Confinement jour 12 : Samedi de la 4ème semaine de Carême

La Punchline des Pères du désert
Personne ne peut aimer Jésus s’il n’aime d’abord l’effort.

Sermon

Sur l'oraison "super populum" du jour : Miséricorde et pénitence

Évangile du jour commenté par Dom Paul Delatte

Io 8, 12 — Jésus parla à la foule des juifs, disant: « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. »

Nous sommes au lendemain de la fête des Tabernacles. Ne semble-t-il pas que le Seigneur ait voulu, dans son enseignement, fournir le commentaire de tout ce que cette fête contenait de voilé et de mystérieux ? Le peuple de Dieu, après l’Incarnation, est encore en marche vers la terre promise Au cours du chemin, le Fils de Dieu nous est tout ce dont nous avons besoin : il est notre nourriture (Io 6), il est l’eau miraculeuse qui jaillit du rocher (Io 7). La manne, c’est lui ; la pierre, c’est lui encore (1 Cor 10, 4) ; l’eau vive, c’est lui qui la procure, et en celui qui l’a reçue, elle devient une source qui jaillit jusqu’à la vie éternelle. Pourtant, il était un symbole que le Seigneur ne s’était pas appliqué encore. Un enfant sachant l’histoire sainte aurait pu dire : « Oui , Seigneur ; mais , dans le désert. Dieu était le guide de son peuple. L’Ange de Dieu était à la tête de tout Israël. Il y avait une colonne de feu et de fumée : de feu, la nuit ; de fumée, le jour ; et selon qu’elle s’ébranlait ou s’arrêtait, le peuple de Dieu ou la suivait ou suspendait sa marche… » La fête des Tabernacles comportait, dans son programme, des illuminations, des processions aux flambeaux. Le Seigneur va montrer qu’il ne manque rien pour que soit parfaite la correspondance entre la réalité et la figure.

« Je suis la lumière du monde ». Ce n’est pas la colonne de feu et de fumée qui est la lumière du monde ; elle n’était que le guide d’un petit peuple, durant les quarante années de sa vie errante. Même alors, elle n’était encore qu’un symbole de l’Ange de Dieu, du Verbe de Dieu, s’essayant dès lors à vivre au milieu des hommes. Mais la lumière vraie et sans ombre, la lumière du monde et de tous, la lumière qui s’adresse à l’âme, la lumière qui marche devant vous et qui est en vous, c’est moi, dit le Seigneur. Celui qui me suit, qui se tient près de moi, marchant avec moi et de mon pas, celui-là ne chemine plus dans les ténèbres. Il est en possession de la vraie lumière (Io 1, 9).

Io 8, 13-14 — Sur quoi les Pharisiens lui dirent: « Vous rendez témoignage de vous-même; votre témoignage n’est pas digne de foi. » Jésus leur répondit : « Quoique je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est véridique, parce que je sais d’où je suis venu et où je vais; mais vous, vous ne savez d’où je viens ni ou je vais.

« Je suis la lumière du monde » : jamais homme, si ce n’est le Seigneur, n’a osé parler ainsi de lui-même. Une telle plénitude d’affirmation trahit la souveraine autorité de Dieu. Mais les pharisiens, évincés naguère par l’exception que leur a opposée le Sauveur, se préparent à lui répondre sur le même ton et par le même procédé : à une fin de non-recevoir, ils opposent une fin de non-recevoir. C’est un axiome de droit que nul n’est témoin ni juge dans sa propre cause. Quelle créance, dès lors, mérite l’affirmation de Jésus en faveur de l’autorité infinie et universelle qu’il s’arroge ? Il se rend témoignage à lui-même : son témoignage n’est pas acceptable. — Si les pharisiens avaient voulu, peut-être auraient-ils trouvé dans la doctrine même de Jésus réponse à leur difficulté. Le Seigneur se disait la lumière du monde ; or, la condition de la lumière, c’est précisément de n’avoir pas besoin de témoignage autre qu’elle-même. C’est elle qui fait voir, et c’est par là même qu’elle se démontre : le témoignage de la lumière suffit à la lumière. Même dans l’ordre des relations humaines, il est des hommes que l’on croit sur parole, et le Seigneur, sans aucun doute, était de ceux-là. Néanmoins, il consent à discuter avec les Juifs. Moi, dit-il, alors même que je porte témoignage à mon sujet, mon attestation mérite créance. J’échappe aux lois ordinaires, simplement parce que je suis le Fils de Dieu, sachant seul d’où je viens et où je vais. Cela, je le sais seul, et nul autre que moi ne peut enseigner aux hommes qui je suis.

Io 8, 15-18 — Vous jugez selon la chair; moi je ne juge personne. Et si je juge, mon jugement est véridique, car je ne suis pas seul, mais moi, et le Père qui m’a envoyé. Il est écrit dans votre Loi, que le témoignage de deux hommes est digne de foi. Or, je rends témoignage de moi-même, et le Père qui m’a envoyé rend aussi témoignage de moi. »

« Mais cependant, pouvaient objecter les pharisiens, votre témoignage court risque d’être faussé par l’amour-propre et une estime irrégulière de vous-même ? » Non, dit le Seigneur, j’ai conscience exacte de ce que je suis. Je ne juge personne selon la chair, selon les apparences, et ce n’est pas selon la chair que je parle de moi. Vous autres, là où vous voyez une forme humaine, vous déclarez : il n’y a qu’une forme humaine. Vous affirmez ce que vous voyez, vous niez ce que vos yeux n’aperçoivent pas. Je ne suis pas exposé à cette infirmité. Alors que je prononce sur moi-même et sur tous autres, mon jugement, fondé sur une pleine connaissance, est exact. Le Fils de Dieu est la règle et la vérité. L’homme de droiture peut se tromper, mais la vérité ne saurait jamais se séparer d’elle-même. — « Mais enfin, vous êtes seul ! » Non, cette unité du témoin n’est point telle que vous pensez. Lorsque je prononce, mon jugement est vrai, parce que je ne suis pas seul : il y a toujours, dans ma parole, et moi et celui qui m’a envoyé. Or, dans votre Loi, il est écrit que le témoignage de deux hommes fait autorité, qu’il est recevable en justice (Dt 19, 15) ; vous avez sur moi le double témoignage et du Fils et du Père qui l’a envoyé : est ce que l’attestation de deux personnes divines serait moins sûre que celle de deux personnes humaines ? — On voit que le Seigneur répond à toutes les difficultés élevées contre lui par l’affirmation réitérée de sa filiation.

Io 8, 19-20 — Ils lui dirent donc: « Où est votre Père? » Jésus répondit: « Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père: si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. » Jésus parla de la sorte dans le parvis du Trésor, lorsqu’il enseignait dans le temple; et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue.

Mais les Juifs ne se rendent pas encore. Un témoin doit être vu, entendu : sans cela il est loisible à n’importe qui d’en appeler au témoignage de n’importe qui. On nous parle de deux témoignages : mais où est le second témoin ? Votre Père, où est-il ? Quelle autorité peut constituer pour vous un témoin absent et invisible ? — Une fois de plus, le Seigneur élude le sarcasme latent de la question, et se borne à répondre : Vous ne me connaissez pas. Ce n’est pas connaître Un homme que de constater sa présence corporelle, apercevoir ses traits, le distinguer d’avec les autres hommes par des indices extérieurs ; on ne connaît quelqu’un que lorsque l’on sait ce qu’il est réellement et intérieurement. Or vous ne connaissez ni moi ni mon Père ; celui pourtant que vous appelez votre Dieu, vous ne pourriez le connaître que par moi. Il n’y a de vraie manifestation du Père que dans et par le Fils. — Ces paroles furent prononcées observe l’évangéliste, au cours de l’enseignement que Jésus donnait aux foules, dans la galerie du Trésor, située à l’angle du parvis des femmes. Le Seigneur parle en public, dans un endroit fréquenté, près de la demeure des prêtres ; mais, non plus que les jours précédents, personne ne se saisit de lui, parce que son heure n’était pas venue encore.

Prières

Oratio

Deus, qui sperántibus in te miseréri pótius éligis quam irasci : da nobis digne flere mala, quæ fécimus ; ut tuæ consolatiónis grátiam inveníre mereámur. Per Dóminum.


Oratio ad petendam compunctionem cordis

Omnípotens et mitíssime Deus, qui sitiénti pópulo fontem vivéntis aquæ de petra produxísti : educ de cordis nostri durítia lácrimas compunctiónis; ut peccáta nostra plángere valeámus, remissionémque eórum, te miseránte, mereámur accípere. Per Dóminum.

Oraison

Ô Dieu, qui préférez avoir pitié de ceux qui espèrent en vous, plutôt que de vous irriter ; donnez-nous de pleurer comme il convient le mal que nous avons commis, en sorte que nous méritions la grâce d’être consolés par vous. Par Notre-Seigneur.

Oraison pour demander la componction du cœur

Ô Dieu tout puissant et très doux, qui pour le peuple assoiffé avez fait surgir du rocher une source d’eau vive, faites jaillir de nos cœurs endurcis les larmes de la componction, pour que, pleurant nos péchés, nous méritions d’obtenir le pardon par votre miséricorde. Par Notre-Seigneur.

Antiennes

Ã. Ego sum lux mundi : qui séquitur me, non ambulábit in ténebris : sed habébit lumen vitæ, dicit Dóminus.

Ã. Je suis la lumière du monde : celui qui me suit, ne marchera pas dans les ténèbres : mais il aura la lumière de la vie, dit le Seigneur.​

Antienne grégorienne “Ego sum lux mundi”

Ã. Ego sum qui testimónium perhíbeo de meípso : et testimónium pérhibet de me, qui misit me, Pater.​

Ã. C’est moi qui rends témoignage de moi-même : mais il rend aussi témoignage de moi, mon Père qui m’a envoyé.

Antienne grégorienne “Ego sum qui testimonium”