Vendredi 20 novembre (ReConfinement J22)
La Punchline de Sainte Mechtilde
même s’il permet à la tribulation de t’approcher ou s’il te soustrait les consolations de sa grâce.
Saints Bénédictins : Sainte Mechtilde de Hackeborn, moniale d’Helfta
Elle est, avec Sœur Mechtilde de Magdebourg (1207-1282?) et sainte Gertrude la Grande (1256-1302?), la gloire du monastère saxon de Helfta et l’un des principaux auteurs spirituels et mystiques de l’Allemagne médiévale.
Née vers 1241, elle appartenait à une des premières familles de Thuringe, et avait pour sœur aînée cette Gertrude de Hackeborn qui, en 1251, à dix-neuf ans, devint abbesse, et devait rester quarante ans en fonction. Mechtilde la rejoignit à sept ans, vers 1248. L’abbesse confia à sa cadette le soin de diriger les études, sacrées et profanes. Elle avait une réelle culture, connaissait Origène et Trajan, Albert le Grand et Thomas d’Aquin. Au chœur, secondée par sainte Gertrude, elle présidait le chant. Elle aida et encouragea Sœur Mechtilde de Magdebourg, attaquée et calomniée à cause de certains propos contre les mauvais chrétiens; la Lumière de la divinité, recueil des dires de la sœur, nous donne un écho de ces propos.
Sainte Mechtilde atteignait la cinquantaine lorsqu’elle tombe malade, pour l’avent de 1290. Sa sœur l’abbesse, malade également, mourut bientôt. Dans l’émoi de sa faiblesse physique, Mechtilde livra son grand secret : les merveilles que la grâce opérait en son âme, tout ce que Dieu lui montrait… Deux sœurs notèrent ces confidences. L’une d’elle fut, semble-t-il, Gertrude la Grande. Le Hérault d’amour divin, recueil gertrudien, nomme plus d’une fois sainte Mechtilde, tandis que le volume mechtildien, le Livre de grâce spéciale, ne mentionne pas Gertrude, ce qui est, croyons-nous, un indice de la part prise par Gertrude dans la rédaction du Livre. Le crédit de Mechtilde était grand à Helfta : la nouvelle abbesse s’adressait à elle pour connaître le sort de son père défunt. Les deux rédactrices travaillèrent de 1291 à 1298 environ. Leur besogne touchait à sa fin quand Mechtilde tremble : Dieu ne serait-il pas trahi dans ces textes forcément déficients? Le Seigneur la rassura. Elle trépassa un 19 novembre, en 1298 ou 1299. La date de 1310 est moins probable.
Vie des Saints par les Bénédictins de Paris
Extraits du Livre de la grâce spéciale de Sainte Mechtilde de Hackeborn
Fidélité de la glorieuse Vierge Marie (1ère partie, ch. 44)
Une autre fois, comme elle s’accusait devant Dieu de n’avoir jamais aimé sa Mère autant qu’elle l’aurait dû, et de ne l’avoir pas assez honorée et servie, le Seigneur lui dit : « Pour réparer cette négligence, loue ma Mère de l’incomparable fidélité qu’elle m’a gardée durant sa vie, préférant en toutes ses actions ma volonté à la sienne. Exalte secondement la fidélité avec laquelle ma Mère s’est toujours trouvée présente lorsque j’avais besoin de son secours. Vois : elle a été jusqu’à ressentir en son âme tout ce que mon corps a souffert. Proclame en troisième lieu la grandeur de cette fidélité qu’elle me conserve dans le ciel, où elle travaille encore pour moi par la conversion des pécheurs et la délivrance des âmes. Ses mérites ont ramené d’innombrables pécheurs ; des âmes que ma justice équitable destinait aux peines éternelles en ont été sauvées par sa miséricorde ; d’autres ont été retirées des feux du purgatoire. »
Du jardin et des arbres des vertus (3ème partie, ch. 50)
Une fois, après s’être confessée et avoir accompli sa pénitence, elle pria la glorieuse Vierge d’intercéder pour elle auprès du Seigneur. Il lui parut alors que la Vierge Marie la conduisait-elle même dans un jardin délicieux, planté de beaux arbres, transparents et brillants comme le cristal qui reflète le soleil. Elle demanda à être conduite vers l’arbre de la miséricorde, dont Adam avait été privé si longtemps. Or cet arbre immense, aux rameaux élevés, avait ses racines dans un sol d’or, ses fleurs et ses fruits étaient d’or, et trois ruisseaux prenaient en lui leur source. Le premier était destiné à purifier, le second à polir, le troisième à désaltérer. Sous cet arbre était prosternée la bienheureuse Marie-Madeleine, et auprès d’elle Zachée, agenouillé, adorait Dieu. Elle se prosterna entre ces deux personnages, pour adorer aussi et demander pardon.
Elle vit ensuite un bel arbre dont la hauteur signifiait la longue patience de Dieu. Ses feuilles étaient d’argent ; et ses fruits rouges, renfermés dans une écorce dure et amère, ressemblaient à une amande très douce. Il y avait aussi là un arbre assez bas pour être à la portée de toutes les mains ; sous le souffle de l’auster, il s’inclinait vers tous les hommes et figurait ainsi la mansuétude du Seigneur. II ne portait point de fruits, parce que ses feuilles, d’un vert plus accentué que celles des autres arbres, possédaient la même vertu que les fruits.
Elle vit alors un arbre d’un aspect attrayant, délicieux, semblable au pur cristal. Ses feuilles d’or portaient toutes un anneau incrusté, et ses fruits, couleur de neige, étaient aussi agréables au toucher qu’au goût. Il signifiait la très brillante pureté de la nature divine que le Seigneur désire communiquer à tous. Cet arbre s’entrouvrit, et le Seigneur y entra, s’unissant à cette âme dans une intimité qui lui sembla réaliser cette parole du Psaume : « Je l’ai dit : vous êtes des dieux » (Ps. 71, 6). Sous cet arbre germait la rose, la violette, le crocus, l’herbe appelée benoîte. Le Seigneur prenait ses délices parmi ces fleurs, c’est-à-dire dans la charité, l’humilité, l’abaissement, et l’action de grâces qui tient la créature prête à dire en tout ce qui lui advient : « Béni soit le nom du Seigneur, » et à remercier et bénir Dieu en tout temps.
Du libre arbitre de l’homme (4ème partie, ch. 20)
Elle vit un jour le Seigneur Jésus ; en face de lui, un homme se tenait debout. Dans le Cœur divin elle aperçut une roue qui tournait sans cesse et une longue corde qui se dirigeait vers le cœur de l’homme, où il y avait aussi une roue en mouvement. Cet homme figurait tous les humains, et la roue signifiait que Dieu a communiqué de son libre arbitre aux hommes, la libre volonté de se tourner vers le bien et vers le mal. La corde, c’est la volonté de Dieu, qui attire toujours au bien et non au mal. Cette corde va donc du cœur de Dieu à celui de l’homme ; et plus la roue tourne rapidement, plus l’homme se rapproche de Dieu. Mais si la créature choisit le mal, la roue se met aussitôt à tourner en sens inverse et l’homme s’éloigne de Dieu. S il persévère dans le mal jusqu’à sa mort, la corde se rompt et il tombe dans la damnation éternelle. S’il se relève par la pénitence, Dieu, qui est toujours prêt à pardonner, le reçoit de nouveau en sa grâce ; la roue tourne alors dans le même sens qu’auparavant, et l’homme recommence à se rapprocher de Dieu.
Prières
Prières de Sainte Mechtilde de Hackeborn (1241-1298)
Ô mon Unique, je vous offre mon cœur comme une rose printanière ; que sa grâce, tout le jour, charme vos yeux, que son parfum ravisse votre Cœur divin. Je vous offre mon cœur, pour que vous en usiez comme d’une coupe, où vous pourrez goûter votre propre douceur en tout ce que vous daigneriez opérer en moi pendant cette journée. Je vous offre mon cœur comme une grenade exquise, digne de votre table royale. Veuillez le prendre entièrement et que lui-même, à son tour, se délecte en vous seul. Faites, je vous en supplie, qu’aujourd’hui toutes mes pensées, toutes mes paroles, toutes mes actions et ma volonté même se règlent sur le bon plaisir de votre bénigne volonté. Ainsi soit-il.
À l’occasion d’une grâce
Seigneur, je vous offre cette épreuve (cette joie, ce succès…) à votre éternelle louange et gloire, vous priant, si elle ne vient pas de vous, qu’elle ne me soit plus accordée, car, Seigneur, à cause de vous, je préférerais me voir privé de toute douceur et consolation.
Dans l’épreuve
Seigneur, je vous offre mon cœur et ma volonté, et je suis prêt à supporter de bonne grâce, pour votre amour, non seulement ce qui m’arrive présentement, mais toute adversité qui pourrait survenir.
Antienne
Ã. Ad dandam scientiam plebi tuae, Domine, in remissionem peccatorum eorum.
Ã. Afin de donner connaissance à votre peuple, Seigneur, pour la rémission de leurs péchés.