Confinement jour 18 : Vendredi de la Passion
Marie, corédemptrice
Évangile du jour commenté par Saint Augustin
Io 11, 47 — Les Pontifes et les Pharisiens assemblèrent donc le Sanhédrin et dirent: « Que ferons-nous? Car cet homme opère beaucoup de miracles ».
Ils ne disaient pas : Croyons, car ces hommes perdus, songeaient bien plus à nuire à Jésus et à le perdre qu’à prévoir comment ils éviteraient de périr eux-mêmes. Toujours est-il qu’ils craignaient et semblaient pourvoir à l’avenir. « Ils disaient » donc : « Que faisons-nous ? car cet homme opère beaucoup de miracles ; si nous le laissons ainsi, tous croiront en lui, et les Romains viendront, et ils nous extermineront, nous et notre ville ». Ils craignaient de perdre les biens temporels, et ils ne pensaient pas à s’assurer la vie éternelle ; et ainsi ont-ils perdu l’une et l’autre. Car, après la passion et la glorification du Seigneur, les Romains leur enlevèrent et leur ville qu’ils prirent d’assaut, et leur nation qu’ils transportèrent ailleurs, et à eux s’applique ce qui a été dit en un autre endroit : « Les enfants de ce royaume iront dans les ténèbres extérieures (Mt 8, 12) ». Le sujet de leur crainte était que si tous croyaient en Jésus-Christ, il ne restât personne pour défendre la cité de Dieu et le temple contre les Romains ; car ils pensaient que la doctrine de Jésus-Christ allait contre le temple et contre les lois de leurs pères.
Io 11, 27-30 — L’un d’eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit: « Vous n’y entendez rien; vous ne réfléchissez pas qu’il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que toute la nation ne périsse pas. » Il ne dit pas cela de lui-même; mais étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation.
Par là, nous apprenons que même les hommes méchants peuvent par l’esprit de prophétie annoncer les choses à venir. Cependant l’Évangéliste attribue ce dernier fait à un mystère tout divin ; car, dit-il, il était Pontife, c’est-à-dire grand prêtre. On peut se demander comment il est appelé Pontife de cette année, car Dieu n’avait établi qu’un seul grand prêtre qui, à sa mort, ne devait avoir qu’un seul successeur. Mais il faut croire que, par suite de l’ambition et des rivalités qui surgirent parmi les Juifs, il fut établi dans la suite qu’ils seraient plusieurs, et qu’ils exerceraient leurs fonctions à leur tour et chacun pendant une année. C’est ce qui est dit à propos de Zacharie : « Or il arriva, lorsque Zacharie remplissait en son rang les fonctions du sacerdoce devant Dieu, selon la coutume établie parmi les prêtres, que le sort décida qu’il offrirait l’encens dans le temple du Seigneur (Lc 1, 8-9) ». Par là il paraît qu’ils étaient plusieurs, et qu’ils avaient leur tour. Car il n’était permis qu’au grand prêtre d’offrir l’encens (Ex 30, 7). Et peut-être pour la même année étaient-ils plusieurs qui remplissaient ces fonctions, auxquels d’autres succédaient pour l’année, et parmi eux, le sort désignait-il celui qui devait offrir l’encens ?
Que prophétisa donc Caïphe ? « Que Jésus devait mourir pour la nation ; et non-seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler les enfants de Dieu qui étaient dispersés ». Ces derniers mots ont été ajoutés par l’Évangéliste ; car Caïphe, dans sa prophétie, n’a parlé que de la nation juive, où se trouvaient ces brebis dont le Seigneur dit lui-même : « Je n’ai été envoyé que vers les brebis perdues de la maison d’Israël (Mt 15, 24) ». Mais l’Évangéliste savait qu’il y avait d’autres brebis qui n’étaient pas de ce bercail, et qu’il fallait réunir pour qu’il n’y eût qu’un seul bercail et un seul pasteur (Io 10, 16). Mais tout cela doit s’entendre par rapport à la prédestination ; car ceux qui n’avaient pas encore cru, n’étaient encore ni les brebis ni les enfants de Dieu.
Io 11, 53-54 — Depuis ce jour, ils délibérèrent sur les moyens de le faire mourir. C’est pourquoi Jésus ne se montrait plus en public parmi les Juifs; mais il se retira dans la contrée voisine du désert, dans une ville nommée Ephrem, et il y séjourna avec ses disciples.
Le motif de la conduite de Jésus n’était point la disparition de sa puissance. Certes, s’il l’eût voulu, il aurait vécu publiquement au milieu des Juifs, et ils ne lui auraient fait aucun mal ; mais, dans cette faiblesse apparente de son humanité, il montrait à ses disciples l’exemple qu’ils devaient suivre : il leur prouvait que, pour les fidèles qui sont ses membres, il n’y aurait point de péché à se dérober aux yeux de leurs persécuteurs, et à éviter leur fureur criminelle, en se cachant, plutôt qu’à l’allumer davantage, en se présentant devant eux.
Prières
Prière de Saint Odilon de Cluny (962-1048)
Je fléchis les genoux pour Celui au Nom de qui tout genou fléchit aux cieux, sur terre et aux enfers, et je confesse ma faute au Père des lumières, à qui appartiennent tous les esprits, lui qui commande sur la terre comme aux cieux. Je te bannis, ennemi du genre humain, toi qui rôdes, cherchant qui dévorer, détourne tes artifices et tes pièges occultes, car la Croix du Seigneur est avec moi, et je l’adore sans cesse.
Ô Croix mon refuge, ô Croix mon chemin et ma force, ô Croix étendard imprenable, ô Croix arme invincible. La Croix repousse tout mal, la Croix met les ténèbres en fuite ; par cette Croix je parcourrai le chemin qui mène à Dieu. La Croix est ma vie : mais pour toi, ennemi, elle est ta mort.
Que la Croix de notre Seigneur soit ma noblesse, que son Sang demeure en moi la vraie rédemption. Que sa Résurrection me donne une foi ferme et une espérance certaine en la résurrection des justes. Et que sa glorieuse Ascension dans les cieux me fasse marcher chaque jour vers l’objet de mon désir céleste ; qu’elle répande l’Esprit-Saint en nos cœurs et nous remette tous nos péchés passés. Ainsi soit-il.
Oratio
Concéde, quæsumus, omnípotens Deus : ut, qui protectiónis tuæ grátiam quærimus, liberáti a malis ómnibus, secúra tibi mente serviámus. Per Dóminum.
Oraison
Accordez à notre demande, Dieu tout-puissant, que recherchant la grâce de votre protection, nous soyons délivrés de tous maux et vous servions avec une âme tranquille. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Antienne
Ã. Príncipes sacerdótum consílium fecérunt ut Iesum occíderent : dicébant autem : Non in die festo, ne forte tumúltus fíeret in pópulo.
Ã. Les princes des prêtres tinrent conseil pour faire mourir Jésus : mais ils disaient : Non pas un jour de fête, de peur qu’il ne s’élevât du tumulte parmi le peuple.