Samedi des Quatre-Temps de Carême

Note sur le jeûne et l’abstinence

La loi ecclésiastique du jeûne oblige tous les fidèles, non excusés ou dispensés, qui ont entre 21 et 60 ans. La loi de l’abstinence de viande oblige dès l’âge de 7 ans.
Le jeûne consiste à faire un seul repas par jour, mais deux petites collations, que les théologiens limitent à 60 grammes le matin et 250 grammes le soir, sont tolérées.
Pendant le Carême, on doit jeûner tous les jours sauf les dimanches, et on doit s’abstenir de viande le mercredi des Cendres, le mercredi des Quatre-Temps, et tous les vendredis et samedis.

Le mot de Saint Bernard

Toutes les fois que nous songeons au poids du jour, pensons aussi à celui de la gloire éternelle.

La Transfiguration (Mt 17, 1-9) : commentaire de Dom Delatte

Une tradition courante veut que la « haute montagne » où Jésus se retira pour prier, dans la solitude, soit le mont Thabor, au sud-ouest du lac de Tibériade. Et cette hypothèse rendrait raison de ce que dit un peu plus loin saint Marc (verset 13) de l’auditoire du Seigneur : outre les scribes, qui ne devaient guère dépasser la frontière, il se compose d’une grande foule, qui témoigne un empressement extrême, comme auprès d’un thaumaturge bien connu. Il est sûr que le Seigneur a eu le loisir de franchir la distance qui sépare Césarée, où il se trouvait la semaine précédente, du Thabor. Mais comme aucun évangéliste ne laisse supposer un changement de lieu, et qu’à cette époque la cime du Thabor était, selon Josèphe, occupée par une forteresse, il paraît plus vraisemblable que nous sommes toujours dans la même région, sur un sommet quelconque de la chaîne de l’Hermon.

Le Seigneur prend avec lui trois apôtres seulement : Pierre, Jacques le Majeur et Jean, ceux qui ont assisté à la résurrection de la fille de Jaïre, ceux qui seront témoins de l’Agonie. Saint Luc ne manque pas d’observer que Jésus se retire sur la montagne pour y invoquer Dieu en paix. Il est seul avec ses disciples préférés. C’est la nuit, semble-t-il. Aussi, après leur prière, les apôtres fatigués ferment-ils les yeux et s’endorment, comme ils le feront plus tard au jardin des Oliviers. Cependant, l’oraison du Seigneur se poursuit. Durant sa prière, ses traits s’éclairent, son visage brille comme le soleil, ses vêtements eux-mêmes resplendissent comme la neige, « si blancs, dit saint Marc, qu’il n’est pas de foulon sur terre qui puisse blanchir ainsi. » Dans l’éclat glorieux d’un instant nous est manifesté ce à quoi avait droit, dès la première heure de l’Incarnation, Notre-Seigneur Jésus-Christ, ce dont il se dépouillait volontairement, pour remplir son office de Rédempteur. Bientôt apparaissent deux personnages vénérables, reconnaissables soit à un symbole traditionnel, soit au nom qu’ils se donnaient dans l’entretien : Moïse et Élie, la Loi et les Prophètes ; eux aussi étaient baignés de clarté et portaient en eux le reflet de la gloire du Seigneur. Ils s’entretenaient avec lui. À coup sûr, ils ne sont intervenus dans la prière de Jésus que pour s’harmoniser avec elle, non pour en modifier la teneur ; et parce que l’oraison du Seigneur avait pour sujet sa Passion prochaine. Moïse et Élie parlaient avec lui de son départ, de cette sortie du monde qu’il devait accomplir en Jérusalem.

Les apôtres, alourdis par le sommeil, n’aperçurent pas tout d’abord ce qui se passait. Mais la lumière et le son des voix les réveillèrent ; leurs yeux s’ouvrirent pour contempler la beauté de leur Maître et apercevoir les deux personnages qui se trouvaient près de lui. Ils demeurèrent quelque temps silencieux, attentifs, ravis du spectacle ; et ce n’est qu’à l’heure où Moïse et Élie semblent vouloir prendre congé du Seigneur, l’entretien touchant à sa fin, que Pierre intervient, avec sa vivacité coutumière. « Maître, dit-il, il nous est bon d’être ici ! Si vous le voulez, nous y dresserons trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et une pour Élie ? » Pierre ne songe qu’à prolonger une société si douce. Pourquoi quelqu’un s’en irait-il ? Il est si facile d’improviser un abri pour chacun ; les trois disciples n’ont besoin de rien : ils demeureront, eux, à la belle étoile… Que voulait-il, au juste ? L’évangile nous dispense de le déterminer, puisqu’il ajoute que Pierre ne savait trop ce qu’il disait : ses compagnons et lui étaient hors d’eux-mêmes, sous l’influence de la joie, d’une terreur religieuse, et dans cette disposition ravie où l’âme dit au Seigneur des folies. Il n’est pas défendu de reconnaître dans la Transfiguration une grande grâce sensible accordée aux apôtres qui devaient assister à l’Agonie ; on peut y rechercher les raisons de semblables faveurs, en même temps que les conditions requises pour en profiter ; mais il y a dans ce mystère quelque chose de plus qu’un enseignement de psychologie surnaturelle. Les apôtres avaient confessé, avec saint Pierre, la grandeur divine de Jésus ; avec saint Pierre aussi, il leur était difficile de concilier ensemble les gloires du Messie et ses humiliations ; et voici que, devant eux, pour eux, et d’une manière vraiment complète, cette synthèse s’accomplit d’elle-même au cours de la Transfiguration.

Saint Pierre n’avait pas encore achevé sa remarque qu’une nuée lumineuse enveloppa le Seigneur et ses deux assistants. C’était déjà un témoignage considérable que celui de Moïse et d’Élie : tout l’Ancien Testament s’inclinant en leur personne devant le Messie glorieux ; la Loi et les Prophètes s’entretenant du programme de la Rédemption par la souffrance. Mais survient un autre témoignage, plus solennel et plus décisif encore : avec la nuée lumineuse, comme dans les anciennes théophanies, c’est Dieu lui-même qui se manifeste. Et les apôtres frémissent en voyant le Seigneur, Moïse et Élie entrer dans la nuée. La scène du Baptême se renouvelle. De cette nuée qui symbolise l’Esprit de Dieu, sort la voix du Père, accréditant le Messie comme son Fils : « Celui-ci est mon Fils, mon Fils aimé, en qui j’ai mis toute ma complaisance. Écoutez-le. » Les éditions critiques de saint Luc portent « le choisi, l’élu ». Jésus est donc autorisé auprès des hommes par sa filiation divine, par l’amour éternel que lui témoigne le Père, par l’unité de pensée et de vouloir avec le Père. « Écoutez-le ». Il est le Verbe. Chez les hommes, il est possible à ceux qui parlent de se taire ensuite : la parole leur est un accident ; mais le Verbe ne se tait point ; le Christ est présent toujours, et le Verbe parle sans cesse à l’Église et aux âmes. Dès lors, la Loi et les Prophètes peuvent faire silence, et Moïse avec Élie se retirer. Une seule tente, un seul tabernacle suffira, à la condition qu’il soit capable de nous contenir tous, auprès du Seigneur : Ecce tabernaculum Dei cum hominibus et habitabit cum eis (Apc 21, 3).

De telles assurances confirmaient les apôtres dans leur foi, dans leur pleine adhésion au Messie. Toutefois, comme toutes les paroles venant de Dieu, elles produisirent d’abord chez eux une grande frayeur ; ils se prosternèrent la face contre terre. Mais le Seigneur s’approcha, les toucha doucement de la main et leur dit : « Levez-vous ! Soyez sans crainte. » Ils reconnurent la voix familière, levèrent les yeux, regardèrent tout autour d’eux. Mais ils ne virent plus personne, sinon Jésus seul, Jésus qui demeurait. On descendit ensemble de la montagne. Le jour venait. Nous devinons l’empressement respectueux des apôtres autour de ce Maître béni, Fils de Dieu et tout à l’heure resplendissant des clartés divines. Saint Pierre devait s’en souvenir toujours, et vers la fin de sa vie rappeler aux chrétiens la scène glorieuse : Speculatores facti illius magnitudinis (2 Pt 1, 16-18). Et sans doute, sur l’heure, les trois privilégiés remerciaient Dieu de les avoir conduits à une telle fête. On ne peut rien imaginer de plus aimable, de plus habile et de plus prudent tout à la fois que la réponse du Seigneur : « Tout ceci est entre vous et moi. Vous n’en direz rien à personne. Vos lèvres ne seront déliées que lorsque le Fils de l’homme sera ressuscité d’entre les morts. » Il y a une affectation évidente, chez le Seigneur, à prédire à la fois Passion et Résurrection ; il cultive au cœur des disciples la notion de sa souffrance rédemptrice, de peur qu’ils n’en soient surpris, et, pour les prémunir contre tout scandale, leur prédit en même temps et sa mort et son triomphe sur la mort.

Prières

Oratio

Pópulum tuum, quæsumus, Dómine, propítius réspice : atque ab eo flagella tuæ iracúndiæ cleménter avérte. Per Dóminum.

Oraison

Regardez, Seigneur, votre peuple d’un œil favorable, et, dans votre clémence, détournez de lui les fléaux de votre colère.

Oratio

Adésto, quæsumus, Dómine, supplicatiónibus nostris : ut esse, te largiénte, mereámur et inter próspera húmiles, et inter advérsa secúri. Per Dóminum.

Oraison

Daignez, nous vous en supplions, Seigneur, être attentif à nos supplications, afin que par votre grâce, nous puissions rester humbles dans la prospérité, et confiants dans l’adversité.

Prière de Saint Gabriel de l’Addolorata (1838-1862)

Je crois, ô Marie, que vous êtes la mère de tous les hommes, et que vous les avez tous reçus en la personne de Jean, selon le désir de Jésus. Je crois que vous êtes notre vie, et je vous appellerai avec Saint Augustin, l’unique espérance des pécheurs, après Dieu. Je crois que vous êtes le souffle vivifiant des chrétiens et leur secours, surtout à la mort. C’est par vous que nous recevons le don inestimable de la sainte persévérance. En marchant à votre suite, je ne sortirai pas du droit chemin ; si vous priez pour moi je ne serai pas incorrigible ; demeurant avec vous je ne tomberai pas ; si vous me protégez, je n’aurai rien à craindre ; je ne me fatiguerai pas en vous suivant, et je parviendrai jusqu’à vous si vous m’êtes propice. Je crois que vous couvrez de votre protection tous ceux qui ont recours à vous. Vous prévenez ceux qui vous cherchent et même, sans en être priée, vous vous hâtez de les secourir. Je crois que toutes les grâces que Dieu nous dispense passent par vos mains ; que toutes les miséricordes qui ont été accordées aux hommes l’ont été par votre entremise et que personne ne peut entrer au ciel que par vous, qui en êtes la porte. Je crois qu’un seul de vos soupirs a plus de valeur que les prières de tous les saints ensemble. Quand vous priez, tous les saints unissent leurs prières aux vôtres. Je crois que vous êtes une avocate si dévouée que vous ne refusez pas de prendre en mains la cause des plus misérables. Je vous regarde comme la médiatrice de la paix entre Dieu et les pécheurs et je crois que Dieu vous a créée comme un appât très agréable pour prendre les hommes, surtout les pécheurs et les attirer à lui. Vous êtes pleine d’attention pour compatir à nos misères et les secourir. Je crois que la compassion que vous aviez pour les malheureux quand vous étiez sur la terre, est autant dépassée en grandeur, maintenant que vous régnez dans le ciel, que la lune est surpassée par le soleil en grandeur et en éclat. Je crois, avec saint Hilaire, que vos dévots serviteurs ne peuvent jamais se perdre, quelque grands pécheurs qu’ils aient été auparavant. Je crois, avec saint Éphrem, que la dévotion envers vous est le passeport du salut.

Antienne

Ã. Dómine, bonum est nos hic esse : si vis, faciámus hic tria tabernácula, tibi unum, Móysi unum et Elíæ unum.

Ã. Seigneur, il nous est bon d’être ici ; si vous le voulez, faisons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et une pour Élie.

Antienne grégorienne “Domine bonum est

Antienne Domine bonum est

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