Lundi 9 novembre (ReConfinement J11) : Dédicace de Saint Jean de Latran

La Punchline du Saint Ambroise

Il n’y a pas faute à être riche, mais à ne pas savoir user des richesses.

Des leçons des Matines de la Dédicace de l’Archibasilique du Très Saint Sauveur

Les rites que l’Église observe dans la consécration des temples et des autels, ont été institués par le Pape saint Sylvestre 1er. Bien que, depuis te temps des Apôtres, il existât des lieux dédiés à Dieu et appelés tantôt oratoires, tantôt églises, où, le Dimanche, se tenaient les assemblées et où le peuple chrétien avait coutume de prier, d’entendre la parole de Dieu et de recevoir l’Eucharistie, toutefois ces lieux n’étaient pas consacrés avec tant de solennité, et il ne s’y trouvait pas encore d’autel érigé en titre et oint du saint chrême, pour représenter Jésus-Christ, qui est notre autel, notre hostie et notre Pontife.

Ce fut quand l’empereur Constantin eut obtenu la santé et le salut par le sacrement du baptême, qu’il fut permis pour la première fois aux Chrétiens, par une loi de ce prince, de bâtir partout des églises ; et il les excita à la construction de ces édifices sacrés, non seulement par son édit, mais encore par son exemple. Il dédia, en effet, dans son palais de Latran, une église au Sauveur, tout près de laquelle il édifia aussi une basilique sous le nom de saint Jean-Baptiste, au lieu même où, baptisé par saint Sylvestre, il avait été guéri de la lèpre de l’infidélité. Ce Pape consacra l’église du Sauveur le cinquième jour des ides de novembre (9 novembre 324) ; et c’est de cette consécration qu’on célèbre aujourd’hui la mémoire, parce que c’est en ce jour que la première dédicace publique d’une église a été faite à Rome et que l’image du Sauveur apparut au peuple romain, peinte sur la muraille.

Si le bienheureux Sylvestre décréta dans la suite, en consacrant l’autel du prince des Apôtres, que l’on n’édifierait plus désormais d’autels qu’en pierre, et si cependant, celui de la basilique de Latran est en bois, il n’y a pas lieu de s’en étonner ; depuis saint Pierre jusqu’à Sylvestre, les Papes ne pouvaient, à cause des persécutions, résider en un lieu fixe : partout où la nécessité les poussait, soit dans les cryptes, soit dans les cimetières, soit dans les maisons de pieux fidèles, ils offraient le sacrifice sur cet autel de bois, qui était creux et en forme de coffre.

Basilique Saint Jean de LatranLa paix ayant été rendue à l’Église, saint Sylvestre le plaça dans la première église, qui fut celle de Latran, et, en l’honneur du prince des Apôtres, que l’on dit avoir offert le Saint Sacrifice sur cet autel, ainsi que des autres Pontifes qui, jusque-là, s’en étaient servis pour la célébration des Mystères, il ordonna qu’aucun autre que le Pape n’y célébrerait jamais la messe. La basilique du Saint-Sauveur, successivement endommagée par des incendies, dévastée, renversée par des tremblements de terre, fut restaurée avec grand soin puis reconstruite par les Papes. Le 28 avril 1726, le souverain Pontife Benoît XIII, de l’Ordre des Frères Prêcheurs, l’a consacrée solennellement et a décidé qu’on célébrerait en ce jour la mémoire de cette solennelle Dédicace. Selon ce que Pie IX avait projeté d’entreprendre, Léon XIII fit exécuter de grands travaux pour allonger et élargir le chœur du maître-autel, qui allait s’affaissant de vétusté ; il donna l’ordre de restaurer, selon les dessins antiques, les vieilles mosaïques, déjà réparées en beaucoup d’endroits, et de les transporter dans la nouvelle abside, magnifiquement construite et ornée ; il pourvut aussi à l’achèvement de l’ornementation du transept et à la réparation des caissons du plafond ; en 1884, il ajouta la sacristie, la demeure des chanoines et une galerie contiguë, menant au Baptistère de Constantin.

Zachée (Lc 19, 1-10) : Commentaire de Saint Ambroise

Nous ne voulons pas froisser les riches, voulant, s’il est possible, guérir tout le monde. Qu’ils apprennent qu’il n’y a pas faute à être riche, mais à ne pas savoir user des richesses : car les richesses, qui sont entraves pour les méchants, sont chez les bons ressources pour la vertu. Oui, le riche Zachée a été choisi par le Christ. Mais en donnant aux pauvres la moitié de ses biens, en remboursant même quatre fois ce qu’il avait frauduleusement dérobé car l’un des deux ne suffit pas, et les largesses n’ont pas de valeur si l’injustice subsiste, attendu qu’on ne demande pas des dépouilles mais des dons, il a reçu une récompense plus abondante que ses largesses. Et il est bien qu’on le signale comme chef des publicains : qui en effet pourrait désespérer de soi, quand celui-là même est arrivé, qui tirait son revenu de la fraude ? « Et il était riche », est-il dit : apprenez par là que les riches ne sont pas tous avares.

Comment se fait-il que l’Écriture n’a mentionné la taille d’aucun autre que celui-ci : « il était de petite taille ? » Voyez si par hasard il était petit par la malice, ou encore petit quant à la foi : car il n’avait encore rien promis quand il est monté ; il n’avait pas encore vu le Christ ; c’est donc vrai qu’il était encore petit. Aussi bien Jean est-il grand parce qu’il a vu le Christ, et l’Esprit reposant comme une colombe sur le Christ, ainsi qu’il le dit lui-même : « J’ai vu l’Esprit descendre comme une colombe et reposer sur Lui» (Io l, 32). Quant à la foule, n’est-ce pas la mêlée d’une multitude ignorante, qui ne pouvait voir les hauteurs de la Sagesse ? Donc Zachée, tant qu’il est dans la foule, ne voit pas le Christ ; il s’est élevé au-dessus de la foule, et il a vu : autrement dit, en dépassant l’ignorance populaire il a réussi à contempler celui qu’il désirait.

On a ajouté à propos : « Parce que le Seigneur devait passer en cet endroit », où était soit le sycomore, soit le futur croyant : il observait ainsi le mystère et semait la grâce ; car il était venu pour passer des Juifs aux Gentils. Ainsi il vit Zachée en haut : car désormais l’élévation de sa foi le faisait émerger parmi les fruits des œuvres nouvelles comme au sommet d’un arbre fécond. Zachée dans le sycomore, c’est le fruit nouveau de la saison nouvelle ; en lui aussi se réalise le texte : « Le figuier a donné ses premiers fruits » (Ct 2, 13) ; car le Christ est venu afin que les arbres donnent naissance non à des fruits, mais à des hommes. Nous lisons ailleurs : « Quand vous étiez sous le figuier, je vous ai vu » (Io 1, 48). Nathanaël est donc sous l’arbre, c’est-à-dire sur la racine car il est juste, et «la racine est sainte» (Rm 11, 16) mais enfin Nathanaël est sous l’arbre, parce que sous la Loi ; Zachée est sur l’arbre, parce qu’au-dessus de la Loi. L’un défend le Seigneur en secret, l’autre le prêche publiquement. L’un cherchait encore le Christ dans la Loi ; l’autre, déjà plus haut que la Loi, abandonnait ses biens et suivait le Seigneur.

Prières

Oratio

Deus, qui nobis per síngulos annos huius sancti templi tui consecratiónis réparas diem, et sacris semper mystériis repæséntas incólumes : exáudi preces pópuli tui, et præsta ; ut, quisquis hoc templum benefícia petitúrus ingréditur, cuncta se impetrásse lætétur. Per Dóminum.

Oraison

Ô Dieu, qui renouvelez chaque année en notre faveur le jour où ce saint temple vous a été consacré, et qui nous conservez en état d’assister à vos saints mystères, exaucez les prières de votre peuple et accordez à quiconque entrera dans ce temple pour demander vos grâces, la joie de les avoir obtenues. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Prière du Pape Pie XII (1876-1958)

Ô très auguste Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, qui, bien qu’infiniment heureuse de toute éternité en vous-même et par vous-même, daignez accepter avec bienveillance l’hommage qui s’élève de la création universelle jusqu’à votre trône sublime, détournez, nous vous en prions, vos yeux et vos oreilles de ces malheureux qui, ou aveuglés par la passion, ou poussés par des influences diaboliques, blasphèment abominablement votre Nom, celui de la très pure Vierge Marie et ceux des saints. Retenez, ô Seigneur, le bras de votre justice qui pourrait réduire à néant ceux qui osent se rendre coupables de tant d’impiété. Acceptez l’hymne de gloire qui sans arrêt s’élève de toute la nature : depuis l’eau de la source qui coule limpide et silencieuse jusqu’aux astres qui resplendissent et décrivent une orbite immense mus par l’amour, là-haut, dans les cieux. Acceptez en réparation le chœur de louanges montant, tel l’encens devant les autels, de tant d’âmes saintes qui marchent sans jamais dévier dans les sentiers de votre loi et s’efforcent d’apaiser votre justice offensée, par des œuvres assidues de charité et de pénitence ; écoutez le chant de tant d’âmes d’élite qui consacrent leur vie à célébrer votre gloire, la louange intarissable que l’Église vous adresse à toute heure et sous tous les cieux. Et faites qu’un jour les cœurs blasphémateurs soient convertis et que toutes les langues et toutes les lèvres s’unissent pour chanter, ici-bas, ce cantique qui résonne sans fin dans les chœurs des anges : Saint, Saint, Saint, est le Seigneur Dieu des armées ; les cieux et la terre sont pleins de votre gloire. Ainsi soit-il.

Antiennes

Ã. Domus mea domus orationis vocabitur.

Ã. Ma maison sera appelée maison de prière.

Antienne grégorienne “Domus mea”

Ã. Haec est domus domini firmiter ædificata bene fundata est super firmam petram.

Ã. Cette maison est celle du Seigneur, édifiée solidement, bien fondée sur une pierre solide.

Antienne grégorienne “Haec est domus Domini”

Antiennes