Samedi 14 novembre (ReConfinement J16) : Comm. des bénédictins défunts
Le mot de Saint Benoît
Redouter l’enfer.
Désirer la vie éternelle de toute l’ardeur de l’esprit.
Avoir chaque jour la menace de la mort devant les yeux.
Du livre de Saint Augustin : « Des devoirs à rendre aux morts »
Le soin des funérailles, les conditions honorables de la sépulture, la pompe des obsèques, sont plutôt une consolation pour les vivants qu’un secours pour les morts. Toutefois, ce n’est point là un motif de mépriser et de dédaigner les corps des défunts, surtout ceux des justes et des fidèles, qui ont été comme les instruments et les vases dont l’âme s’est saintement servie pour toutes sortes de bonnes œuvres. Si le vêtement et l’anneau d’un père, si quelque autre souvenir de ce genre, reste d’autant plus cher à des enfants que leur affection envers leurs parents est plus grande.il ne faut en aucune manière traiter sans respect le corps lui-même, que nous portons plus intimement et plus étroitement uni à nous que n’importe quel vêtement. Nos corps, en effet, ne nous sont pas un simple ornement ou un instrument mis extérieurement à notre usage, mais ils appartiennent à la nature même de l’homme. De là vient qu’une piété légitime s’est empressée de rendre aux anciens justes les soins funèbres, de célébrer leurs obsèques et de pourvoir à leur sépulture, et qu’eux-mêmes ont souvent, pendant leur vie, fait des recommandations à leurs fils au sujet de la sépulture ou même de la translation de leur corps.
Quand les fidèles témoignent aux défunts l’affection d’un cœur qui se souvient et qui prie, leur action est sans nul doute profitable à ceux qui ont mérité, quand ils vivaient en leur corps, que de semblables suffrages leur soient utiles après cette vie. Mais lors même qu’en raison de quelque nécessité, l’on ne trouve point moyen, soit d’inhumer des corps, soit de les inhumer en quelque lieu saint, encore faut-il ne pas omettre d’offrir des supplications pour les âmes des morts. C’est ce que l’Église a entrepris de faire à l’intention de tous les chrétiens décédés dans la communion de la société chrétienne, et même sans citer leurs noms, par une commémoraison générale, en sorte que ceux auxquels font défaut les prières de parents, d’enfants, de proches ou d’amis, reçoivent ce secours de cette pieuse mère, qui est une et commune à tous les-fidèles. Si ces supplications qui se font pour les morts avec foi droite et piété venaient à manquer, je pense qu’il n’y aurait pour les âmes aucune utilité à ce que leurs corps privés de vie fussent placés en n’importe quel lieu saint.
Cela étant, soyons bien persuadés que, dans les solennités funéraires, nous ne pouvons faire parvenir du soulagement aux morts auxquels nous nous intéressons, que si nous offrons pour eux au Seigneur le sacrifice de l’autel, celui de la prière ou de l’aumône. Il est vrai que ces supplications ne sont pas utiles à tous ceux pour lesquels elles se font, mais seulement à ceux qui, au temps de leur vie, ont mérité de se les voir appliquées. Mais il vaut mieux offrir des suffrages superflus pour des défunts à qui ils ne peuvent ni nuire ni profiter, que d’en laisser manquer ceux auxquels ils sont utiles. Chacun cependant s’empresse de s’acquitter avec ferveur de ce tribut de prières pour ses parents et ses amis, afin que les siens en fassent autant pour lui-même. Quant à ce qu’on fait pour le corps qui doit être inhumé, il n’en résulte point de secours pour le salut du défunt, mais c’est un témoignage humain de respect ou d’affection, conforme au sentiment selon lequel personne ne hait sa propre chair. Il faut donc prendre le soin que l’on peut de l’enveloppe de chair laissée par un de nos proches, quand lui-même, qui en prenait soin, l’aura quittée. Et si ceux qui ne croient pas à la résurrection de la chair agissent ainsi, combien ceux qui croient ne doivent-ils pas faire davantage, afin que les derniers devoirs soient rendus de telle manière à ce corps mort, mais destiné à ressusciter et à demeurer éternellement, qu’on y trouve même, en quelque sorte, un témoignage de cette foi.
Dom Mège : Des religieux et des religieuses les plus illustres de l’Ordre de Saint Benoît #2
Depuis l’an 680 jusqu’à l’an 780.
Outre les Apôtres des nations que notre Ordre a produits au siècle précédent, que nous avons rapportés ; outre un plus grand nombre que nous avons omis, il ne faut pas oublier saint Kilian, qui convertit toute la Franconie à la foi de Jésus-Christ, après en avoir instruit et baptisé le Prince. Il ne faut pas oublier non plus plusieurs de nos Solitaires, qui plantèrent la foi chrétienne dans la Saxe Orientale, et qui en convertirent le Roi. Les glorieux saints Egbert, Wigbert et Théodore portèrent l’Évangile en diverses provinces avec un succès merveilleux. Saint Lambert gagna à Jésus-Christ la Champagne et le Brabant. La Westphalie, la Frise et la Hollande converties au Sauveur du monde furent les fruits des travaux de saint Wigbert. Saint Willibrord combattit et surmonta l’idolâtrie dans plusieurs provinces. De Moine Bénédictin il fut fait Évêque d’Utrecht. Saint Turmie prêcha la vérité chrétienne aux Saxons dans des lieux où elle n’avait jamais été connue. Le même S. Willibrord soumit à Jésus-Christ une grande partie des peuples du Septentrion; il fut l’Apôtre des Danois. S. Suitbert n’acquit pas moins de gloire et n’eut pas moins de succès en portant la parole de Dieu dans les provinces les plus farouches de l’Allemagne et de la Thrace; et en obligeant par son admirable éloquence les peuples du Brenzen et leurs voisins à adorer Jésus-Christ qu’ils avaient toujours méprisé. S. Marcellin établit la véritable Religion dans toute la Transylvanie, après en avoir entièrement banni l’idolâtrie. Il faut ajouter à ces Apôtres de tant de nations saint Boniface, que le Pape Grégoire II envoya en Allemagne; car ce Saint éclaira toutes ces grandes provinces des lumières du Saint-Esprit dont il était rempli. Le Cardinal Baronius parlant de lui, l’a justement nommé le fils du tonnerre ; puisqu’il exerça son apostolat avec tant de ferveur, de zèle et de succès, qu’après avoir entièrement ruiné l’idolâtrie, et dissipé les hérésies, il soumit encore à Jésus-Christ les pays de Hesse et de Thuringe. Nos Solitaires savants et zélés après avoir dissipé avec tant de gloire l’idolâtrie de presque toute l’Europe, eurent d’autres ennemis à combattre et une autre nuit à dissiper par la clarté de Jésus-Christ. Car ce siècle fut infecté d’un très grand nombre d’hérésiarques, et obscurci par une infinité d’hérésies. Mais tout cela ne servit qu’à donner à nos Solitaires une moisson plus ample de travaux, de combats, de victoires et de nouveaux triomphes. Saint Agathon, qui avait été tiré du Monastère pour être élevé sur le trône apostolique, s’opposa généreusement aux Monothélites et aux Iconoclastes ; il les combattit et les surmonta, assurant à Jésus-Christ ses deux volontés comme ses deux natures, et aux saintes images l’honneur qui leur est dû, et qu’on leur refusait. Ce fût pour ce sujet qu’il assembla ce Concile célèbre de Constantinople, qui est le sixième général. Le Pape Sergius son successeur au Siège de saint Pierre, qui avait été Moine comme lui, imita son courage et sa conduite. Il s’opposa avec une constance digne du Chef de l’Église à l’Empereur et au faux Concile qu’il avait assemblé dans la même ville impériale, Grégoire II, qui avait aussi ajouté à la profession monastique la première dignité de l’Église, a laissé à la postérité un exemple admirable de courage et de force, lors que pour soutenir l’honneur des saintes images et la pureté de la foi, il excommunia l’Empereur Léon et le priva de l’Empire d’Italie.
Les autres Prélats, qui avaient été tirés de nos Cloitres pour gouverner les Églises, imitèrent ces saints Pontifes. Ils attaquèrent et confondirent les mêmes hérésies avec un semblable succès, Saint Jean de Damas vainquit les ennemis des images. La Bavière était toute infectée d’hérésie, et saint Boniface l’en purgea. La simonie fut aussi combattue et surmontée par Othon un de nos Religieux. Enfin S. Étienne Pape assembla un Concile à Rome, dans lequel il abolit entièrement l’hérésie des ennemis des images, qui renaissait et qui s’augmentait sans cesse.
Qui pourrait expliquer les grands et importants services que nos Solitaires ont rendus à l’Église Romaine durant ce siècle, et les avantages qu’ils lui ont procurés. Benoît II lui a rendu et assuré sa liberté, et a fait reconnaitre au monde son autorité souveraine. La plus grande partie de son domaine temporel est un des soins et du courage du Pape Zacharie; et si en ce temps elle triompha des Schismatiques, qui étaient si puissants, ce fut par les travaux et par la générosité du Pape Sergius, de saint Anselme et de plusieurs autres savants et généreux Bénédictins. Le Pape Grégoire II rebâtit et embellit la ville de Rome, ce fut lui qui défendit même avec les armes les droits de son Église. Enfin le Pape saint Étienne réforma les mœurs du Clergé, et mourut plein de gloire et de mérite, après avoir banni de l’Église les vices et les erreurs.
Si un Ordre Monastique peut encore recevoir quelque gloire et quelque éclat des personnes de grande qualité qui en ont fait profession, celui de saint Benoît en doit avoir beaucoup ; car durant ces trois siècles il en a reçu et en a sanctifié un très grand nombre. Ce siècle nous en fournit plusieurs, même des Princes et des Rois, qui méprisèrent la couronne et la pourpre, pour assurer leur salut dans nos Monastères sous l’habit de saint Benoît. D’un très grand nombre, que je trouve dans de très bons Auteurs, je n’en rapporterai que fort peu. Wamba Roi d’Espagne, Ethelred, Cenred, Asta, et Chinesuinde, Alfrede, Winoc, Atroc, Ceolwulf, Ine, Ratchis, Tassia, Tatrude, Etheldrède (Audrey), et Carloman Roi d’Austrasie. Tous ces Princes et ces Princesses désabusés de la vanité du monde, lassés du bruit et des embarras de la Cour, pénétrés de la crainte de Dieu, éclairés de sa lumière, et embrasés du feu saint de son amour, se réfugièrent dans nos Cloitres, y vécurent saintement, et y moururent pour vivre dans l’éternité.
Nous ne parlons pas d’un nombre presque infini de glorieux Martyrs qui ont arrosé et embelli durant ce siècle toute l’Église de leur sang, qu’ils ont généreusement répandu pour l’amplifier et pour la défendre.
Mais je ne veux pas oublier un très grand nombre de beaux esprits, qui ont été élevés dans notre Ordre, qui se sont rendus admirables dans tous les arts et dans toutes les sciences, et qui ont fait l’ornement de ce siècle. Le vénérable Bède a éclairé l’Angleterre, et tant de Solitaires très célèbres qui ont établi et rendu si célèbre l’Université de Fulda, autrefois la plus savante d’Allemagne. Il ne faut pas oublier aussi le grand Egbert qui a fondé la belle Académie et la riche Bibliothèque d’York.
Un nombre qu’on ne peut pas compter de parfaits Religieux se sont sanctifiés dans l’Ordre par la pratique exacte de la Règle durant ce siècle, et ont mérité le Paradis par leurs vertus et par leur austérité.
Depuis l’an 800 jusqu’à l’an 900.
Nous ouvrirons ce siècle par les Apôtres de beaucoup de nations, qui n’avaient pas encore entendu parler de Jésus-Christ, ou qui après leur première conversion étaient retombées dans l’idolâtrie. Le premier sera saint Sturme excellent Abbé de Fulda qui prêcha l’Évangile dans la Thuringe et dans la Saxe ; et qui au commencement de ce siècle couronna ses glorieux travaux par une mort encore plus glorieuse, puisqu’il la souffrit pour la querelle de Jésus-Christ. Saint Willehad détruisit heureusement les restes du Paganisme dans plusieurs provinces d’Allemagne. Nos Historiens disent des merveilles de saint Ludger, qui après avoir abandonné l’Évêché de Trèves, qu’il gouvernait fort saintement, et où il vivait en repos et avec beaucoup d’honneur, souffrit des peines infinies pour la conversion des Frisons. Saint Burchard a mérité le nom de Père et d’Apôtre de la Franconie par ses invincibles travaux. Saint Ludger éclaira le Septentrion comme un astre nouveau. Il porta la chaleur de sa charité et la lumière de la doctrine dans les climats les plus écartés et les plus froids, et acquit à Jésus-Christ toute la Scandinavie. Saint Anschaire convertit à la foi toute la Gothie avec son Roi, la Suède et les nations voisines avec leurs Souverains. La Saxe que nos Bénédictins avaient éclairé tant de fois de la lumière de l’Évangile, et qui s’était pervertie tant de fois, fut encore éclairée durant ce siècle de la même clarté par les prédications de saint Kortilla un très savant Abbé. Saint Anschaire prêcha encore aux Danois, qui avaient repris l’idolâtrie, et les reconquit à Jésus-Christ. Saint Rembert travailla encore dans ce même Royaume à convertir les peuples à la foi et à racheter les captifs. Je n’oublierai pas ici l’admirable conversion des Bulgares, à laquelle nos Pères ont travaillé avec tant de succès. Trebellius leur Roi conçut tant de ferveur par les prédications et par la conversion de ses saints Apôtres ; qu’il abandonna le monde et ses États, prit l’habit de l’Ordre et en fit profession, Saint Adalbert fermera cette glorieuse troupe d’Apôtres des nations, il mourut après avoir glorieusement semé la parole de Dieu dans le Danemark, dans la Suède et dans la Gothie avec des travaux infinis. On y peut ajouter nos généreux et savants Moines de Corbie, qui prêchèrent Jésus-Christ dans la Slavonie et dans les provinces voisines avec un succès merveilleux.
Rien n’approche davantage de la gloire de l’Apostolat que la couronne du martyre; on ne saurait compter les généreux Martyrs de l’Ordre de saint Benoît, qui ont empourpré de leur sang durant ce siècle presque toutes les nations du monde. Le seul Danemark fut arrosé du sang précieux d’un grand nombre de nos Solitaires, qui y furent massacrés pour la foi de Jésus-Christ. L’Espagne fut consacrée par le martyre de saint Parfait et de plusieurs de nos pères. C’est encore là que Saint Pierre un Solitaire très zélé reçut une semblable couronne, pour le juste et magnifique fruit de ses travaux. Saint Hiéron mourut dans la Frise pour le même sujet et saint Ménard en Allemagne. L’Angleterre et l’Écosse furent toutes teintes et embellies des vertus et du sang de nos Religieux, répandu pour la foi de Jésus-Christ et pour couronner ce grand nombre de nos Martyrs, nous y ajouterons saint Salomon Roi de l’Armorique ou petite Bretagne, Religieux et Martyr.
Les Apôtres des nations sèment le grain précieux de la parole divine, les Martyrs cultivent cette sainte semence et l’arrosent de leur sang : et on peut dire, que ceux qui combattent les hérésies par leurs controverses, et les vices par leurs Sermons, ou qui apaisent les schismes qui naissent dans le champ de l’Église, contribuent beaucoup à nourrir ce grain sacré et à le multiplier au centuple.
C’est principalement durant ce siècle, que le zèle de nos Pères parut en réfutant les hérétiques par leurs discours éloquents, et par leurs doctes écrits, et en réunissant les esprits et les cœurs des fidèles, que divers intérêts avaient aigris et séparés. Saint Béat et saint Éthérée combattirent. généreusement la pernicieuse hérésie d’Élipante et l’anéantirent presque en même temps. Amaury travailla avec beaucoup de soin à traiter la paix de l’Église avec l’Empereur, et la conclut heureusement pour le bien et pour le repos de toute la République Chrétienne. Le Pape Grégoire vint en France pour apaiser les différends qui étaient entre l’Empereur et les Princes ses enfants. Raban et Hincmar étouffèrent les erreurs de Godescalc presque dans leur naissance.
À peine trouverez-vous une Église considérable durant ce siècle, qui n’ait été gouvernée par nos Bénédictins. Car l’Ordre a donné au Saint-Siège le grand et généreux saint Léon, qui par la fermeté de la foi, par la sainteté de ses mœurs, par la grandeur de son courage et par ses belles actions a mérité une gloire éternelle. C’est à ce grand Pontife que l’Occident a obligation de l’Empire. Il faut ajouter à ce Saint le Pape Étienne V célèbre par son éminente Sainteté; et Pascal premier, qui mérite beaucoup de gloire pour avoir augmenté le patrimoine de saint Pierre, et pour avoir vigoureusement soutenu l’élection libre des Évêques et des Souverains Pontifes. Grégoire IV délivra l’Italie de la tyrannie des Sarrasins. Et saint Léon IV soutint encore la liberté des élections, délivra la ville de Rome de la peste et d’un funeste embrasement. Il rendit encore toute l’Angleterre tributaire au Saint-Siège par la seule réputation de sa sainteté. Je ne parle pas d’une infinité d’autres Prélats que l’Ordre a donnés à toutes les Églises ; puisqu’on peut dire, que durant tout ce siècle il y en avait fort peu d’autres.
Si ce siècle a passé pour un des plus savants, et des plus riches en hommes excellents dans tous les arts et dans toutes les sciences, il en a l’obligation à l’Ordre de S. Benoît qui les lui a presque tous donnés. Je n’en marquerai qu’un petit nombre. Paul Diacre abandonna les plus glorieux emplois pour se faire Bénédictin, et fut après tendrement aimé de l’Empereur Charlemagne. Il composa et mit en ordre tout l’Office divin, et enrichit l’Église de beaucoup d’autres écrits. L’Université de Paris la plus célèbre et la plus savante du monde, doit à nos Pères sa naissance et son premier éclat; le grand Alcuin l’institua et l’éclaira de la doctrine. C’est à ce grand homme que nous devons aussi l’institution de la Fête de la Très-sainte Trinité ; il en composa l’Office, et en prêcha le culte. Il laissa encore plusieurs écrits, qui font connaitre la force de son esprit et la profondeur de sa doctrine. L’Université de Pavie, la plus illustre de l’Italie, a la même obligation à Jean Scot. Enfin on peut dire sans crainte que nos savants Solitaires ont éclairé toute l’Europe, en établissant durant ce siècle dans toutes les provinces des Collèges, où ils enseignaient toutes les sciences et tous les arts. Et ce fut par leur moyen que la France égala en ce temps, et même surpassa toute la science de la Grèce. L’Allemagne fut aussi si bien cultivée par nos Solitaires, que durant ce siècle elle produisit un très-grand nombre d’hommes excellents pour la sainteté de leur vie et pour l’éminence de leur doctrine, Et ce n’est pas une petite gloire pour nos Pères, que par des exemples de leurs vertus et par leurs savantes leçons ces peuples grossiers et farouches se soient rendus en ce temps si doctes et si saints. Le premier qui enseigna la Théologie, et qui établit des écoles de toutes les sciences dans Lyon fut le savant Solitaire Laidrad. Saint Anschaire porta dans le Danemark les sciences et les arts libéraux, qui jusqu’à lui y avaient été inconnues. Raban Maur porta le premier la langue grecque en Allemagne. Le très éloquent Aimon d’Alberstat parut encore dans ce siècle. Strabon y parut aussi ; c’est à lui que nous devons la glose ordinaire. Nous avons encore assez de marques de l’esprit et de la rare doctrine d’Hincmar Archevêque de Reims, comme aussi de l’Abbé Hilduin, qui vivait dans ce siècle. Anségise Abbé de Luxeuil, s’y distingua aussi avec un éclat merveilleux. Il ne faut pas oublier tant de grands hommes qui sortirent d’Irlande et qui passèrent par troupes en France et en Allemagne, et qui remplirent avec tant de gloire et de sainteté les sièges Épiscopaux et les principales chaires des Universités. Il nous serait bien facile d’ajouter encore ici un très grand nombre de Prélats, d’Empereurs, de Rois, de Princes, de Princesses, et d’autres personnes de la première qualité, qui méprisèrent durant ce siècle tout le lustre et tout l’éclat du monde, pour se cacher dans l’obscurité de nos Cloitres. Mais je les veux passer, parce que je fais un abrégé, et que je n’ai promis qu’une légère idée et un tableau raccourci de la gloire de l’Ordre de saint Benoît. Je ne dirai rien non plus de cette troupe, qu’on ne peut pas compter de Saints et de Saintes, que notre Ordre a envoyés en Paradis durant ce siècle.
Prières
Oratio
Deus, véniæ largítor, et humánæ salútis amátor : quæsumus cleméntiam tuam ; ut nostræ Congregatiónis Fratres, propínquos et benefactóres, qui ex hoc sæculo transiérunt, beáta María semper Vírgine intercedénte cum ómnibus Sanctis tuis, ad perpétuæ beatitúdinis consórtium perveníre concédas.
Oraison
Ô Dieu, qui accordez le pardon et qui aimez à sauver les hommes, nous demandons à votre bonté que, par l’intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge et de tous vos Saints, vous accordiez à tous les Frères, les proches et les bienfaiteurs de notre Ordre, qui sont morts, de parvenir au séjour de la béatitude éternelle.
Prière de Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)
Père Éternel, j’offre le Très Précieux Sang de votre divin Fils Jésus, en union avec toutes les Messes qui sont dites aujourd’hui dans le monde entier, pour toutes les saintes âmes du purgatoire, pour les pécheurs en tous lieux, pour les pécheurs dans l’Église universelle, pour ceux de ma maison et de mes proches. Ainsi soit-il.
Prière de Dom Edmond Martène (1654-1739)
Prions pour les âmes de ceux que nous aimons, pour ces âmes que Dieu a retirées des tristes et mortels filets de cette terre. Que le Dieu dont la Toute-Puissance s’étend à toutes choses et qui possède un trésor infini de richesses spirituelles, que ce Dieu vienne du haut du Ciel, au secours de ces chères âmes. Qu’il les préserve des ardeurs du feu qui ne s’éteint jamais, qu’il leur donne le rafraichissement de l’éternel Royaume. Que là-Haut ces âmes soient enivrées de félicité et de joie en présence du Roi, au milieu de tous les justes et de tous les élus qui les ont précédées dans la splendeur des Saints, sur un trône d’une incomparable majesté et dans la Lumière de la région des vivants. Par Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.
Antienne
Ã. Ego sum resurrectio et vita : qui credit in me, etiam si mortuus fuerit, vivet ; et omnis qui credit in me, non morietur in æternum.
Ã. C’est moi qui suis la résurrection et la vie : qui croit en moi, fût-il mort, vivra ; et qui croit en moi ne mourra pas pour toujours.