennes

Il y a, au cours de la sévère période de l’Avent, rompant quelque peu l’apparente monotonie de ces quatre semaines violettes, quelques étapes, éclairées, pour ainsi dire, de lueurs plus vives, annonçant déjà la grande lumière de Noël.

Ainsi du 3ème Dimanche : Gaudete — le Dimanche rose — et des trois Féries des Quatre-Temps d’hiver. Ainsi, et surtout peut-être, du septenaire précédant immédiatement la Vigile de Noël, du 17 au 23 décembre, où l’on retrouve, chaque année avec une joie nouvelle, les Grandes Antiennes, qu’on appelle aussi les « Ô » de l’Avent, parce qu’elles commencent toujours par la lettre exclamative : « Ô ».

À l’office des Vêpres de chacune de ces Féries majeures, l’antienne de Magnificat revêt une solennité particulière qui lui a valu ce qualificatif de « grande ». On la chante en entier, avant et après le Magnificat, comme aux Fêtes doubles. Dans certaines églises et, aujourd’hui encore, dans les monastères de l’Ordre bénédictin, elles sont accompagnées d’une pompe toute particulière. La première est entonnée solennellement au trône par l’Abbé revêtu de ses ornements pontificaux, cependant que l’on sonne la grosse cloche… C’est déjà la grande joie de Noël, désormais toute proche.
Ces Antiennes, d’une grande richesse de doctrine, renferment, suivant l’expression de Dom Guéranger, « toute la moëlle de la liturgie de l’Avent ». Elles résument en quelque sorte, les implorations ardentes des Patriarches et des Prophètes, les aspirations vers le Messie de tous les peuples et de tous les siècles.

Chantées sur une mélodie à la fois majestueuse et grave, reflétant l’admiration et la véhémence du désir, elles ont leur place aux Vêpres, à l’Office du soir, pour rappeler que c’est sur le soir du monde, « Vergente mundi vespere », que daigna s’incarner le Verbe de Dieu et elles encadrent le magnifique cantique du Magnificat, pour indiquer que la Rédemption nous est venue par Notre-Dame.

Les Grandes Antiennes sont, avons-nous dit, au nombre de sept. Ce chiffre ne fut pas toujours immuable. C’est ainsi qu’au Moyen Âge, certaines Églises en ajoutèrent plusieurs autres : à la Sainte Vierge, à l’ange Gabriel, à Saint Thomas, dont la fête arrive le 21 décembre, et même à Jérusalem. Mais on ne conserva que les sept principales apostrophes adressées. directement au Verbe incarné. Elles peuvent être considérées comme les prières de l’Avent par excellence et comptent parmi les plus belles pièces liturgiques de l’Église.

Chacune salue le Christ d’un titre chaque jour différent et comporte l’adjuration solennelle « Veni », Venez ne tardez plus. Nous ne saurions mieux faire que de reproduire ici ces sept admirables Oraisons dans l’ordre où elles se succèdent :

Le 17 Décembre : O Sapientia. « Ô Sagesse, qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut, qui atteignez d’une extrémité du monde à l’autre et disposez toutes choses avec force et suavité, venez nous enseigner les voies de la prudence ! »
Le 18 Décembre : O Adonaï, « Ô Adonaï, chef de la Maison d’Israël, qui, dans la flamme du buisson ardent, êtes apparu à Moïse et lui avez donné la Loi sur le Sinaï, venez nous racheter dans la force de votre bras ! »
Le 19 Décembre : O Radix Jesse, « Ô Rejeton de Jesse, qui êtes dressé comme un étendard à la face des peuples, devant qui les rois se tiendront dans le silence et que les nations invoqueront, venez nous délivrer ; ne tardez plus ! »
Le 20 Décembre : O Clavis David, « Ô Clef de David et sceptre de la Maison d’Israël, vous qui ouvrez et nul ne peut fermer, qui fermez et nul ne peut ouvrir, venez et tirez de prison le captif assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort ! »
Le 21 Décembre : O Oriens, « Ô Orient, splendeur de la lumière éternelle et Soleil de justice, venez et éclairez ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort ! »
Le 22 Décembre : O Rex Gentium, « Ô Roi des Nations et objet de leurs désirs, Pierre angulaire qui unissez en Vous les deux peuples, venez et sauvez l’homme que vous avez formé du limon de la terre ! »
Le 23 Décembre : O Emmanuel, « Ô Emmanuel, notre Roi et notre Législateur, l’attente des nations et leur Sauveur, venez et sauvez-nous, Seigneur notre Dieu ! »

Lorsqu’on étudie dans leur ensemble ces sept Antiennes et chacune d’elles en particulier, on peut constater tout d’abord qu’il y a, de l’une à l’autre, une progression dans la pensée et dans l’expression. Pour parvenir au lever du Soleil de justice, l’on traverse les phases successives de l’aube et de l’aurore… L’on y trouve de plus une incomparable richesse d’images. Chacun de ces chants est un magnifique tableau, un saisissant aperçu ouvert sur le lointain des âges et sur l’éternité.

Le premier vocable dont l’Église salue le Verbe incarné est son titre de Sapientia, la Sagesse incréée, éternellement engendrée avant tous les siècles et organisant avec force et douceur l’immensité des mondes. Ce « suaviter et fortiter » ne résument-il pas merveilleusement le grand poème de la Création ?

Les trois Antiennes suivantes sont sous le signe de l’Ancienne Alliance :
O Adonaï. Adonaï est le nom que les Juifs donnaient à Dieu. Ce chant rappelle les épisodes bibliques du Buisson ardent et de la Loi promulguée sur le Sinaï. Deux figures de la lumière de Noël.
O Radix Jesse. L’Antienne reprend l’image magnifique d’Isaïe : la Racine de Jesse avec sa Tige qui est Marie et sa Fleur, le Christ. Débordant le cadre de l’Ancienne Loi, ce Rejeton de Jesse est devenu un étendard dressé devant les rois et les peuples de tous les temps. Et cet étendard n’est autre que la Croix — « Vexilla Regis,prodeunt » — qui profile déjà sur l’aube de Noël son ombre sévère.
O Clavis David. Les Juifs, avec leur goût du symbolisme, désignaient souvent Dieu et son Saint Nom par un hexagone qu’ils appelaient la Clef de David. Cette clef qui, seule, donne un sens à toutes les figures et à tous les mystères de l’Ancien Testament, s’appelle aussi l’Etoile de David, emblème conservé par les Israélites jusqu’à nos jours. Et cette étoile (Étoile de Balaam, Etoile des Mages) est aussi un signe du Messie qui vient.

O Oriens. Voici encore une gracieuse et parlante image du Sauveur, image qui nous est donnée par les deux prophètes Zacharie. Orient, Soleil qui se lève, non plus seulement sur le peuple élu, mais sur le monde païen tout entier, assis jusqu’alors dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort.
O Rex Gentium. Nous avons ici comme une vue d’ensemble sur les siècles. La Bonne Nouvelle a été annoncée à toutes les nations et le Christ, Pierre angulaire, unit en un seul édifice — l’Eglise — Israël et la Gentilité.
O Emmanuel. « Dieu avec nous ». Avec ce vocable qui a la douceur du miel, la dernière des Grandes Antiennes nous ramène aux abords de la Crèche qui, dans deux jours, recevra « Celui que les cieux ne peuvent contenir ». Il ne nous reste plus qu’à y adorer, avec toutes les nations, « le Roi et le Législateur, l’attente des peuples, le Seigneur notre Dieu ».

Lettre de Bossuet à Madame Cornuau (16 décembre 1695)

Loin de trouver mauvais, ma Fille, que vous continuiez à m’écrire, je trouverais fort mauvais que vous ne le fissiez pas.

Je vous l’ai dit tant de fois, et je vous le dis une fois pour toutes, que je le trouve très bon, et qu’il n’y a rien que je trouve mauvais que de douter de moi après tant d’assurances données. Je ne puis vous voir avant les fêtes ; mais ce sera tôt après, s’il plaît à Dieu. Je vous donnerai tout le temps que je pourrai.

Continuez votre retraite, puisque Madame [l’Abbesse de Jouarre] l’approuve; et dites : Ô en silence, n’y ajoutant rien. Ô loue, ô désire, ô attend, ô gémit, ô admire, ô regrette, ô entre dans son néant, ô renaît avec le Sauveur, ô l’attire du ciel, ô s’unit à lui, ô s’étonne de son bonheur dans une chaste jouissance, ô est humble, ô est ardent. Qu’y a-t-il de moins qu’un ô ; mais qu’y a-t-il de plus grand que ce simple cri du cœur ? Toute l’éloquence du monde est dans cet ô; et je ne sais plus qu’en dire, tant je m’y perds.

Qu’on serait heureux d’être à la crèche de Jésus-Christ, quand ce ne serait que comme ces animaux puisque l’un connaît son maître, et l’autre la crèche de son Seigneur (Is 1, 3)! C’est alors qu’il faudrait dire avec David : J’ai été devant vous comme un animal. Vous pouvez aspirer à tout, même aux saintes dispositions de la sainte Vierge, même à celles de Jésus-Christ, qui est notre vrai modèle. Dieu distribue ses dons dans le degré et dans la manière qu’il veut. Je le prie, ma Fille, qu’il soit avec vous.

J. Bénigne, é. de Meaux.

O Sapientia (17 décembre)

O Sapientia, quae ex ore Altissimi prodisti,
attingens a fine usque ad finem fortiter,
suaviter disponensque omnia:
veni ad docendum nos viam prudentiae.

Ô Sagesse, qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut,
qui atteignez d’une extrémité du monde à l’autre avec force,
et qui, avec suavité, disposez toutes choses,
venez nous enseigner la voie de la prudence !

Prière de Dom Prosper Guéranger (1805-1875)

Ô Sagesse incréée qui bientôt allez vous rendre visible au monde, qu’il apparaît bien en ce moment que vous disposez toutes choses ! Voici que, par votre divine permission, vient d’émaner un Édit de l’empereur Auguste pour opérer le dénombrement de l’univers. Chacun des citoyens de l’Empire doit se faire enregistrer dans sa ville d’origine. Le prince croit dans son orgueil avoir ébranlé à son profit l’espèce humaine tout entière. Les hommes s’agitent par millions sur le globe, et traversent en tous sens l’immense monde romain ; ils pensent obéir à un homme, et c’est à Dieu qu’ils obéissent. Toute cette grande agitation n’a qu’un but : c’est d’amener à Bethléem un homme et une femme qui ont leur humble demeure dans Nazareth de Galilée ; afin que cette femme inconnue des hommes et chérie du ciel, étant arrivée au terme du neuvième mois depuis la conception de son fils, enfante à Bethléem ce fils dont le Prophète a dit : « Sa sortie est dès les jours de l’éternité ; ô Bethléem, tu n’es pas pas la moindre entre les mille cités de Jacob ; car il sortira aussi de toi. »

Ô Sagesse divine, que vous êtes forte, pour arriver ainsi à vos fins d’une manière invincible quoique cachée aux hommes ! Que vous êtes douce, pour ne faire néanmoins aucune violence à leur liberté ! Mais aussi, que vous êtes paternelle dans votre prévoyance pour nos besoins ! Vous choisissez Bethléem pour y naître, parce que Bethléem signifie la Maison du Pain. Vous nous montrez par là que vous voulez être notre Pain, notre nourriture, notre aliment de vie. Nourris d’un Dieu, nous ne mourrons plus désormais. Ô Sagesse du Père, Pain vivant descendu du ciel, venez bientôt en nous, afin que nous approchions de vous, et que nous soyons illuminés de votre éclat ; et donnez-nous cette prudence qui conduit au salut. Ainsi soit-il.

O Adonaï (18 décembre)

O Adonay, et Dux domus Israhel,
qui Moysi in igne flammae rubi apparuisti,
et ei in Sina legem dedisti:
veni ad redimendum nos in brachio extento.

Ô Adonaï, chef de la Maison d’Israël,
qui, dans la flamme du buisson ardent, êtes apparu à Moïse
et lui avez donné la Loi sur le Sinaï,
venez nous racheter dans la force de votre bras!

Prière de Dom Prosper Guéranger (1805-1875)

Ô Seigneur suprême ! Adonaï ! venez nous racheter, non plus dans votre puissance, mais dans votre humilité. Autrefois vous vous manifestâtes à Moïse, votre serviteur, au milieu d’une flamme divine ; vous donnâtes la Loi à votre peuple du sein des foudres et des éclairs : maintenant il ne s’agit plus d’effrayer, mais de sauver. C’est pourquoi votre très pure Mère Marie ayant connu, ainsi que son époux Joseph, l’Édit de l’Empereur qui va les obliger d’entreprendre le voyage de Bethléem, s’occupe des préparatifs de votre heureuse naissance. Elle apprête pour vous, divin Soleil, les humbles langes qui couvriront votre nudité, et vous garantiront de la froidure dans ce monde que vous avez fait, à l’heure où vous paraîtrez, au sein de la nuit et du silence. C’est ainsi que vous nous délivrerez de la servitude de notre orgueil, et que votre bras se fera sentir plus puissant, alors qu’il semblera plus faible et plus immobile aux yeux des hommes. Tout est prêt, ô Jésus, vos langes vous attendent : partez donc bientôt et venez en Bethléem, nous racheter des mains de notre ennemi. Ainsi soit-il.

O Radix Iesse (19 décembre)

O Radix Iesse, qui stas in signum populorum,
super quem continebunt reges os suum,
quem Gentes deprecabuntur:
veni ad liberandum nos, jam noli tardare.

Ô Rejeton de Jesse, qui êtes dressé comme un étendard à la face des peuples,
devant qui les rois se tiendront dans le silence
et que les nations invoqueront,
venez nous délivrer ; ne tardez plus !

Prière de Dom Prosper Guéranger (1805-1875)

Vous voici donc en marche, ô Fils de Jessé, vers la ville de vos aïeux. L’Arche du Seigneur s’est levée et s’avance, avec le Seigneur qui est en elle, vers le lieu de son repos. « Qu’ils sont beaux vos pas, ô Fille du Roi, dans l’éclat de votre chaussure » (Ct 7, 1), lorsque vous venez apporter leur salut aux villes de Juda ! Les Anges vous escortent, votre fidèle Époux vous environne de toute sa tendresse, le ciel se complaît en vous, et la terre tressaille sous l’heureux poids de son Créateur et de son auguste Reine. Avancez, ô Mère de Dieu et des hommes, Propitiatoire tout-puissant où est contenue la divine Manne qui garde l’homme de la mort ! Nos cœurs vous suivent, vous accompagnent, et, comme votre Royal ancêtre, nous jurons « de ne point entrer dans notre maison, de ne point monter sur notre couche, de ne point clore nos paupières, de ne point donner le repos à nos tempes, jusqu’à ce que nous ayons trouvé dans nos cœurs une demeure pour le Seigneur que vous portez, une tente pour le Dieu de Jacob. » Venez donc, ainsi voilé sous les flancs très purs de l’Arche sacrée, ô rejeton de Jessé, jusqu’à ce que vous en sortiez pour briller aux yeux des peuples, comme un étendard de victoire. Alors les rois vaincus se tairont devant vous, et les nations vous adresseront leurs vœux. Hâtez-vous, ô Messie ! venez vaincre tous nos ennemis, et délivrez-nous. Ainsi soit-il.

O Clavis David (20 décembre)

O Clavis David, et sceptrum domus Israhel;
qui aperis, et nemo claudit;
claudis, et nemo aperit:
veni, et educ vinctos de domo carceris,
sedentes in tenebris, et umbra mortis.

Ô Clef de David et sceptre de la Maison d’Israël,
vous qui ouvrez et nul ne peut fermer,
qui fermez et nul ne peut ouvrir,
venez et tirez de prison les captifs
assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort !

Prière de Dom Prosper Guéranger (1805-1875)

Ô Fils de David, héritier de son trône et de sa puissance, vous parcourez, dans votre marche triomphale, une terre soumise autrefois à votre aïeul, aujourd’hui asservie par les Gentils. Vous reconnaissez de toutes parts, sur la route, tant de lieux témoins des merveilles de la justice et de la miséricorde de Yahweh votre Père envers son peuple, au temps de cette ancienne Alliance qui tire à sa fin. Bientôt, le nuage virginal qui vous couvre étant ôté, vous entreprendrez de nouveaux voyages sur cette même terre ; vous y passerez en faisant le bien, et guérissant toute langueur et toute infirmité, et cependant n’ayant pas où reposer votre tête. Du moins, aujourd’hui, le sein maternel vous offre encore un asile doux et tranquille, où vous ne recevez que les témoignages de l’amour le plus tendre et le plus respectueux. Mais, ô Seigneur! il vous faut sortir de cette heureuse retraite ; il vous faut, Lumière éternelle, luire au milieu des ténèbres ; car le captif que vous êtes venu délivrer languit dans sa prison. Il s’est assis dans l’ombre de la mort, et il y va périr, si vous ne venez promptement en ouvrir les portes avec votre Clef toute-puissante ! Ce captif, ô Jésus, c’est le genre humain, esclave de ses erreurs et de ses vices : venez briser le joug qui l’accable et le dégrade ; ce captif, c’est notre cœur trop souvent asservi à des penchants qu’il désavoue : venez, ô divin Libérateur, affranchir tout ce que vous avez daigné faire libre par votre grâce, et relever en nous la dignité de vos frères. Ainsi soit-il.

O Oriens (21 décembre)

O Oriens, splendor lucis æternæ,
et sol iustitiæ:
veni, et illumina
sedentes in tenebris, et umbra mortis.

Ô Soleil levant, Splendeur de la Lumière éternelle
et Soleil de justice,
venez et éclairez
ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort !

Prière de Dom Prosper Guéranger (1805-1875)

Divin Soleil, ô Jésus ! vous venez nous arracher à la nuit éternelle : soyez à jamais béni ! Mais combien vous exercez notre foi, avant de luire à nos yeux dans toute votre splendeur ! Combien vous aimez à voiler vos rayons, jusqu’à l’instant marqué par votre Père céleste, où vous devez épanouir tous vos feux ! Voici que vous traversez la Judée ; vous approchez de Jérusalem ; le voyage de Marie et de Joseph tire à son terme. Sur le chemin, vous rencontrez une multitude d’hommes qui marchent en toutes les directions, et qui se rendent chacun dans sa ville d’origine, pour satisfaire à l’Édit du dénombrement. De tous ces hommes, aucun ne vous a soupçonné si près de lui, ô divin Orient ! Marie, votre Mère, est estimée par eux une femme vulgaire ; tout au plus, s’ils remarquent la majesté et l’incomparable modestie de cette auguste Reine, sentiront-ils vaguement le contraste frappant entre une si souveraine dignité et une condition si humble ; encore ont-ils bientôt oublié cette heureuse rencontre. S’ils voient avec tant d’indifférence la mère, le fils non encore enfanté à la lumière visible, lui donneront-ils une pensée ? Et cependant ce fils, c’est vous-même, ô Soleil de justice !

Augmentez en nous la Foi, mais accroissez aussi l’amour. Si ces hommes vous aimaient, ô libérateur du genre humain, vous vous feriez sentir à eux ; leurs yeux ne vous verraient pas encore, mais du moins leur cœur serait ardent dans leur poitrine, ils vous désireraient, et ils hâteraient votre arrivée par leurs vœux et leurs soupirs.

Ô Jésus qui traversez ainsi ce monde que vous avez fait, et qui ne forcez point l’hommage de vos créatures, nous voulons vous accompagner dans le reste de votre voyage; nous baisons sur la terre les traces bénies des pas de celle qui vous porte en son sein; nous ne voulons point vous quitter jusqu’à ce que nous soyons arrivés avec vous à l’heureuse Bethléem, à cette Maison du Pain, où enfin nos yeux vous verront, ô Splendeur éternelle, notre Seigneur et notre Dieu ! Ainsi soit-il.

O Rex Gentium (22 décembre)

O Rex Gentium, et desideratus earum,
lapisque angularis,
qui facis utraque unum:
veni, et salva hominem,
quem de limo formasti.

Ô Roi des Nations et objet de leurs désirs,
Pierre angulaire
qui unissez en Vous les deux peuples,
venez et sauvez l’homme
que vous avez formé du limon de la terre !

Prière de Dom Prosper Guéranger (1805-1875)

Ô Roi des nations, vous approchez toujours plus de cette Bethléem où vous devez naître. Le voyage tire à son terme, et votre auguste Mère, qu’un si doux fardeau console et fortifie, va sans cesse conversant avec vous par le chemin. Elle adore votre divine majesté, elle remercie votre miséricorde ; elle se réjouit d’avoir été choisie pour le sublime ministère de servir de Mère à un Dieu. Elle désire et elle appréhende tout à la fois le moment où enfin ses yeux vous contempleront. Comment pourra-t-elle vous rendre les services dignes de votre souveraine grandeur, elle qui s’estime la dernière des créatures ? Comment osera-t-elle vous élever dans ses bras, vous presser contre son cœur, vous allaiter à son sein mortel ? Et pourtant, quand elle vient à songer que l’heure approche où, sans cesser d’être son fils, vous sortirez d’elle et réclamerez tous les soins de sa tendresse, son cœur défaille et l’amour maternel se confondant avec l’amour qu’elle a pour son Dieu, elle est au moment d’expirer dans cette lutte trop inégale de la faible nature humaine contre les plus fortes et les plus puissantes de toutes les affections réunies dans un même cœur. Mais vous la soutenez, ô Désiré des nations ! car vous voulez qu’elle arrive à ce terme bienheureux qui doit donner à la terre son Sauveur, et aux hommes la Pierre angulaire qui les réunira dans une seule famille. Soyez béni dans les merveilles de votre puissance et de votre bonté, ô divin Roi, et venez bientôt nous sauver, vous souvenant que l’homme vous est cher, puisque vous l’avez pétri de vos mains. Oh ! venez, car votre œuvre est dégénérée; elle est tombée dans la perdition ; la mort l’a envahie : reprenez-la dans vos mains puissantes, refaites-la; sauvez-la; car vous l’aimez toujours, et vous ne rougissez pas de votre ouvrage. Ainsi soit-il.

O Emmanuel (23 décembre)

O Emmanuhel, Rex et legifer noster,
exspectatio Gentium, et Salvator earum:
veni ad salvandum nos,
Domine, Deus noster.

Ô Emmanuel, notre Roi et notre Législateur,
l’attente des nations
et leur Sauveur,
venez et sauvez-nous,
Seigneur notre Dieu !

Prière de Dom Prosper Guéranger (1805-1875)

Ô Emmanuel, Roi de Paix, vous entrez aujourd’hui dans Jérusalem, la ville de votre choix; car c’est là que vous avez votre Temple. Bientôt vous y aurez votre Croix et votre Sépulcre ; et le jour viendra où vous établirez auprès d’elle votre redoutable tribunal. Maintenant, vous pénétrez sans bruit et sans éclat dans cette ville de David et de Salomon. Elle n’est que le lieu de votre passage, pour vous rendre à Bethléem. Toutefois, Marie votre mère, et Joseph son époux, ne la traversent pas sans monter au Temple, pour y rendre au Seigneur leurs vœux et leurs hommages : et alors s’accomplit, pour la première fois, l’oracle du Prophète Aggée qui avait annoncé que la gloire du second Temple serait plus grande que celle du premier. Ce Temple, en effet, se trouve en ce moment posséder une Arche d’Alliance bien autrement précieuse que celle de Moïse, mais surtout incomparable à tout autre sanctuaire qu’au ciel même, par la dignité de Celui qu’elle contient. C’est le Législateur lui-même qui est ici, et non plus simplement la table de pierre sur laquelle la Loi est gravée. Mais bientôt l’Arche vivante du Seigneur descend les degrés du Temple, et se dispose à partir pour Bethléem, où l’appellent d’autres oracles. Nous adorons, ô Emmanuel, tous vos pas à travers ce monde, et nous admirons avec quelle fidélité vous observez ce qui a été écrit de vous, afin que rien ne manque aux caractères dont vous devez être doué, ô Messie, pour être reconnu par votre peuple. Mais souvenez-vous que l’heure est près de sonner, que toutes choses se préparent pour votre Nativité, et venez nous sauver; venez, afin d’être appelé non plus seulement Emmanuel, mais Jésus, c’est-à-dire Sauveur. Ainsi soit-il.

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Neuvaine de Noël

Neuvaine de Noël

Neuvaine de Noël

Nous vous proposons la prière suivante comme neuvaine de préparation à la fête de Noël du 16 au 24 décembre. Cette année nous ferons cette Neuvaine aux intentions suivantes : en action de grâces pour les biens spirituels reçus, et pour les besoins temporels du Prieuré.

Enfant-Jésus, notre Roi, nous vous en conjurons, prosternés devant votre sainte image, jetez un regard de clémence sur nos cœurs suppliants et pleins d’angoisse. Que votre Cœur si bon, si incliné à la pitié, se tourne vers nous et nous accorde les grâces que nous lui demandons avec instance. Délivrez-nous de la tristesse et du découragement, de tous les maux et difficultés qui nous accablent. Par les mérites de votre Sainte Enfance, daignez nous exaucer et nous accorder la consolation et le secours dont nous avons besoin, afin que nous vous louions avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Saint Enfant-Jésus, écoutez-nous.
Saint Enfant-Jésus, bénissez-nous.
Saint Enfant-Jésus, exaucez-nous.

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O Sapientia

O Sapientia

O Sapientia

O Sapientia, quae ex ore Altissimi prodisti,
attingens a fine usque ad finem fortiter,
suaviter disponensque omnia:
veni ad docendum nos viam prudentiae.

Ô Sagesse, qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut,
qui atteignez d’une extrémité du monde à l’autre avec force,
et qui, avec suavité, disposez toutes choses,
venez nous enseigner la voie de la prudence !

Antienne grégorienne “O Sapientia”