Samedi 28 novembre (ReConfinement J30)

Annonce

En raison des restrictions gouvernementales, il est impératif de vous renseigner sur les horaires de Messes des prochains dimanches (29 novembre et 6 décembre).

La Punchline de Saint Jean Climaque

Consultez votre conscience pour voir les taches de votre âme, comme vous consultez un miroir pour connaître celles de votre visage.

Le dernier avènement du Christ (Mt 24, 27-36) : commentaire de Dom Paul Delatte

Suite du commentaire de l’évangile de dimanche dernier.

Désormais, dans le texte évangélique, il ne sera plus question que des derniers temps du monde. Si le Seigneur greffe, sans transition, sur l’annonce de la destruction de Jérusalem, qui est son premier avènement comme justicier, la prédiction de son second avènement comme juge universel, ce n’est pas simplement à raison de l’intérêt infini que présente pour le Seigneur et pour nous, cette Parousie dernière ; ni seulement à raison du devoir rigoureux de la vigilance que le Seigneur ne cessera dorénavant de nous rappeler : c’est surtout à raison de la symétrie historique des deux avènements. Dieu n’a qu’un plan unique et une même pensée qui se poursuit. Seulement, dans le développement de ce plan providentiel, il y a des moments historiques divers, offrant entre eux des symétries singulières, comme pour nous avertir que le cours des choses ne va pas au hasard.

Puis, au regard de Dieu et de ses prophètes, cette marge du temps où se développe le dessein providentiel, si longue qu’elle nous paraisse, n’est en réalité que fort peu de chose : le loisir nécessaire pour la sanctification des élus. Tout l’Ancien Testament est en raccourci dans la préparation du Sauveur, qui est venu « en la plénitude des temps ». Tout le Nouveau se résume dans le mystère du Christ et son développement régulier. Le temps ne dure que pour cela. Cela seul a pour nous de l’intérêt. Les événements et la durée des siècles où ils se déroulent n’ont de valeur réelle qu’en relation avec le mystère du Christ.

L’avènement suprême du Seigneur

L’avènement suprême du Seigneur se distinguera de l’avènement de justice en Jérusalem par son caractère soudain, inattendu, universel. Les faux prophètes vous diront, à certains moments de l’histoire: « Le Christ est ici, le Christ est là… », ne les écoutez pas ; mais lorsque le Christ se présentera à cette dernière heure du temps, il n’y aura nulle place à l’hésitation. Comme la lueur de l’éclair, jaillie de l’orient, brille jusqu’à l’autre extrémité du ciel, ainsi aura lieu l’apparition du Fils de l’homme. Et nul n’aura besoin d’invitation pour se grouper autour de lui : tous accourront, comme les aigles à leur proie, d’un vol rapide. — Nous avons rencontré déjà les comparaisons des versets 27 et 28 de saint Matthieu au chapitre 17 de saint Luc, où elles font partie d’un discours du Seigneur relatif surtout, semble-t-il, à la fin des temps.

« Aussitôt après la tribulation de ces jours », écrit saint Matthieu (29); « en ces jours-là, après cette tribulation… », écrit saint Marc (24). Il s’agit, non des jours de Jérusalem, mais des derniers jours du monde. Chacun des deux avènements de justice doit avoir sa préparation douloureuse. Comme la période mosaïque s’achèvera dans la tribulation, avant que ne brillent de tout leur éclat les jours du Messie ; ainsi les temps messianiques eux-mêmes s’achèveront dans une tribulation plus large et plus universelle ; féconde, elle aussi, puisqu’elle donnera naissance au « siècle futur », au « monde à venir », comme disaient les Juifs. Quand les épreuves suprêmes auront préparé les âmes, alors aura lieu le passage du temps à l’éternité. Il est décrit en style biblique.

Le soleil s’obscurcira, la lune refusera sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, les vertus ou puissances des cieux (les astres) seront ébranlées. Ces images, empruntées aux prophètes, nous font songer à une théophanie, ou manifestation grandiose de la puissance divine, avec les phénomènes précurseurs d’un grand désastre (Is 13, 10 ; Ez 32, 7-8 ; Am 8, 9-10 ; etc.). La description peut avoir un sens symbolique. Il peut se faire aussi que, dans la réalité, des désordres physiques accompagnent et intensifient les détresses des derniers temps : le monde matériel et le monde moral sont parfois conjugués. Ce qui sera sans doute plus terrible que les cataclysmes matériels ce sera l’obscurcissement de la lumière surnaturelle et de la raison elle-même ; ce sera la méconnaissance de l’autorité de l’Église ; la chute des étoiles, c’est-à-dire la défection de ceux qui étaient la lumière des pénibles et leur distribuaient la doctrine et l’enseignement. L’ordre physique est maintenu par les puissances célestes, qui font la régularité des saisons et encadrent les vies humaines dans un système assuré et stable : l’ébranlement des vertus des cieux est le symbole de l’ordre social déconcerté, le prélude de cette période où les éléments, jusqu’alors groupés harmonieusement, entrent en guerre les uns avec les autres et s’entredétruisent. Sur la terre, ajoute saint Luc, l’angoisse étreindra les peuples, au bruit de la mer et des flots soulevés ; les hommes sécheront d’effroi, dans l’appréhension de ce que va devenir l’univers.

Alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme, et alors aussi « toutes les tribus de la terre » (tous les impies) se lamenteront et se frapperont la poitrine (Zac 12, 10-14; Apc, 1, 7). Quel est ce signe, dont parle le seul saint Matthieu; la croix resplendissante du Seigneur, dit-on assez généralement et la Liturgie nous fait chanter: Hoc signum crucis erit in cælo cum Dominus ad iudicandum venerit. Et tous verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, en grande puissance et majesté (Dn 7, 13-14). Il est le roi des anges comme des hommes : il enverra donc ses anges, ses messagers ; et au son de la grande trompette dont parlait Isaïe (27, 13 ; cf. 1 Cor 15, 52 ; 1 Thes 4, 15-16), ils lui réuniront ses élus des quatre points cardinaux, a quatuor ventis, d’un bout du ciel à l’autre bout (Dt 30, 4 ; Zac 2, 6), « de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel », selon le texte de saint Marc. À cette heure suprême, ses élus lui viennent, non pas seulement de la Palestine et de la Diaspora, mais du monde entier.

Lorsque ces choses commenceront à se réaliser, dit le Seigneur en saint Luc, prenez courage et levez la tête, car votre délivrance approche ; l’heure de la pleine rédemption est venue. (Cf. Rom 8, 18-25.) Le contraste est absolu entre l’épouvante des méchants et l’attitude des fidèles, de tous ceux qui jusqu’alors « cachés en Dieu avec le Christ, vont apparaître avec lui en gloire » (Col 3, 3-4); de tous ceux qui, après tant d’épreuves et une si longue attente, saluent enfin le lever « du Jour » : Exspeclantes beatam spem et adventum gloriæ magni Dei et Salvatoris nostri Iesu Christi (Tit 2, 13).

Que nul ne connait le jour de la Parousie

Instruisez-vous, dit le Seigneur, par la comparaison tirée du figuier, recueillez la leçon cachée qu’il vous donne. Lorsque vous voyez le figuier, et, du reste, tous les arbres, ajoute saint Luc, se couvrir de branches tendres et flexibles et pousser des feuilles, vous savez, à n’en pas douter, que la saison chaude est voisine. De même, lorsque vous verrez tous ces événements précurseurs s’accomplir, sachez que le Fils de l’homme est proche, qu’il se tient à la porte, prêt à consommer le mystère du Royaume de Dieu. Il y a liaison naturelle et nécessaire entre ces phénomènes et la venue du Christ. « En vérité, je vous le dis : cette génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent. » Le souci de la continuité nous oblige à penser que le Seigneur parle ici des derniers événements du monde. Mais il nous reste à expliquer comment cette génération ne passera pas avant d’avoir constaté l’accomplissement de toutes ces choses.

Les contemporains du Seigneur, generatio hæc, n’auront pas tous disparu avant la ruine de Jérusalem, dont on n’était séparé que d’une trentaine d’années. En voyant que tout s’est passé pour le premier avènement, type et garantie prophétique du second, exactement comme Jésus l’avait annoncé, les fidèles comprendront que doit se réaliser la prophétie tout entière et ils se prépareront à l’acte final. — Mais l’expression generatio hæc peut avoir un sens plus étendu et signifier la continuité persévérante de la race et de la nation. La nation juive, malgré ses malheurs et sa dispersion, demeure très reconnaissable à travers les siècles : elle est un témoin de Dieu qui ne meurt pas. Elle dure, pour être finalement recueillie par le Seigneur. Figuier stérile et maudit ; mais pourtant, après un long hiver, et par un dessein de la toute-puissance et de la miséricorde divines, cet arbre desséché donnera de nouveau des rameaux et des fruits. À ce signe encore, les fidèles reconnaîtront que le règne éternel de Dieu est proche (Rom 11, 15).

Cælum et terra transibunt, poursuit le Seigneur, verba autem mea non præteribunt. Il était malaisé de persuader alors à des Juifs que Jérusalem serait bientôt anéantie. D’autre part, on pouvait craindre que fussent oubliées ou travesties les paroles du Seigneur touchant son second avènement de justice. Les hommes, nous le voyons dans la seconde épître de saint Pierre (3, 1-13), s’étonnent volontiers des lenteurs de Dieu ; ils en abritent leur incrédulité : « Est-ce que toutes choses, disent-ils, ne se sont pas passées de la même manière depuis la création? Les temps suivent leur marche uniforme et indifférente, en dépit de l’épouvantail lointain d’un jugement dont l’échéance recule toujours… » Il était bon enfin de créer au cœur des fidèles une invincible espérance. Aussi, le Seigneur affirme-t-il solennellement la certitude de ses promesses : le ciel et la terre passeront, car il y aura des cieux nouveaux et une terre nouvelle : mes paroles ne passeront point (Mt 5, 18 ; Lc 16, 17). Voilà bien l’accent de Dieu, l’accent de la toute-puissance et de la fidélité.

Quant au jour et à l’heure exacte de ce second avènement, nul n’en sait rien : ni les anges des cieux, — ni même le Fils, dit saint Marc, — mais le Père seul. C’est un secret que Dieu se réserve. Et erit dies una, quæ nota est Domino (Zac 14, 7). Gardons-nous pourtant de supposer que Jésus, en tant que Fils de Dieu, l’ignore ; il le sait même en tant qu’homme, car, selon la théologie, la science créée du Seigneur était parfaite. Mais il n’a pas reçu mission de nous révéler un secret qu’il ne nous est aucunement utile de connaître ; il ignore en tant que messager et médiateur entre son Père et nous (Cf. saint Thomas, S. Th., IIIa, q. X, a. 2, ad 1). « Non est vestrum nosse tempora vel momenta quæ Pater posuit in sua potestate », dira le Seigneur quelques instants avant l’Ascension (Act 1, 7). Si les anges savent, ils n’ont pas, eux non plus, à nous faire part de leur science.

Et l’on comprend bien que si le Père tout seul est ici mentionné, ce n’est point avec l’intention d’exclure les deux autres Personnes, mais à raison de la condition éminente de la première, et parce qu’il s’agit d’une question qui intéresse la seule souveraineté du gouvernement divin. C’est ainsi que le Seigneur a pu répondre aux fils de Zébédée : « Sedere autem ad dexteram meam vel sinistram, non est meum dare vobis, sed quibus paratum est a Patre meo » (Mt 20, 23). Il y a un jour, une heure que Dieu a fixés ; lorsque les vrais signes précurseurs se produiront, les fidèles comprendront que le Fils de l’homme frappe à la porte ; mais d’ici là nul ne saurait déterminer une date, et toutes les conjectures sont vaines. Aussi bien, cette incertitude même est-elle un stimulant et un perpétuel encouragement pour les générations chrétiennes ; car une seule chose importe : se tenir prêt toujours.

Prières

Oratio

Concéde nos fámulos tuos, quæsumus, Dómine Deus, perpétua mentis et córporis sanitáte gaudére : et, gloriósa beátæ Maríæ semper Vírginis intercessióne, a præsénti liberári tristítia et ætérna pérfrui lætítia. Per Dóminum.

Oraison

Seigneur, notre Dieu, accordez, s’il vous plaît, à nous vos serviteurs, de jouir d’une perpétuelle santé de l’âme et du corps ; et grâce à la glorieuse intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge, d’être délivrés des tristesses du temps présent, puis de goûter les joies éternelles.

Prière du Pape Clément XI (1649-1721)

Ô mon Dieu, je crois en vous, mais fortifiez ma foi ; j’espère en vous, mais affermissez mon espérance ; je me repens d’avoir péché, mais augmentez mon repentir. Je vous désire comme ma fin dernière ; je vous loue comme mon bienfaiteur continuel ; je vous invoque comme mon souverain défenseur. Mon Dieu, dirigez-moi par votre sagesse, contenez-moi par votre justice dans la ligne de mes devoirs, consolez-moi par votre miséricorde, et protégez-moi par votre puissance. Je vous consacre, mon Dieu, mes pensées, mes paroles, mes actions, mes souffrances, afin que désormais je ne pense qu’à vous, je ne parle que de vous, je n’agisse que selon vous et je ne souffre que pour vous. Seigneur, je veux ce que vous voulez, parce que vous le voulez, comme vous le voulez et autant que vous le voulez. Je vous prie d’éclairer mon entendement, d’embraser ma volonté, de purifier mon corps et de sanctifier mon âme. Mon Dieu, aidez-moi à expier mes offenses passées, à surmonter mes tentations à l’avenir, à corriger les passions qui me dominent, à pratiquer les vertus propres à ma condition. Accordez-moi, Dieu de bonté, la grâce de vous aimer et de me haïr moi-même, d’être plein de zèle pour mon prochain et de mépris pour le monde. Que je m’applique à obéir à mes supérieurs, à secourir mes inférieurs, à être fidèle à mes amis et indulgent à mes ennemis. Que j’étouffe la volupté par la mortification, l’avarice par l’aumône, la colère par la douceur, la tiédeur par la dévotion. Mon Dieu, rendez-moi prudent dans les entreprises, courageux dans les dangers, patient dans les traverses et humble dans les succès. Faites, Seigneur, que je sois attentif dans mes prières, sobre dans mes repas, exact dans mes emplois et ferme dans mes résolutions. Seigneur, inspirez-moi le soin d’avoir toujours une conscience droite, un extérieur modeste, une conversation édifiante et une conduite régulière. Que je m’applique sans cesse à dompter la nature, à seconder la grâce, à garder vos commandements et à mériter le salut. Mon Dieu, découvrez-moi quelle est la petitesse de la terre, la grandeur du ciel, la brièveté de la vie et la longueur de l’éternité. Faites que je me prépare à une bonne mort et à la crainte de votre jugement ; faites que j’évite l’enfer et que j’obtienne le paradis. Je vous demande toutes ces grâces, ô mon Dieu, par l’intercession de la sainte vierge, de mon saint patron, et le suffrage de l’Église universelle. Ainsi soit-il.

Antienne

Ã. Ecce ancílla Dómini : fiat mihi secúndum verbum tuum.

Ã. Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole.

Antienne grégorienne “Ecce ancilla Domini"