Jeudi de la 4ème semaine de Carême

Le mot de Saint Ambroise

Quel est ton tombeau sinon les mauvaises mœurs ?

Le fils de la veuve de Naïm (Lc 7, 11-16) : commentaire littéral de Dom Delatte

Un jour, le Seigneur se dirige vers une ville nommée Naïm, accompagné de ses disciples et d’une grande foule. C’est le seul endroit de l’Écriture où soit prononcé le nom de Naïm, ou plutôt Naïn. Elle est au sud-ouest du lac de Tibériade, non loin d’Endor. On voit que le Seigneur traversait la Galilée dans tous les sens. À la porte de la ville, son cortège en croisa un autre : c’était un fils unique que l’on portait en terre ; sa mère était veuve ; et un grand nombre de personnes de la ville l’entouraient. Elle pleurait; elle pleurait toute sa joie, toute sa tendresse, toute sa vie perdue, consciente désormais de son absolue solitude. Jésus la vit, et son cœur s’émut de compassion pour elle. « Ne pleurez pas, » lui dit-il. La parole eût été cruelle, si le Seigneur n’avait pas été le maître souverain de la vie et de la mort. Il s’approcha et toucha le cercueil, mais d’un geste d’autorité qui arrêta les porteurs. Le cercueil étant découvert, et le suaire tout seul cachant la tête du défunt, Jésus pouvait s’adresser directement à lui. « Jeune homme, dit-il, je vous l’ordonne, levez-vous ! » Le jeune homme aussitôt se releva, s’assit dans le cercueil et prit la parole, sans doute pour remercier le Seigneur, qui le prit par la main et le rendit à sa mère. L’évangile, toujours sobre et se refusant à introduire l’émotion dans son récit, ne nous dit rien des sentiments du fils et de la mère, mais il note la crainte religieuse qui s’empara de tous les assistants, et leurs réflexions. Ils glorifiaient Dieu et le bénissaient de ce qu’un grand prophète s’était levé parmi eux, et de ce qu’après de longs jours de silence. Dieu avait enfin visité son peuple. Le bruit de ce miracle, avec les réflexions du peuple et le jugement porté sur le nouveau Prophète, se répandit dans toute la Judée, c’est-à-dire la Palestine, et tout le pays d’alentour.

Le fils de la veuve de Naïm (Lc 7, 11-16) : commentaire mystique de Dom Guéranger

Aujourd’hui et demain encore, la sainte Église ne cesse de nous offrir des types de la résurrection : c’est l’annonce de la Pâque prochaine, et en même temps un encouragement à l’espérance pour tous les morts spirituels qui demandent à revivre. Avant d’entrer dans les deux semaines consacrées aux douleurs du Christ, l’Église rassure ses enfants sur le pardon qui les attend, en leur offrant le spectacle consolant des miséricordes de celui dont le sang est notre réconciliation. Délivrés de toutes nos craintes, nous serons plus à nous-mêmes pour contempler le sacrifice de notre auguste victime, pour compatir à ses douleurs. Ouvrons donc les yeux de l’âme, et considérons la merveille que nous offre notre Évangile. Une mère éplorée conduit le deuil de son fils unique, et sa douleur est inconsolable. Jésus est touché de compassion ; il arrête le convoi ; sa main divine touche le cercueil ; et sa voix rappelle à la vie le jeune homme dont le trépas avait causé tant de larmes. L’écrivain sacré insiste pour nous dire que Jésus le rendit à sa mère. Quelle est cette mère désolée, sinon la sainte Église qui mène le deuil d’un si grand nombre de ses enfants ? Jésus s’apprête à la consoler. Il va bientôt, par le ministère de ses prêtres, étendre la main sur tous ces morts ; il va bientôt prononcer sur eux la parole qui ressuscite ; et l’Église recevra dans ses bras maternels tous ces fils dont elle pleurait la perte, et qui seront pleins de vie et d’allégresse.

Considérons le mystère des trois résurrections opérées par le Sauveur : celle de la fille du prince de la synagogue (év. du 23ème dim. après la Pentecôte), celle du jeune homme d’aujourd’hui, et celle de Lazare, à laquelle nous assisterons demain. La jeune fille ne fait que d’expirer ; elle n’est pas ensevelie encore : c’est l’image du pécheur qui vient de succomber, mais qui n’a pas contracté encore l’habitude et l’insensibilité du mal. Le jeune homme représente le pécheur qui n’a voulu faire aucun effort pour se relever, et chez lequel la volonté a perdu son énergie : on le conduit au sépulcre ; et, sans la rencontre du Sauveur, il allait être rangé parmi ceux qui sont morts à jamais. Lazare est un symbole plus effrayant encore. Déjà il est en proie à la corruption. Une pierre roulée sur le tombeau condamne le cadavre à une lente et irrémédiable dissolution. Pourra-t-il revivre ? Il revivra si Jésus daigne exercer sur lui son divin pouvoir. Or, en ces jours où nous sommes, l’Église prie, elle jeûne ; nous prions, nous jeûnons avec elle, afin que ces trois sortes de morts entendent la voix du Fils de Dieu, et qu’ils ressuscitent. Le mystère de la Résurrection de Jésus-Christ va produire son merveilleux effet à ces trois degrés. Associons-nous aux desseins de la divine miséricorde ; faisons instance, jour et nuit, auprès du Rédempteur, afin que, dans quelques jours, nous puissions, à la vue de tant de morts rendus à la vie, nous écrier avec les habitants de Naïm : « Un grand Prophète s’est levé « parmi nous, et Dieu a visité son peuple. »

Prières

Oratio

Præsta, quæsumus, omnípotens Deus : ut, quos ieiúnia votíva castígant, ipsa quoque devótio sancta lætíficet ; ut, terrénis afféctibus mitigátis, facílius cæléstia capiámus. Per Dóminum.

Oraison

Faites, nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, que, nous mortifiant par ces jeûnes solennels, nous ressentions la joie d’une dévotion sainte, en sorte que l’ardeur de nos affections terrestres étant diminuée, nous goûtions plus aisément les choses du ciel.

Oratio

Pópuli tui, Deus, institútor et rector, peccáta, quibus impugnátur, expélle : ut semper tibi plácitus, et tuo munímine sit secúrus. Per Dóminum.

Oraison

Ô Dieu, fondateur et guide de votre peuple, écartez de lui les fautes qui l’accablent, afin que vous étant toujours agréable, il soit aussi en sécurité sous votre protection.

Prière de Denys le Chartreux (1402-1471)

Ô très doux Seigneur Jésus, Splendeur de la gloire du Père, Soleil de justice, c’est pour moi, c’est pour votre chétif petit serviteur, que vous avez voulu souffrir la douleur sous sa forme la plus vile ; c’est pour la rédemption du monde que vous avez donné votre vie sur le haut du Calvaire et que, dans une dernière prière, vous avez remis votre esprit aux mains de votre Père céleste. Voici donc ce que je vous viens demander aujourd’hui : c’est de pouvoir à tout jamais porter et sentir dans mon cœur votre amour, ô mon Dieu, et la douleur de votre mort qui fut si pleine d’amertume ; c’est aussi de m’exercer tous les jours à mourir avec vous par la mortification de tous mes vices, afin qu’à mon dernier jour, je respire joyeusement dans la lumière de votre miséricorde et entre avec vous dans les joies du Paradis. À l’heure de ma mort, Seigneur, descendez auprès de moi, et, si l’agonie s’abat sur moi, accourez bien vite à mon aide. Je vous désire, venez à moi ; je suis entouré d’ennemis, défendez-moi ; je souffre, arrachez-moi à cette douleur ; je gémis, consolez-moi ; je tremble, affermissez-moi ; j’ai froid, réchauffez-moi ; je suis abattu, relevez-moi ; j’expire, recevez-moi. Que ma dernière parole ici-bas soit la même que votre dernière parole sur la croix, et, quand ma voix ne pourra plus se faire entendre dans mon gosier muet, entendez du moins le cri de mon dernier désir : « Père, je remets mon âme entre vos mains : Dieu de vérité, vous m’avez racheté ». Ainsi soit-il.

Antienne

Ã. Prophéta magnus surréxit in nobis, quia Deus visitávit plebem suam.

Ã. Un grand Prophète s’est levé parmi nous, parce que Dieu a visité son peuple.

Antienne grégorienne “Propheta magnus”

Antienne Propheta magnus

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