Mardi de Pâques

Le mot de Saint Ambroise

Le Christ a préféré porter au ciel les blessures reçues pour nous, et n’a pas voulu en supprimer les traces, afin de montrer à Dieu son Père le prix de notre liberté.

Paul et Barnabé dans la synagogue d’Antioche (Act 13, 16-41) : commentaire de Dom Delatte

Saint Paul et saint Barnabé entrèrent dans la synagogue d’Antioche, le jour du sabbat, et prirent place. Le judaïsme était une grande et large fraternité : grâce aux synagogues, lieux de réunion et de prière commune, mais non de sacrifice, un Juif était partout chez lui. Peut-être Paul et Barnabé étaient-ils connus déjà. Peut-être avaient-ils avisé de leur venue ; toujours est-il que le premier accueil fut courtois et affectueux. Et après la lecture accoutumée de la Loi et des Prophètes, qui fournissait le texte de l’homélie ou exhortation (Lc 4, 17-22), les chefs de la synagogue invitèrent gracieusement Paul et Barnabé, qui sans prétention s’étaient rangés parmi les simples fidèles, à prendre la parole pour l’édification de la communauté. On a pu supposer que les divisions de l’Écriture lues ce jour-là étaient le premier chapitre du Deutéronome, qui ménageait à l’Apôtre l’occasion de résumer, comme l’avait fait saint Etienne, l’histoire religieuse des Juifs, ce qui leur était toujours sensible. Le passage des Prophètes aurait été le chapitre I d’Isaïe et amenait le thème de la rémission des péchés. Quoi qu’il en soit, l’Apôtre ne se fit pas prier pour prendre la parole ; toute chaire lui était bonne pour parler de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il se leva, demanda de la main le silence et commença, s’adressant tout à la fois et aux Juifs de nation et aux prosélytes. Le discours, plus spécialement encore que les événements de ce voyage, n’a pu être établi que sur les indications de l’Apôtre lui-même : saint Luc n’est ici que narrateur.

Prédilection de Dieu envers son peuple qui s’achève dans le salut offert en la personne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le fils de David (Act 13, 16-25).

Les Juifs, par leur naissance, les prosélytes en vertu de leur adoption, étaient les fils des Patriarches ; c’était leur histoire commune que rappelait saint Paul en parlant du séjour des Hébreux en Égypte, de leur libération miraculeuse, des quarante années de pèlerinage dans le désert, des peuples chananéens éliminés d’une terre promise par Dieu à la race élue, à la famille d’Abraham. Saint Paul assigne quatre siècles et demi au régime des Juges, depuis l’occupation de la terre de Chanaan jusqu’à l’avènement de la royauté. Les chiffres sont arrondis à dessein, les formules approximatives, et la leçon douteuse.

Le discours ne donne qu’une mention rapide au premier des rois d’Israël, Saül, (de même nom et de même tribu que le prédicateur lui-même), pour arriver, au plus tôt, au roi prédestiné, au roi selon le cœur de Dieu, et en lui et par lui, à Celui de ses fils dont il n’était lui-même que la glorieuse figure, Jésus, celui qui sauve. Les voies lui ont été ouvertes auprès de Jérusalem par Jean le Précurseur, que plusieurs regardèrent comme le Messie ; mais Jean-Baptiste les détrompait : « Non, leur disait-il, ce n’est pas moi ; mais voici qu’il vient après moi, ajoutait-il, d’une grandeur telle que je ne suis pas digne de lui dénouer la chaussure. »

Les Juifs de Jérusalem ont écarté le salut qui leur était offert, ils ont mis à mort le libérateur lui-même, mais Dieu l’a retiré du tombeau (Act 13, 26-37).

Eh bien ! disait l’Apôtre, c’est à vous tous, Juifs et prosélytes, que ce salut par le Seigneur Jésus est offert aujourd’hui. Les gens de Jérusalem et leurs chefs l’ont méconnu, l’ont jugé ; ils ont accompli, à leur insu, les prophéties qu’ils lisaient à chaque jour de sabbat ; et n’ayant pu trouver en lui aucun crime, ils ont obtenu de Pilate qu’il fût mis à mort. Descendu de la croix, il fut mis au tombeau. Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, et il s’est montré durant quarante jours à nombre de témoins qui l’avaient accompagné de la Galilée à Jérusalem. Et nous-mêmes, Barnabé et moi, nous venons vous apporter la bonne nouvelle. Le peuple juif tout entier a attendu le Messie : il n’a plus désormais à attendre. Cette grande promesse que Dieu a faite à nos pères, il l’a réalisée pour nous, leurs enfants, en relevant Jésus d’entre les morts. Cela était écrit au deuxième Psaume : « Vous êtes mon Fils, c’est aujourd’hui que je vous ai donné la vie » : car c’est à dater de la résurrection que commence, pour le Verbe de Dieu incarné, sa vie d’Adam nouveau et de chef de toute l’humanité ; c’est une vie nouvelle qu’il est allé chercher au tombeau, une vie sans fin, selon la promesse faite à David par le Dieu qui ne trompe pas. Il est dit encore dans un autre Psaume : « Vous ne permettrez pas que votre Saint subisse la corruption du tombeau. » (Ps 15, 10). Or, dit l’Apôtre saint Paul, et nous retrouvons sur ses lèvres l’exégèse donnée par saint Pierre lui-même (Act 2, 24-32), David, après avoir au cours de sa vie obéi à la volonté de Dieu, s’est endormi ; il a rejoint ses pères et a subi le sort de toute chair. Il n’en va pas de même de celui dont il était la figure, que Dieu a réveillé d’entre les morts, et qui n’a point connu la corruption du tombeau.

C’est en Notre-Seigneur Jésus-Christ ressuscité que nous obtenons la justice et le salut (Act 13, 38-41).

La dernière partie du discours de saint Paul contient l’exhortation et la conclusion pratique. On dirait une mise en demeure, et déjà, comme en germe, toute la doctrine de saint Paul. Sachez-le donc, mes frères, la loi de Moïse a été impuissante à nous justifier : nos fautes ne sont effacées qu’en Notre-Seigneur Jésus. Il n’y a pour nous de justice et de salut qu’à la condition de croire en lui et de lui appartenir. Gardons-nous d’encourir par nos résistances la menace du prophète : « Prenez garde, est-il dit à ceux qui méprisent la parole de Dieu, prenez garde aux surprises et aux terreurs du lendemain ; car je vais, sous vos yeux, accomplir une œuvre telle que vous ne pourriez la croire, si elle vous était seulement racontée. » C’est au prophète Habacuc (Hab 2, 4) que l’Apôtre emprunte à la fois et la formule qu’il développera plus tard dans ses épîtres aux Galates, aux Romains, aux Hébreux : « Le juste vit de la Foi » ; et la menace suspendue sur la tête de ceux qui méprisent (Hab 1, 4 et Hab 2, 5 d’après les Septante). Dans la prophétie, le péril dénoncé est l’invasion des Chaldéens ; ici, c’est un châtiment de Dieu dont tous les fléaux antérieurs ne sont qu’une pâle figure : le châtiment qui ne finit pas, la captivité éternelle.

Prières

Oratio

Deus, qui Ecclésiam tuam novo semper fœtu multíplicas : concéde fámulis tuis ; ut sacraméntum vivéndo téneant, quod fide percepérunt. Per Dóminum.

Oraison

Ô Dieu, qui agrandissez sans cesse votre Église par une nouvelle génération : accordez à vos serviteurs de garder dans leur vie le sacrement qu’il ont reçu par la foi.

Exhortation de Saint Ephrem le Syrien (306-373)

Jésus, Notre-Seigneur, le Christ, nous est apparu du sein de son Père. Il est venu et nous a tirés des ténèbres et nous a illuminés de sa joyeuse lumière. Le jour s’est levé pour les hommes ; la puissance des ténèbres est chassée. De sa lumière s’est levée pour nous une lumière qui a éclairé nos yeux obscurcis. Il a fait lever sa gloire sur le monde et a éclairé les plus profonds abîmes. La mort est anéantie, les ténèbres ont pris fin, les portes de l’enfer sont en pièces. Il a illuminé toutes les créatures, ténèbres depuis les temps anciens. Il a réalisé le salut et nous a donné la vie ; ensuite il viendra dans la gloire et il éclairera les yeux de tous ceux qui l’auront attendu. Notre Roi vient dans sa grande gloire : allumons nos lampes, sortons à sa rencontre (Mt 25,6) ; réjouissons-nous en lui comme il s’est réjoui en nous et nous réjouit par sa glorieuse lumière. Mes frères, levez-vous, préparez-vous pour rendre grâce à notre Roi et Sauveur qui viendra dans sa gloire et nous réjouira de sa joyeuse lumière dans le Royaume. Ainsi soit-il.

Antiennes

Ã. Stetit Iesus in médio discipulórum suórum, et dixit eis : Pax vobis, allelúia, allelúia.

Ã. Jésus se tint au milieu de ses disciples et leur dit : Paix à vous, alleluia, alleluia​.

Antienne grégorienne “Stetit Iesus”

Ã. Vidéte manus meas et pedes meos, quia ego ipse sum, allelúia, allelúia.

Ã. Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi, alleluia, alleluia​.

Antienne grégorienne “Videte manus”

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