5 mai — Dédicace de la Cathédrale de Besançon

Le mot du P. Garrigou-Lagrange

Dans les choses de ce monde, qui contiennent du bien et du mal intimement mêlés et sont pour cela très complexes, celui qui veut être simple, manque de pénétration, reste naïf, ingénu et superficiel.

Sermon

Sur la Dédicace de la Cathédrale de Besançon

Sur la Dédicace des églises (texte de Dom Gaspard Lefebvre)

De tous temps Dieu a voulu qu’on lui érigeât des autels et qu’on lui consacrât des endroits où le peuple se réunirait pour lui rendre le culte qui lui est dû (All.) et pour y recevoir plus abondamment ses grâces (Or.). Comme autrefois Salomon pour le temple de Jérusalem, l’Église s’est toujours plu à employer toutes les ressources du génie humain et toutes les richesses de la nature pour qu’elles fissent retour à Dieu dans la construction de sanctuaires dignes de Lui.

La cérémonie de la Dédicace du Temple de Jérusalem dura huit jours et les Juifs en renouvelaient solennellement la mémoire chaque année. L’Église consacre de même ses temples par une fête qui avait autrefois presque l’éclat de Pâques et de l’Epiphanie, et dont les rites se ramènent à trois chefs principaux : consécration de l’église, consécration de l’autel et translation des reliques. Par sa dédicace à Dieu, l’église est revêtue d’un caractère qui commande le respect et la confiance. C’est là en effet, comme chez Zachée, que Jésus descend (Évang.). L’église est « la maison de Dieu, la porte du ciel, on l’appelle le palais divin » (Intr.). Elle est « le tabernacle de Dieu parmi les hommes » (Ép.) et c’est là que s’établissent les relations officielles qui relient l’homme à son Créateur, car c’est là que se déroulent les cérémonies du culte liturgique prescrites par l’Église et par lesquelles on honore les trois personnes divines. « Soyez ici présent, dit l’Évêque au jour de la Consécration, ô Dieu éternel, un en nature et trois en personnes : Père, Fils, Esprit-Saint. » La pierre ferme sur laquelle est solidement bâtie la maison du Seigneur (All.), c’est l’autel où descend Jésus et qui est le centre où tout converge dans l’église. Le Christ est en effet la pierre d’angle de l’édifice spirituel dont le temple matériel n’est que l’emblème et qui est formé par la réunion de tous les chrétiens, « ces pierres vivantes taillées par le ciseau des épreuves et polies par le marteau des souffrances, pour devenir le temple divin où honneur et gloire sont rendus en tous lieux au Père, au Fils et au Saint-Esprit » (Hymne de Mat., Postc.). Et ce symbole est d’autant plus réel que, comme l’église et l’autel qui sont d’abord lavés, puis oints de l’huile sainte, et qui reçoivent Jésus-Hostie, chaque chrétien est lavé dans les eaux du Baptême, oint du chrême de la Confirmation et reçoit l’Eucharistie dans son cœur. Le temple matériel est enfin le symbole de la Jérusalem céleste où retentissent continuellement les chants d’allégresse des élus. Un jour en effet l’Église glorifiée entrera à tout jamais dans le vrai sanctuaire de Dieu qui est le ciel (Ép.).

Jésus s’invite chez Zachée (Lc 19, 1-10) : Commentaire de Dom Delatte

L’histoire de Zachée est propre à saint Luc. L’enseignement qu’elle contient nous sera révélé dans la conclusion de l’épisode : l’évangile est universel ; tout le monde peut devenir fils d’Abraham, moyennant une conversion sincère et la foi ; le Royaume des cieux n’est fermé ni aux riches, ni aux publicains, ni aux pécheurs. — Le Seigneur était entré dans Jéricho et traversait la ville. Et voici qu’un homme, nommé Zachée, cherchait à voir qui était Jésus. C’était un chef des publicains, de la corporation détestée. Les fonctionnaires qui prélevaient les impôts au nom de Rome étaient considérés comme des pécheurs publics, et leurs exactions achevaient de les rendre impopulaires. Zachée était riche : il reconnaîtra lui-même que sa gestion n’avait pas toujours été sans reproche; mais une curiosité éveillée par la grâce lui faisait désirer de voir le Seigneur. Il n’y parvenait point, car la foule était dense et lui de petite taille. Alors il devança le cortège, courut dans la direction que Jésus devait prendre, monta sur un sycomore, et attendit. Le Seigneur n’ignorait pas le dessein du publicain, puisqu’il l’avait intérieurement inspiré ; et, arrivé sous le sycomore, il leva les yeux et interpella Zachée par son nom : « Zachée, hâtez-vous de descendre, car aujourd’hui c’est dans votre maison que je dois demeurer. » Le Seigneur s’invite lui-même, familièrement ; il donne au publicain beaucoup plus que celui-ci n’avait espéré. Et Zachée, en hâte, descendit et le reçut chez lui, tout heureux.

Mais en constatant quel gîte s’était choisi le Seigneur, tous, c’est-à-dire la portion pharisienne de la cité, les nombreux prêtres de Jéricho, tous s’étonnent, murmurent, selon leur habitude, et se disent l’un à l’autre : «Il a pris son logement chez un pécheur! » Cependant la bonté du Seigneur fut justifiée par son fruit même. La conversion de Zachée, en effet, fut immédiate, et la seule présence de Jésus accomplit en un instant ce que toute la hauteur pharisienne eût été bien incapable d’obtenir. À l’entrée de sa maison, ou un peu plus tard, le chef des publicains, debout, dit au Seigneur sa résolution généreuse et bien arrêtée : « La moitié de mes biens. Seigneur, je la donne aux pauvres ; et si j’ai nui à quelqu’un, je lui restitue le quadruple. » Il parle comme si la chose était déjà faite. Et le Seigneur affirme qu’en cette heure même le salut a été accordé à la maison de Zachée, et qu’il est, lui aussi, un vrai fils d’Abraham. En dépit du mépris qu’affectait la Synagogue pour les collecteurs de l’impôt étranger, la grâce de Dieu a prévenu ce publicain. Car le Fils de l’homme est venu en ce monde à dessein de chercher et de sauver ce qui était perdu (Mt 25, 24 ; Lc 5, 32). En vérité, dira bientôt le Seigneur aux pharisiens, les publicains et les pécheresses vous précéderont dans le Royaume de Dieu (Mt 21, 31).

Saint Pie V (1504-1572) : extrait du Liber Sacramentorum du Cardinal Schuster O.S.B.

Le nom de Frère Michel Ghislieri — Pie V — orne le frontispice du Missel et du Bréviaire romains, parce que c’est sous son autorité que s’acheva la révision des livres liturgiques expressément réservée au Saint-Siège par le Concile de Trente. Outre ces mérites dans le domaine de la liturgie, saint Pie V a la gloire d’avoir été le Pape de la réforme que depuis deux siècles déjà, appelaient en vain les Pontifes ses prédécesseurs, les conciles, un grand nombre d’évêques et de saints de cette époque si complexe qu’on appelle communément la Renaissance.

Saint Pie V est donc le Pape de la réforme ecclésiastique ; non pas en ce sens qu’il fût le premier à la vouloir et à l’inaugurer, puisque, quand il monta sur le trône de saint Pierre, le Concile de Trente était déjà terminé depuis un certain temps. Mais il fut le Pape de la réforme en tant que, par son autorité et par son exemple, il mit définitivement la Curie romaine et l’épiscopat tout entier sur la voie de ce réveil salutaire de l’esprit ecclésiastique, que plusieurs de ses prédécesseurs, tout en le désirant dans leur cœur, n’avaient pas su soutenir, faute de courage et de constance.

On s’étonne que saint Pie V, de famille modeste, et pauvre religieux dominicain, ait pu s’élever si haut pour le bien de l’Église. Mais c’était un saint, et les instruments de sa puissance étaient la recherche de la seule gloire de Dieu et la prière assidue. Par celle-ci surtout il triompha de l’insolence des Turcs, et il sanctifia le peuple confié à ses soins.

Le saint Pontife sortit pour la dernière fois du Vatican le 21 avril 1572, huit jours avant sa mort, et ce fut une scène admirable.

Quoique malade, il voulut en ce jour visiter pour la dernière fois les sept basiliques principales de Rome, dans l’espérance, disait-il, d’en revoir sous peu les martyrs au ciel. De la basilique de Saint-Paul, il parcourut à pied presque tout le long et mauvais chemin qui conduit à Saint-Sébastien. Arrivé enfin, à bout de forces, à Saint-Jean, ses familiers le supplièrent de monter en litière, ou de remettre le reste du pèlerinage au lendemain. Il répondit en latin : Qui fecit totum, Ipse perficiat opus, et continua sa route.

Il arriva le soir seulement au Vatican, où, s’étant reposé quelque peu, il se fit lire les sept psaumes de la pénitence et le récit de la Passion du Seigneur, n’ayant même plus la force d’enlever son camauro quand il entendait prononcer le saint Nom de Jésus.

Le 28 avril, il essaya de célébrer la messe mais n’y parvint pas. Muni des sacrements, il rendit sa sainte âme à. Dieu le soir du 1er mai, et ses dernières paroles furent une invocation liturgique du Bréviaire :

Quæsumus, Auctor omnium,
In hoc Paschali gaudio,
Ab omni mortis impetu
Tuum defende populum.

« Daignez, Auteur de toutes choses, En cette joie de Pâques, contre tout retour de la mort, défendre votre peuple. »
Sixte-Quint transporta son corps dans une chapelle de Sainte-Marie-Majeure, où on le vénère encore aujourd’hui.

Prières

Oratio

Deus, qui nobis per síngulos annos huius sancti templi tui consecratiónis réparas diem, et sacris semper mystériis repæséntas incólumes : exáudi preces pópuli tui, et præsta ; ut, quisquis hoc templum benefícia petitúrus ingréditur, cuncta se impetrásse lætétur. Per Dóminum.

Oraison

Ô Dieu, qui renouvelez chaque année en notre faveur le jour où ce saint temple vous a été consacré, et qui nous conservez en état d’assister à vos saints mystères, exaucez les prières de votre peuple et accordez à quiconque entrera dans ce temple pour demander vos grâces, la joie de les avoir obtenues.

Oratio

Deus, qui, ad conteréndos Ecclésiæ tuæ hostes et ad divínum cultum reparándum, beátum Pium Pontíficem Máximum elígere dignátus es : fac nos ipsíus deféndi præsídiis et ita tuis inhærére obséquiis ; ut, ómnium hóstium superátis insídiis, perpétua pace lætémur. Per Dóminum nostrum.

Oraison

Ô Dieu, qui, afin d’écraser les ennemis de votre Église, et de réformer le culte divin, avez daigné choisir pour Pontife suprême le bienheureux Pie, faites que nous ressentions le secours de sa protection, et que nous nous attachions à votre service de telle sorte qu’après avoir triomphé de toutes les embûches de nos ennemis, nous goûtions les joies de l’éternelle paix.

Prière de Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153) à la Très Sainte Vierge

Ô glorieuse Marie, qui pourra mesurer la longueur, la largeur, la hauteur, la profondeur de votre miséricordieuse bonté ? Sa longueur s’étend jusqu’aux derniers jours du monde, où vous exaucerez encore ceux qui vous invoqueront ; sa largeur enveloppe l’univers entier, et toute la terre est remplie de votre clémence ; sa hauteur s’élève jusque dans la céleste Jérusalem, dont elle a réparé les ruines ; sa profondeur est descendue jusqu’aux régions des ténèbres ; elle a porté la rédemption à ceux qui étaient assis à l’ombre de la mort. Ô Marie, par votre douce miséricorde, vous compatissez avec tendresse à nos misères, et par votre charité puissante, vous les soulagez avec efficacité. Ô Vierge bénie, faites-nous sentir la douceur de votre grâce ; obtenez, par vos saintes prières, aux pécheurs leur pardon, aux malades leur guérison, aux faibles le courage, aux affligés la consolation, à tous ceux qui sont dans le danger le secours et la délivrance. Que tous ceux, ô Vierge clémente, que tous ceux qui invoqueront avec confiance le nom si doux de Marie, reçoivent en récompense la grâce de Jésus-Christ, votre Fils et Notre Seigneur, qui est le Dieu béni sur toutes choses dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Prière de Pierre de Celle (1115-1187) à la Très Sainte Vierge

Attirez-moi sur vos pas, ô Vierge Marie, afin que je cours à l’odeur de vos parfums ; attirez-moi, retenu que je suis par le poids de mes péchés et par la malice de mes ennemis. De même que nul ne va à votre Fils si le Père ne l’attire, ainsi, j’ose le dire, en quelque manière, nul ne va à lui si vous ne l’attirez par vos saintes prières. C’est vous qui enseignez la véritable sagesse, c’est vous qui obtenez la grâce aux pécheurs parce que vous êtes leur avocate, c’est vous qui promettez la gloire à quiconque vous honore parce que vous êtes la trésorière des grâces. Ainsi soit-il.

Antienne

Ã. Zachǽe, festínans descénde ; quia hódie in domo tua opórtet me manére. At ille festínans descéndit, et excépit illum gaudens in domum suam. Hódie huic dómui salus a Deo facta est, allelúia.

Ã. Zachée, descends vite, car aujourd’hui, il faut que je demeure dans ta maison. Et lui descendit bien vite, et le reçut avec joie dans sa maison. Aujourd’hui le salut a été accordé par Dieu à cette maison, alleluia.

Antienne grégorienne “Zachæe”

Antienne Zachaee

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