Confinement jour 10 : Jeudi de la 4ème semaine de Carême
Commentaire littéral de l’évangile par Dom Delatte
Commentaire mystique par Dom Guéranger
Considérons le mystère des trois résurrections opérées par le Sauveur : celle de la fille du prince de la synagogue (év. du 23ème dim. après la Pentecôte), celle du jeune homme d’aujourd’hui, et celle de Lazare, à laquelle nous assisterons demain. La jeune fille ne fait que d’expirer ; elle n’est pas ensevelie encore : c’est l’image du pécheur qui vient de succomber, mais qui n’a pas contracté encore l’habitude et l’insensibilité du mal. Le jeune homme représente le pécheur qui n’a voulu faire aucun effort pour se relever, et chez lequel la volonté a perdu son énergie : on le conduit au sépulcre ; et, sans la rencontre du Sauveur, il allait être rangé parmi ceux qui sont morts à jamais. Lazare est un symbole plus effrayant encore. Déjà il est en proie à la corruption. Une pierre roulée sur le tombeau condamne le cadavre à une lente et irrémédiable dissolution. Pourra-t-il revivre ? Il revivra si Jésus daigne exercer sur lui son divin pouvoir. Or, en ces jours où nous sommes, l’Église prie, elle jeûne ; nous prions, nous jeûnons avec elle, afin que ces trois sortes de morts entendent la voix du Fils de Dieu, et qu’ils ressuscitent. Le mystère de la Résurrection de Jésus-Christ va produire son merveilleux effet à ces trois degrés. Associons-nous aux desseins de la divine miséricorde ; faisons instance, jour et nuit, auprès du Rédempteur, afin que, dans quelques jours, nous puissions, à la vue de tant de morts rendus à la vie, nous écrier avec les habitants de Naïm : « Un grand Prophète s’est levé « parmi nous, et Dieu a visité son peuple. »
Prières
Prière de Denys le Chartreux (1402-1471)
Ô très doux Seigneur Jésus, Splendeur de la gloire du Père, Soleil de justice, c’est pour moi, c’est pour votre chétif petit serviteur, que vous avez voulu souffrir la douleur sous sa forme la plus vile ; c’est pour la rédemption du monde que vous avez donné votre vie sur le haut du Calvaire et que, dans une dernière prière, vous avez remis votre esprit aux mains de votre Père céleste. Voici donc ce que je vous viens demander aujourd’hui : c’est de pouvoir à tout jamais porter et sentir dans mon cœur votre amour, ô mon Dieu, et la douleur de votre mort qui fut si pleine d’amertume ; c’est aussi de m’exercer tous les jours à mourir avec vous par la mortification de tous mes vices, afin qu’à mon dernier jour, je respire joyeusement dans la lumière de votre miséricorde et entre avec vous dans les joies du Paradis. A l’heure de ma mort, Seigneur, descendez auprès de moi, et, si l’agonie s’abat sur moi, accourez bien vite à mon aide. Je vous désire, venez à moi ; je suis entouré d’ennemis, défendez-moi ; je souffre, arrachez-moi à cette douleur ; je gémis, consolez-moi ; je tremble, affermissez-moi ; j’ai froid, réchauffez-moi ; je suis abattu, relevez-moi ; j’expire, recevez-moi. Que ma dernière parole ici-bas soit la même que votre dernière parole sur la croix, et, quand ma voix ne pourra plus se faire entendre dans mon gosier muet, entendez du moins le cri de mon dernier désir : « Père, je remets mon âme entre vos mains : Dieu de vérité, vous m’avez racheté ». Ainsi soit-il.
Oratio
Pópuli tui, Deus, institútor et rector, peccáta, quibus impugnátur, expélle : ut semper tibi plácitus, et tuo munímine sit secúrus. Per Dóminum.
Oraison
Ô Dieu, fondateur et guide de votre peuple, écartez de lui les fautes qui l’accablent, afin que vous étant toujours agréable, il soit aussi en sécurité sous votre protection. Par Notre-Seigneur.
Antienne
Ã. Prophéta magnus surréxit in nobis, quia Deus visitávit plebem suam.
Ã. Un grand Prophète s’est levé parmi nous, parce que Dieu a visité son peuple.