6 mai — Saint Jean devant la Porte Latine

6 mai — Saint Jean devant la Porte Latine

6 mai — Saint Jean devant la Porte Latine

Le mot du Père Garrigou-Lagrange O.P.

Malgré les tristesses parfois accablantes de la vie présente, nous avons trouvé le vrai bonheur ou la paix, du moins au sommet de l’âme, lorsque nous aimons Dieu par-dessus tout, car la paix est la tranquillité de l’ordre, et nous sommes alors unis au principe même de tout ordre et de toute vie.

Saint Jean devant la Porte Latine (Vies des Pères, etc. par Alban Butler et Godescard)

Les fils de Zébédée, Jacques et Jean, ne connaissaient encore ni le mystère de la croix, ni la nature du royaume de Jésus-Christ, lorsque, par l’organe de leur mère, ils le priaient de les faire asseoir l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche, c’est-à-dire, de leur donner les deux premières places de son royaume. Pouvez-vous, leur dit le Sauveur, boire le calice que je dois boire ? Pouvez-vous participer à mes opprobres et à mes souffrances ? Les deux disciples répondirent affirmativement, et protestèrent à leur divin maître qu’ils étaient dans la résolution de tout endurer pour lui. Alors Jésus leur prédit qu’ils boiraient son calice, et qu’ils auraient beaucoup à souffrir pour la vérité de son évangile. Cette prédiction fut littéralement accomplie dans saint Jacques, lorsque Hérode le fit mourir à cause de la religion qu’il professait.

Quant à saint Jean, qui aimait si tendrement son divin maître, et qui en était si tendrement aimé, on peut dire, sans faire violence au texte sacré, qu’il but du calice du Sauveur, et qu’il en partagea l’amertume lorsqu’il assista à son crucifiement. En effet, son cœur était déchiré par le sentiment des douleurs qu’il lui voyait souffrir ; mais ce n’était encore là qu’un prélude de ses peines. Après la descente du Saint-Esprit, il se vit condamné, avec les autres apôtres, à la prison, aux fouets, aux opprobres. Enfin la prédiction de Jésus-Christ eut son entier accomplissement, lorsqu’il mérita, sous le règne de Domitien (81-96), la couronne du martyre.

L’empereur Domitien, auteur de la seconde persécution générale suscitée à l’église, était universellement haï pour sa cruauté, son orgueil et ses impudicités. Il fut, au rapport de Tacite, encore plus cruel que Néron, et il prenait plaisir à repaître ses yeux du spectacle des exécutions barbares dont l’autre au moins se dérobait ordinairement la vue. Sous son règne, Rome fut inondée du sang de ses plus illustres habitants. Ennemi de tout bien, il bannit ceux qui avaient la réputation d’hommes vertueux, entre autres Dion Chrysostome et le philosophe Epictète; mais ce fut sur les Chrétiens que tombèrent ses principaux coups. Outre qu’il ne pouvait souffrir la sainteté de leur doctrine et de leur vie, qui lui était un reproche tacite de ses crimes, il était encore animé contre eux par cette haine que leur portaient tous les païens.

Saint Jean l’évangéliste vivait encore. Il était chargé du gouvernement de toutes les églises d’Asie, et jouissait d’une grande réputation tant à cause de cette éminente dignité que pour ses vertus et ses miracles. Ayant été arrêté à Éphèse, il fut conduit à Rome l’an 95 de Jésus-Christ. Il parut devant l’empereur, qui, loin de se laisser attendrir par la vue de ce vénérable vieillard, eut la barbarie d’ordonner qu’on le jetât dans une chaudière remplie d’huile bouillante. Il y a toute apparence que le saint apôtre souffrit d’abord une cruelle flagellation, conformément à ce qui se pratiquait à l’égard des criminels qui n’avaient point le droit de bourgeoisie romaine. Quoiqu’il en soit, on ne peut au moins douter qu’il n’ait été jeté dans l’huile bouillante : Tertullien, Eusèbe et saint Jérôme le disent expressément.

Nous ne craignons point d’assurer que le Saint fit éclater une grande joie lorsqu’il entendit prononcer su sentence ; il brûlait d’un ardent désir d’aller rejoindre son divin maître, de lui rendre amour pour amour, et de se sacrifier pour celui qui nous a tous sauvés par l’effusion de son sang. Mais Dieu se contenta de ses dispositions, en lui accordant toutefois le mérite et l’honneur du martyre ; il suspendit l’activité du feu, et lui conserva la vie, comme il l’avait conservée aux trois enfants qui furent jetés dans la fournaise de Babylone. L’huile bouillante se changea pour lui en un bain rafraîchissant, et il en sortit plus fort et plus vigoureux qu’il n’y était entré.

L’empereur fut très frappé, ainsi que la plupart des païens, de cet événement ; mais il l’attribua au pouvoir de la magie. Ce que l’on publiait des prétendus prodiges opérés par le fameux Apollonius de Tyane, qu’il avait fait venir à Rome, ne contribua pas peu à le confirmer dans cette opinion. La délivrance miraculeuse de l’apôtre ne fit donc sur lui aucune impression, ou plutôt elle ne servit qu’à augmenter son endurcissement dans le crime. Il se contenta toutefois de bannir le Saint dans l’île de Pathmos. Ce mauvais prince ayant été assassiné l’année suivante, Nerva, rempli de bonnes qualités, et d’un caractère naturellement pacifique, fut élevé à l’empire. Saint Jean eut la liberté de sortir du lieu de son exil, et de retourner à Éphèse.

Ce fut auprès de la porte appelée Latine par les Romains, qu’il remporta ce glorieux triomphe. Pour conserver la mémoire du miracle, on consacra une église dans cet endroit sous les premiers empereurs chrétiens. On dit qu’il y avait un temple de Diane, dont on changea la destination pour le faire servir au culte du vrai Dieu. Cette église fut rebâtie en 772 par le pape Adrien I. La fête de saint Jean devant la porte Latine a été longtemps chômée en plusieurs églises. Elle a été d’obligation en Angleterre, au moins depuis le douzième siècle jusqu’à la prétendue réforme; mais on la mettait seulement au nombre des fêtes du second rang, auxquelles toute œuvre servile était défendue, excepté le labour des terres. Les Saxons qui s’établirent dans la Grande-Bretagne avaient une dévotion singulière à saint Pierre et à saint Jean l’évangéliste.

Prières

Oratio

Deus, qui cónspicis, quia nos úndique mala nostra pertúrbant : præsta, quǽsumus ; ut beáti Ioánnis Apóstoli tui et Evangelístæ intercéssio gloriósa nos prótegat. Per Dóminum.

Oraison

Ô Dieu, qui nous voyez troublés par les maux qui nous arrivent de toutes parts, faites, nous vous en prions, que la glorieuse intercession du bienheureux Jean, votre Apôtre et Évangéliste, nous serve de protection.

Prière d’Adam de Perseigne (1145-1221) à la Très Sainte Vierge

Ô Marie, pour moi, vous êtes l’ancre au milieu du ballottement des flots, le port dans le naufrage, le secours dans la tribulation, la consolation dans la douleur. Vous êtes le soulagement dans l’angoisse, le secours dans les moments où tout va mal, la juste modération quand cela va trop bien, la joie dans l’attente, le rafraîchissement dans le labeur. Tout ce que je puis gazouiller de vos louanges, ne parvient pas à être de vous une digne louange, ô digne de toute louange ! Quand même je parlerais les langues des hommes et des anges, quand même je m’épuiserais totalement, non, ce serait encore trop peu ! Ainsi soit-il.

Antienne

Ã. In fervéntis ólei dólium missus beátus Ioánnes Apóstolus, divína se protegénte grátia, intactus exívit, allelúia.

Ã. Jeté dans une chaudière d’huile bouillante, le bienheureux Apôtre Jean, protégé par la grâce divine, en sortit sain et sauf, alleluia.

Antienne grégorienne “In ferventis”

Antienne In ferventis

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5 mai — Dédicace de la Cathédrale de Besançon

5 mai — Dédicace de la Cathédrale de Besançon

5 mai — Dédicace de la Cathédrale de Besançon

Le mot du P. Garrigou-Lagrange

Dans les choses de ce monde, qui contiennent du bien et du mal intimement mêlés et sont pour cela très complexes, celui qui veut être simple, manque de pénétration, reste naïf, ingénu et superficiel.

Sermon

Sur la Dédicace de la Cathédrale de Besançon

Sur la Dédicace des églises (texte de Dom Gaspard Lefebvre)

De tous temps Dieu a voulu qu’on lui érigeât des autels et qu’on lui consacrât des endroits où le peuple se réunirait pour lui rendre le culte qui lui est dû (All.) et pour y recevoir plus abondamment ses grâces (Or.). Comme autrefois Salomon pour le temple de Jérusalem, l’Église s’est toujours plu à employer toutes les ressources du génie humain et toutes les richesses de la nature pour qu’elles fissent retour à Dieu dans la construction de sanctuaires dignes de Lui.

La cérémonie de la Dédicace du Temple de Jérusalem dura huit jours et les Juifs en renouvelaient solennellement la mémoire chaque année. L’Église consacre de même ses temples par une fête qui avait autrefois presque l’éclat de Pâques et de l’Epiphanie, et dont les rites se ramènent à trois chefs principaux : consécration de l’église, consécration de l’autel et translation des reliques. Par sa dédicace à Dieu, l’église est revêtue d’un caractère qui commande le respect et la confiance. C’est là en effet, comme chez Zachée, que Jésus descend (Évang.). L’église est « la maison de Dieu, la porte du ciel, on l’appelle le palais divin » (Intr.). Elle est « le tabernacle de Dieu parmi les hommes » (Ép.) et c’est là que s’établissent les relations officielles qui relient l’homme à son Créateur, car c’est là que se déroulent les cérémonies du culte liturgique prescrites par l’Église et par lesquelles on honore les trois personnes divines. « Soyez ici présent, dit l’Évêque au jour de la Consécration, ô Dieu éternel, un en nature et trois en personnes : Père, Fils, Esprit-Saint. » La pierre ferme sur laquelle est solidement bâtie la maison du Seigneur (All.), c’est l’autel où descend Jésus et qui est le centre où tout converge dans l’église. Le Christ est en effet la pierre d’angle de l’édifice spirituel dont le temple matériel n’est que l’emblème et qui est formé par la réunion de tous les chrétiens, « ces pierres vivantes taillées par le ciseau des épreuves et polies par le marteau des souffrances, pour devenir le temple divin où honneur et gloire sont rendus en tous lieux au Père, au Fils et au Saint-Esprit » (Hymne de Mat., Postc.). Et ce symbole est d’autant plus réel que, comme l’église et l’autel qui sont d’abord lavés, puis oints de l’huile sainte, et qui reçoivent Jésus-Hostie, chaque chrétien est lavé dans les eaux du Baptême, oint du chrême de la Confirmation et reçoit l’Eucharistie dans son cœur. Le temple matériel est enfin le symbole de la Jérusalem céleste où retentissent continuellement les chants d’allégresse des élus. Un jour en effet l’Église glorifiée entrera à tout jamais dans le vrai sanctuaire de Dieu qui est le ciel (Ép.).

Jésus s’invite chez Zachée (Lc 19, 1-10) : Commentaire de Dom Delatte

L’histoire de Zachée est propre à saint Luc. L’enseignement qu’elle contient nous sera révélé dans la conclusion de l’épisode : l’évangile est universel ; tout le monde peut devenir fils d’Abraham, moyennant une conversion sincère et la foi ; le Royaume des cieux n’est fermé ni aux riches, ni aux publicains, ni aux pécheurs. — Le Seigneur était entré dans Jéricho et traversait la ville. Et voici qu’un homme, nommé Zachée, cherchait à voir qui était Jésus. C’était un chef des publicains, de la corporation détestée. Les fonctionnaires qui prélevaient les impôts au nom de Rome étaient considérés comme des pécheurs publics, et leurs exactions achevaient de les rendre impopulaires. Zachée était riche : il reconnaîtra lui-même que sa gestion n’avait pas toujours été sans reproche; mais une curiosité éveillée par la grâce lui faisait désirer de voir le Seigneur. Il n’y parvenait point, car la foule était dense et lui de petite taille. Alors il devança le cortège, courut dans la direction que Jésus devait prendre, monta sur un sycomore, et attendit. Le Seigneur n’ignorait pas le dessein du publicain, puisqu’il l’avait intérieurement inspiré ; et, arrivé sous le sycomore, il leva les yeux et interpella Zachée par son nom : « Zachée, hâtez-vous de descendre, car aujourd’hui c’est dans votre maison que je dois demeurer. » Le Seigneur s’invite lui-même, familièrement ; il donne au publicain beaucoup plus que celui-ci n’avait espéré. Et Zachée, en hâte, descendit et le reçut chez lui, tout heureux.

Mais en constatant quel gîte s’était choisi le Seigneur, tous, c’est-à-dire la portion pharisienne de la cité, les nombreux prêtres de Jéricho, tous s’étonnent, murmurent, selon leur habitude, et se disent l’un à l’autre : «Il a pris son logement chez un pécheur! » Cependant la bonté du Seigneur fut justifiée par son fruit même. La conversion de Zachée, en effet, fut immédiate, et la seule présence de Jésus accomplit en un instant ce que toute la hauteur pharisienne eût été bien incapable d’obtenir. À l’entrée de sa maison, ou un peu plus tard, le chef des publicains, debout, dit au Seigneur sa résolution généreuse et bien arrêtée : « La moitié de mes biens. Seigneur, je la donne aux pauvres ; et si j’ai nui à quelqu’un, je lui restitue le quadruple. » Il parle comme si la chose était déjà faite. Et le Seigneur affirme qu’en cette heure même le salut a été accordé à la maison de Zachée, et qu’il est, lui aussi, un vrai fils d’Abraham. En dépit du mépris qu’affectait la Synagogue pour les collecteurs de l’impôt étranger, la grâce de Dieu a prévenu ce publicain. Car le Fils de l’homme est venu en ce monde à dessein de chercher et de sauver ce qui était perdu (Mt 25, 24 ; Lc 5, 32). En vérité, dira bientôt le Seigneur aux pharisiens, les publicains et les pécheresses vous précéderont dans le Royaume de Dieu (Mt 21, 31).

Saint Pie V (1504-1572) : extrait du Liber Sacramentorum du Cardinal Schuster O.S.B.

Le nom de Frère Michel Ghislieri — Pie V — orne le frontispice du Missel et du Bréviaire romains, parce que c’est sous son autorité que s’acheva la révision des livres liturgiques expressément réservée au Saint-Siège par le Concile de Trente. Outre ces mérites dans le domaine de la liturgie, saint Pie V a la gloire d’avoir été le Pape de la réforme que depuis deux siècles déjà, appelaient en vain les Pontifes ses prédécesseurs, les conciles, un grand nombre d’évêques et de saints de cette époque si complexe qu’on appelle communément la Renaissance.

Saint Pie V est donc le Pape de la réforme ecclésiastique ; non pas en ce sens qu’il fût le premier à la vouloir et à l’inaugurer, puisque, quand il monta sur le trône de saint Pierre, le Concile de Trente était déjà terminé depuis un certain temps. Mais il fut le Pape de la réforme en tant que, par son autorité et par son exemple, il mit définitivement la Curie romaine et l’épiscopat tout entier sur la voie de ce réveil salutaire de l’esprit ecclésiastique, que plusieurs de ses prédécesseurs, tout en le désirant dans leur cœur, n’avaient pas su soutenir, faute de courage et de constance.

On s’étonne que saint Pie V, de famille modeste, et pauvre religieux dominicain, ait pu s’élever si haut pour le bien de l’Église. Mais c’était un saint, et les instruments de sa puissance étaient la recherche de la seule gloire de Dieu et la prière assidue. Par celle-ci surtout il triompha de l’insolence des Turcs, et il sanctifia le peuple confié à ses soins.

Le saint Pontife sortit pour la dernière fois du Vatican le 21 avril 1572, huit jours avant sa mort, et ce fut une scène admirable.

Quoique malade, il voulut en ce jour visiter pour la dernière fois les sept basiliques principales de Rome, dans l’espérance, disait-il, d’en revoir sous peu les martyrs au ciel. De la basilique de Saint-Paul, il parcourut à pied presque tout le long et mauvais chemin qui conduit à Saint-Sébastien. Arrivé enfin, à bout de forces, à Saint-Jean, ses familiers le supplièrent de monter en litière, ou de remettre le reste du pèlerinage au lendemain. Il répondit en latin : Qui fecit totum, Ipse perficiat opus, et continua sa route.

Il arriva le soir seulement au Vatican, où, s’étant reposé quelque peu, il se fit lire les sept psaumes de la pénitence et le récit de la Passion du Seigneur, n’ayant même plus la force d’enlever son camauro quand il entendait prononcer le saint Nom de Jésus.

Le 28 avril, il essaya de célébrer la messe mais n’y parvint pas. Muni des sacrements, il rendit sa sainte âme à. Dieu le soir du 1er mai, et ses dernières paroles furent une invocation liturgique du Bréviaire :

Quæsumus, Auctor omnium,
In hoc Paschali gaudio,
Ab omni mortis impetu
Tuum defende populum.

« Daignez, Auteur de toutes choses, En cette joie de Pâques, contre tout retour de la mort, défendre votre peuple. »
Sixte-Quint transporta son corps dans une chapelle de Sainte-Marie-Majeure, où on le vénère encore aujourd’hui.

Prières

Oratio

Deus, qui nobis per síngulos annos huius sancti templi tui consecratiónis réparas diem, et sacris semper mystériis repæséntas incólumes : exáudi preces pópuli tui, et præsta ; ut, quisquis hoc templum benefícia petitúrus ingréditur, cuncta se impetrásse lætétur. Per Dóminum.

Oraison

Ô Dieu, qui renouvelez chaque année en notre faveur le jour où ce saint temple vous a été consacré, et qui nous conservez en état d’assister à vos saints mystères, exaucez les prières de votre peuple et accordez à quiconque entrera dans ce temple pour demander vos grâces, la joie de les avoir obtenues.

Oratio

Deus, qui, ad conteréndos Ecclésiæ tuæ hostes et ad divínum cultum reparándum, beátum Pium Pontíficem Máximum elígere dignátus es : fac nos ipsíus deféndi præsídiis et ita tuis inhærére obséquiis ; ut, ómnium hóstium superátis insídiis, perpétua pace lætémur. Per Dóminum nostrum.

Oraison

Ô Dieu, qui, afin d’écraser les ennemis de votre Église, et de réformer le culte divin, avez daigné choisir pour Pontife suprême le bienheureux Pie, faites que nous ressentions le secours de sa protection, et que nous nous attachions à votre service de telle sorte qu’après avoir triomphé de toutes les embûches de nos ennemis, nous goûtions les joies de l’éternelle paix.

Prière de Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153) à la Très Sainte Vierge

Ô glorieuse Marie, qui pourra mesurer la longueur, la largeur, la hauteur, la profondeur de votre miséricordieuse bonté ? Sa longueur s’étend jusqu’aux derniers jours du monde, où vous exaucerez encore ceux qui vous invoqueront ; sa largeur enveloppe l’univers entier, et toute la terre est remplie de votre clémence ; sa hauteur s’élève jusque dans la céleste Jérusalem, dont elle a réparé les ruines ; sa profondeur est descendue jusqu’aux régions des ténèbres ; elle a porté la rédemption à ceux qui étaient assis à l’ombre de la mort. Ô Marie, par votre douce miséricorde, vous compatissez avec tendresse à nos misères, et par votre charité puissante, vous les soulagez avec efficacité. Ô Vierge bénie, faites-nous sentir la douceur de votre grâce ; obtenez, par vos saintes prières, aux pécheurs leur pardon, aux malades leur guérison, aux faibles le courage, aux affligés la consolation, à tous ceux qui sont dans le danger le secours et la délivrance. Que tous ceux, ô Vierge clémente, que tous ceux qui invoqueront avec confiance le nom si doux de Marie, reçoivent en récompense la grâce de Jésus-Christ, votre Fils et Notre Seigneur, qui est le Dieu béni sur toutes choses dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Prière de Pierre de Celle (1115-1187) à la Très Sainte Vierge

Attirez-moi sur vos pas, ô Vierge Marie, afin que je cours à l’odeur de vos parfums ; attirez-moi, retenu que je suis par le poids de mes péchés et par la malice de mes ennemis. De même que nul ne va à votre Fils si le Père ne l’attire, ainsi, j’ose le dire, en quelque manière, nul ne va à lui si vous ne l’attirez par vos saintes prières. C’est vous qui enseignez la véritable sagesse, c’est vous qui obtenez la grâce aux pécheurs parce que vous êtes leur avocate, c’est vous qui promettez la gloire à quiconque vous honore parce que vous êtes la trésorière des grâces. Ainsi soit-il.

Antienne

Ã. Zachǽe, festínans descénde ; quia hódie in domo tua opórtet me manére. At ille festínans descéndit, et excépit illum gaudens in domum suam. Hódie huic dómui salus a Deo facta est, allelúia.

Ã. Zachée, descends vite, car aujourd’hui, il faut que je demeure dans ta maison. Et lui descendit bien vite, et le reçut avec joie dans sa maison. Aujourd’hui le salut a été accordé par Dieu à cette maison, alleluia.

Antienne grégorienne “Zachæe”

Antienne Zachaee

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2 mai — Saint Athanase, évêque et docteur de l’Église

2 mai — Saint Athanase, évêque et docteur de l’Église

Le mot de Saint Athanase

Pour obtenir la vie éternelle, en plus de la vraie Foi, il faut avoir une vie bonne, une âme pure, et la vertu selon le Christ.

Saint Athanase, Évêque et Docteur de l’Église (ca295-373)

Nous sommes en présence d’un héros de la foi, né vers 295. Sans doute il ne fut pas martyr, mais sa vie fut un martyre au vrai sens du mot. Athanase le Grand, le père de l’orthodoxie (de la vraie foi), mena le combat de l’Église contre l’arianisme — une hérésie qui niait la divinité du Christ. Jeune diacre, il avait déjà été, au Concile de Nicée (325), le « plus intrépide champion contre les Ariens et le principal soutien de la foi de l’Église ». À la mort de son évêque (328), « tout le peuple de l’Église catholique se réunit comme un corps et une âme et cria, à mainte reprise, qu’Athanase devait être évêque. C’était d’ailleurs le désir de l’évêque Alexandre, à son lit de mort. Tout le monde appelait Athanase un homme vertueux et saint, un chrétien, un ascète, un véritable évêque » ; Ce fut alors un combat de 50 ans. Sous cinq empereurs différents, le saint évêque fut exilé cinq fois. Au prix de ces épreuves incessantes, il rendit témoignage à la vérité de la foi catholique. Jamais son attachement à l’Église ne fut ébranlé ; jamais son courage ne faiblit. Au milieu des horribles calomnies et des terribles persécutions dont il était l’objet, il trouva sa principale consolation dans l’amour indéfectible du peuple catholique. Mais la haine des Ariens était implacable. Pour échapper à leur rage et au péril continuel de mort, il dut se cacher pendant cinq ans dans une citerne desséchée. Seul un ami fidèle connaissait sa retraite et lui apportait de la nourriture. Mais quand il fuyait devant ses persécuteurs, Dieu le protégeait visiblement. Un jour que les satellites de l’empereur le poursuivaient pour le tuer, il tourna son bateau, lui fit remonter le courant et alla ainsi à la rencontre de ceux qui le poursuivaient. Les soldats lui demandèrent si Athanase était loin. Il répondit bravement : « Il n’est pas loin d’ici ». Les soldats continuèrent la poursuite dans le sens opposé et le saint gagna du temps pour se mettre en sûreté. Il échappa ainsi à plusieurs dangers par la protection divine. Il mourut enfin à Alexandrie, dans son lit, sous le règne de l’empereur Valens (373). Saint Athanase laissa plusieurs écrits remarquables tant pour l’édification des fidèles que pour la défense de la foi catholique. Il avait gouverné l’Église d’Alexandrie pendant 46 ans. —  Tombeau : Actuellement dans l’église de Sainte-Croix, à Venise. Image : On le représente en évêque grec, avec un livre à la main.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’Année liturgique

Sur la question des rapports entre Saint Athanase et le Pape Libère lors de la crise arienne, on lira avec profit cet article de la revue Sodalitium.

Commentaire de l’épître du jour (2 Cor 4, 5-15) par dom Paul Delatte

​Non, dit saint Paul, je ne me prêche pas moi-même ; je ne sais rien que Notre-Seigneur Jésus-Christ, et ne parle que de lui : je ne suis, moi, et les apôtres ne sont que vos serviteurs pour vous conduire à lui (cf. 1 Cor 3, 22-23). Nous ne sommes personnellement que ténèbres et n’avons rien de nous-mêmes; mais le même Dieu qui, au jour de la création, a fait des ténèbres jaillir la lumière, s’est révélé dans nos cœurs afin de répandre partout la connaissance de la gloire de Dieu, qui resplendit toute sur la face du Christ. Moïse ne possède qu’un reflet lointain, le Christ est toute la gloire de Dieu. Et comme Dieu s’est versé dans le Christ, c’est dans l’âme et l’intelligence des apôtres que le Seigneur a d’abord formé son Église ; c’est à eux qu’a été primitivement confié le trésor de la foi et de la sanctification.

Il n’y a pas de grand homme, a-t-on dit, ou équivalemment, pour ceux qui vivent très près de lui ; on admire peu ceux qu’on coudoie. La dignité apostolique était éminente, sans doute ; mais la personne extérieure de celui qui en était revêtu, était humainement si peu en harmonie avec cette dignité. « Un homme de trois coudées, dit saint Jean Chrysostome, sans apparence, avec des yeux brûlés par la fièvre, une parole sans art, une phrase sans éclat, et pour couronner le tout, des inimitiés acharnées contre lui : quel prédicateur pour tant de nations ! » Mais voici que l’Apôtre se réjouit de tous ces désavantages humains. Cette éminence de la vocation apostolique, dit-il, nous la portons dans des vases fragiles et sans beauté : c’est afin que la grandeur de l’œuvre soit toute attribuée à Dieu, et non à la faiblesse de l’instrument.

Seuls les effets naturels requièrent des causes visibles qui leur soient proportionnées. Mais plus l’Apôtre est chétif, plus l’action de Dieu se manifeste en lui. Aussi que nul ne se scandalise, ni de notre petitesse, ni des épreuves qui sembleraient devoir nous accabler : toujours traqués, jamais écrasés, toujours inquiétés, jamais abandonnés, toujours poursuivis par les hommes, jamais oubliés de Dieu, toujours frappés, jamais abattus, communiant dans notre corps à la souffrance du Seigneur, afin que sa vie se manifeste aussi en nous. L’Apôtre est ainsi un motif de crédibilité vivant, une traduction du Seigneur. Là est le motif, le sens, et aussi l’efficacité de sa souffrance. Sa vie est un problème, car sans cesse il est livré à la mort pour le Seigneur ; mais c’est afin que la vie du Seigneur éclate en sa chair mortelle, et de là se répande en tous les fidèles. Celui qui dira un jour aux Colossiens qu’il achève en son corps les souffrances du Seigneur, dans l’intérêt de l’Église ; le disciple de celui qui nous a enseigné que le grain de blé demeure infécond s’il ne consent à mourir, nous révèle ici le dessein de ses souffrances, en même temps qu’il défend les fidèles contre le scandale qu’ils en pourraient concevoir. Il ne souffre et n’est livré à la mort, dans la pensée de Dieu, que pour que les Corinthiens vivent et recueillent le bénéfice surnaturel de ses souffrances : comment y pourraient-ils trouver un sujet d’étonnement et de scandale ?

La vie de l’Apôtre n’est donc aucunement guidée par des vues humaines, mais seulement par ce même esprit de foi auquel obéissait le Psalmiste lorsqu’il disait : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ». Nous aussi, Paul, Timothée, Tite, nous croyons ; et c’est pour cela, dans le seul esprit de foi, que nous parlons, passant outre à la souffrance, puisque cette souffrance vous est utile, et sachant bien d’ailleurs que le père céleste, qui a éveillé le Seigneur Jésus d’entre les morts, nous accordera la même indemnité, nous ressuscitera avec lui et nous réunira à vous. Alors tout est bien, et la douleur même est un bienfait si elle doit vous servir. Toute la théorie de la souffrance apostolique et chrétienne est renfermée dans ces courageuses paroles. Comment la souffrance elle-même ne serait-elle pas aimée lorsque les Corinthiens, lorsque Dieu, lorsque l’Apôtre lui-même y trouvent ensemble leur avantage: les Corinthiens, puisqu’ils puisent la vie aux épreuves mêmes de l’Apôtre et que tout est pour eux ; Dieu, puisqu’il recueille gloire et honneur de cette abondance de vie surnaturelle déversée sur les Corinthiens reconnaissants ; et l’Apôtre lui-même, par l’accroissement de la récompense espérée ?

Prières

Prières de Saint Athanase à la Très Sainte Vierge Marie

Ô très heureuse Fille de David et d’Abraham, écoutez nos prières et rendez-vous favorable à nos demandes, et n’oubliez pas votre peuple : car il est de notre devoir de vous reconnaître et de vous appeler notre Mère, notre Dame et notre souveraine Princesse ; parce que de vous est né Celui que nous adorons pour notre Dieu et notre souverain Seigneur. Nous recourons à vous, à ce qu’il vous plaise de vous souvenir de nous, ô Très Sainte Vierge, qui êtes toujours restée très parfaitement Vierge, même après votre divin Enfantement. Et puisque vous êtes pleine de grâce, faites-nous part avec largesse de ces trésors immenses que vous possédez en considération de ces chétives louanges que nous tachons de vous donner. C’est un archange qui a dressé le premier panégyrique de vos louanges, et qui vous a porté cet honorable salut, disant : « Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous ; et toutes les hiérarchies des anges vous bénissent et vous déclarent Bienheureuse, et disent que vous êtes bénie entre toutes les femmes et béni est le Fruit de votre ventre ». C’est de ces hiérarchies célestes que nous, qui vivons sur terre, avons appris à vous louer et exalter ; c’est de ces bienheureux esprits que nous empruntons ces paroles : « Soyez à jamais bénie, ô pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous ; intercédez pour nous, ô très chère Maîtresse ! Notre Dame, notre Reine et la très digne Mère de notre Dieu, d’autant que vous avez pris naissance parmi nous, et que Celui qui s’est revêtu de notre faible nature en vos chastes entrailles est notre vrai Dieu, auquel est dû toute Gloire, Louange et Honneur. Ainsi soit-il.

Ô Très Sainte Vierge, écoutez nos prières, distribuez-nous les dons de vos tendresses, et donnez-nous part à l’abondance des grâces dont vous êtes remplie ! L’archange vous salue et vous appelle pleine de grâce : toutes les nations vous nomment Bienheureuse ; toutes les célestes hiérarchies vous bénissent, et nous qui sommes relégués dans la sphère terrestre, nous vous disons aussi : « Salut, ô pleine de grâce, le Seigneur est avec vous ; priez pour nous, ô Mère de Dieu ! Notre puissante Reine et notre auguste Souveraine ». Ainsi soit-il.

Oratio

Exáudi, quǽsumus, Dómine, preces nostras, quas in beáti Athanásii Confessóris tui atque Pontíficis sollemnitáte deférimus : et, qui tibi digne méruit famulári, eius intercedéntibus méritis, ab ómnibus nos absólve peccátis. Per Dóminum nostrum.

Oraison

Nous vous supplions, Seigneur, d’exaucer les prières que nous vous adressons en la solennité du bienheureux Athanase, votre Confesseur et Pontife, et de nous accorder, grâce aux mérites et à l’intercession de celui qui vous a si dignement servi, le pardon de tous nos péchés.

Antienne

Ã. O doctor optime, Ecclesiæ sanctæ lumen, beate Athanasi, divinæ legis amator, deprecare pro nobis Filium Dei.

Ã. Ô Docteur excellent ! lumière de la sainte Église, bienheureux Athanase, amateur de la loi divine, priez pour nous le Fils de Dieu.

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29 avril — Saint Hugues, Abbé de Cluny

29 avril — Saint Hugues, Abbé de Cluny

29 avril — Saint Hugues, Abbé de Cluny

Le mot de Saint Benoît

Confesser chaque jour à Dieu dans la prière avec larmes et gémissements ses fautes passées, et, de plus, se corriger de ses fautes.

Saint Hugues et l’Ordre de Cluny : extrait des Fleurs monastiques de Maxime de Mont-Rond

Si l’esprit d’association se produisit de bonne heure au sein de Cluny, il fut néanmoins très lent à se réaliser d’une manière solide et durable. Sous saint Odon, au milieu du 10ème siècle, la Congrégation de Cluny apparut vaste et belle. De nombreux monastères que le pieux abbé avait été appelé à réformer, jusqu’au sein de Rome, avaient accepté les mêmes règles de conduite et de discipline, mais sans d’autres liens communs que leur vénération et leur confiance envers le saint abbé. À la mort d’Odon, l’œuvre d’unité fut encore une fois ébranlée et dissoute. L’idée féconde d’association germait cependant, et, au jour marqué par la Providence, elle arriva enfin à sa maturité. Saint Hugues doit être regardé comme le vrai fondateur de la Congrégation de Cluny : c’est lui qui l’est en effet. Il sut faire accepter, aimer, ces liens d’émulation, de vigilance, d’activité et d’humble subordination qui l’ont rendue si forte et si puissante. Sous le gouvernement de saint Hugues, qui remplit plus de la seconde moitié du 11ème siècle (1049-1109), Cluny prit des développements inconnus jusqu’alors et qu’il n’a plus surpassés depuis. Si le 11ème siècle tout entier est le grand siècle de Cluny, sa seconde moitié cependant l’emporte sur la première sous le rapport de l’éclat, de l’influence et des services rendus à l’Église et à la société. Concentrons donc nos regards sur cette brillante époque de Cluny. Elle se personnifie dans l’histoire du plus illustre de ses abbés, celui que les chroniques contemporaines appellent Hugues le Grand.

En l’an 1024, naquit au château de Semur-en-Brionnais, du comte Dalmace et d’Aremburge de Vergy, sa femme, un fils qu’on nomma Hugues. On rapporte que cet enfant, destiné à de grands desseins, fut montré quelques jours avant sa naissance à un prêtre de haute renommée, dans l’action même du saint Sacrifice offert aux intentions de sa pieuse mère. La gracieuse image apparaissant au-dessus du calice, semblait puiser son éclat, et retremper, par avance, sa force et sa vertu dans le vin mystique qui fait germer les vierges. Cet enfant grandit. Heureusement inhabile au métier des armes, auquel le désir de son père l’appelait, il ouvrit de préférence son âme aux vertueuses et pacifiques influences de sa mère, et se donna de bonne heure tout entier à Jésus-Christ. Il aimait à visiter l’Église et à fréquenter la maison des Clercs de Sémur. Avant sa quinzième année, on le vit s’envoler, à l’insu des siens, vers la bienheureuse solitude de Cluny. A vingt-cinq ans à peine, il était élu par acclamation abbé général de l’ordre de Cluny (1049). Le gouvernement des vieillards était remis aux mains d’un jeune homme. Dieu abrégeait les temps; il avait hâte de délivrer son Église.

À côté de Hugues croissait comme lui en âge et en sagesse un jeune Frère, Toscan d’origine : c’était Hildebrand (futur Pape Saint Grégoire VII), d’abord chanoine régulier à Rome, et qu’avait attiré à Cluny la renommée de ferveur du monastère bourguignon. Hugues, assis sur la chaire abbatiale, vit Hildebrand lui succéder dans la seconde dignité, celle de grand prieur de Cluny. Les deux jeunes élus, sentinelles vigilantes dans ce paisible camp, unissaient leurs vœux ardents et leurs ferventes prières, dans l’attente du grand combat qu’ils allaient bientôt engager pour le salut et l’affranchissement de l’Église.

Hugues, comme avant lui saint Colomban, et après lui saint Bernard, possédait cette beauté corporelle dont Dieu se plaît à revêtir souvent ses grands serviteurs, afin de leur rendre plus facile, au milieu d’un monde grossier, l’accomplissement de ses desseins providentiels. Mais sa vertu et sa sagesse l’emportaient encore sur les grâces angéliques de sa figure. À l’aide de trois moyens puissants, il vint à bout d’assurer la solidité de son œuvre mieux que n’avaient su faire ses illustres prédécesseurs, et de la transmettre à ses successeurs dans toute sa force de cohésion. Le premier fut un redoublement de vigilance, et de fréquentes visites aux monastères agrégés, pour les conserver dans la ferveur ou les ramener dans les sentiers de la paix et de la régularité, ou les réconcilier avec de redoutables voisins. Le second moyen fut la réduction des statuts et des Coutumes de Cluny, par Bernard et Udalric, deux disciples de saint Hugues. Ces Coutumes de Cluny, qui, comme la règle de saint Benoit, n’avaient rien d’absolu, devaient être cependant un puissant lien de centralisation, et concourir grandement à conserver dans son unité la Congrégation de Cluny. Enfin ce lien fut fortifié encore par la grande institution des Chapitres généraux, qui surgit en ce siècle au sein de cette même Congrégation. À des époques rapprochées et périodiques, on allait donc voir de l’Europe entière accourir à la voix de l’abbé les supérieurs ou les délégués des monastères, pour venir discuter au chapitre général les intérêts et les besoins spirituels du cloître. Pour mettre le sceau à toutes ces sages précautions, saint Hugues, avec ce don de persuasion qu’il avait reçu du ciel, saura faire agréer partout l’abolition du titre abbatial, conservé jusqu’à lui aux monastères soumis à la discipline de Cluny. Les chefs de tous ces prieurés substitueront humblement le titre subalterne de prieur à celui d’abbé ou de pro-abbé. Le glorieux travail de l’unité est dès lors consommé. On peut dire justement, en empruntant les paroles d’un écrivain anglais : « Au temps de saint Hugues, Cluny était un grand et magnifique royaume : sa domination s’étendait sur 314 monastères et églises; son abbé était un prince temporel, qui, pour le spirituel, ne dépendait que du Saint-Siège; il battait monnaie sur le territoire même de Cluny, aussi bien que le roi de France dans sa royale cité de Paris. Ce royaume spirituel s’étendait jusqu’à Constantinople, et même jusqu’à la Terre-Sainte ».

Le saint abbé mourut le 29 avril 1109, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Le pape Calixte II le mit au nombre des saints en 1121.

Saint Robert de Molesme et la fondation des Cisterciens (Petin, Dictionnaire hagiographique)

Saint Robert, abbé de Molesme et fondateur de l’ordre de Cîteaux, naquit vers l’an 1029, d’une illustre famille de Champagne, qui l’éleva dans la piété. À l’âge de quinze ans il quitta le monde pour entrer dans l’abbaye de Montier-la-Celle, près de Troyes, où, après avoir pris l’habit, il fut bientôt élu prieur, malgré sa grande jeunesse. Il fut ensuite chargé du gouvernement de l’abbaye de Saint-Michel de Tonnerre, où il s’efforça de rétablir la régularité; mais le relâchement y avait jeté de si profondes racines, qu’il ne trouva dans la plupart de ses religieux que des esprits rebelles et des cœurs endurcis.

Désespérant de les ramener à l’exacte observance de la règle, il les quitta pour aller vivre avec quelques anachorètes qui l’avaient demandé pour supérieur, et qui vivaient dans le désert de Collan, près de Tonnerre. Comme le lieu de leur retraite était malsain, Robert les établit à Molesme en 1075, dans de petites cellules construites avec des branches d’arbres, près desquelles il fit bâtir un petit oratoire en l’honneur de la sainte Trinité. Dans les commencements, leur vie était très austère, parce qu’ils manquaient de tout; mais des dons charitables ayant fait succéder l’abondance à la pauvreté, la communauté se relâcha peu à peu et dégénéra de sa première ferveur. Robert voulut arrêter les progrès du mal, mais, voyant que ses efforts étaient impuissants, il se retira dans le désert de Hauz, parmi des religieux qui vivaient du travail de leurs mains et édifiaient tout le pays par leurs vertus. Ceux de Molesme, rentrant en eux-mêmes, lui firent ordonner par le Pape de revenir au milieu d’eux, lui promettant d’être à l’avenir entièrement soumis à son autorité. Robert se vit donc obligé de retourner à Molesme, mais les choses n’allèrent guère mieux qu’auparavant.

Quelques religieux, cependant, mieux disposés que les autres, lui demandèrent la permission de s’établir dans quelque lieu solitaire, afin de pouvoir en liberté observer la règle sous laquelle ils étaient engagés. Le saint abbé leur accorda ce qu’ils désiraient et leur promit d’aller bientôt se réunir à eux; ce qu’il fit, en effet, après en avoir obtenu l’autorisation de Hugues, archevêque de Lyon et légat du Saint-Siège. Il emmena de Molesme tous les religieux qui voulaient observer dans son intégrité la règle de saint Benoît, et ils allèrent s’établir, au nombre de vingt-deux, dans la forêt de Cîteaux. Ayant obtenu l’agrément de l’évêque de Châlons et du vicomte de Beaune, seigneur du pays, ils défrichèrent une certaine étendue de terrain et y bâtirent des cellules. Eudes, duc de Bourgogne, fit achever à ses frais les bâtiments du monastère, et bâtit une église qui fut dédiée sous l’invocation de la sainte Vierge, comme toutes les églises des Cisterciens l’ont été dans la suite. Il fournit aussi aux moines, pendant quelque temps, toutes les choses dont ils avaient besoin, et leur assigna ensuite des revenus suffisants pour leur entretien. L’évêque de Châlons plaça Robert à la tête du monastère qu’il érigea en abbaye; lorsque tout fut terminé, le nouvel abbé et ses religieux, parmi lesquels on comptait le bienheureux Albéric et saint Étienne Harding, qui devinrent abbés après lui, renouvelèrent, le 21 mars 1098, jour de la fête de saint Benoît, leur profession monastique et leurs vœux de religion, s’engageant de nouveau à suivre la règle de leur saint patriarche dans toute sa sévérité. Rien n’était plus édifiant que leur conduite : ils pratiquaient des austérités extraordinaires, ne dormaient que quatre heures chaque nuit, en consacraient quatre autres à chanter les louanges de Dieu, et quatre, dans la matinée, au travail des mains; puis ils lisaient jusqu’à none et ne mangeaient que des herbes et des racines.

L’année qui suivit la fondation de Cîteaux, les moines de Molesme s’adressèrent de nouveau au Pape pour solliciter le retour de Robert, alléguant que son départ avait beaucoup nui à la discipline de leur maison, et que sa présence était le seul moyen d’y rétablir l’ordre et la régularité. Ils reconnaissaient leurs anciens torts et promettaient de se conduire de manière à ce que le saint n’eût plus à se plaindre d’eux. Urbain II chargea l’archevêque de Lyon, son légat, d’examiner cette affaire, et de renvoyer le saint à Molesme, si cette mesure devait y produire un effet salutaire. Le légat, après une mûre délibération, ordonna à Robert de se rendre aux désirs de ses anciens religieux, et l’évêque de Langres le rétablit dans sa dignité d’abbé de Molesme. Cette fois il eut la consolation de voir la communauté rentrer dans le devoir; il l’y maintint jusqu’à sa mort, arrivée le 17 avril 1111, à l’âge d’environ quatre-vingt-six ans. Les miracles opérés à son tombeau le firent mettre au nombre des saints par le Pape Honorius III, l’an 1222.

Prières

Prière d’Isaac de l’Étoile (1110-1178)

Seigneur, ne vous taisez pas en face de moi. Si je frappe à votre porte par ma méditation, ouvrez-moi ; si je vous interroge, répondez-moi ; si je vous implore, exaucez-moi ! Oui, vous le ferez dans votre grande bonté, vous le ferez largement, pourvu que, lorsque vous parlez, moi-même je ne détourne pas mon oreille. Car si on vous écoute, vous écoutez ; si on accueille vos avis, vous accueillez nos demandes. Parlez donc, Seigneur, votre serviteur écoute, répondez à celui qui parle. Pendant que nous naviguons l’un vers l’autre – comme jadis Pierre et les apôtres – que ni l’un ni l’autre ne s’endorme. Car si vous dormez pour moi votre serviteur, la mer, elle, ne dormira pas, pas plus que chez moi le souvenir du monde. Et si je dors pour vous, la chair, elle, ne dormira pas pour moi. Dressez-vous, Seigneur, qu’au-dedans et au-dehors se fasse un grand calme… Je crierai toujours vers vous, Seigneur, ne gardez pas avec moi le silence. Ainsi soit-il.

Oratio

Pérfice, quæsumus, Dómine, pium in nobis sanctæ religiónis afféctum : et ad obtinéndam tuæ grátiæ largitátem ; beátus Hugo Abbas suis apud te semper pro nobis et méritis, et précibus intercédat. Per Dóminum.

Oraison

Nous vous en prions, Seigneur, développez en nous l’esprit de piété de notre sainte Religion : et, pour obtenir l’abondance de votre grâce, que votre bienheureux Abbé Hugues intercède près de vous par ses mérites et ses prières.

Oratio

Deus, qui pro te relinquéntibus ómnia, céntuplum in hoc sǽculo, et in futúro vitam ætérnam promisísti : da nobis, intercedénte beáto Robérto Abbáte, sic a mundánis desidériis abstinére, ut plenam a te mercédem suscípere mereámur : Qui vivis et regnas.

Oraison

Ô Dieu, qui avez promis à ceux qui pour vous ont quitté le monde, le centuple dès ce monde et la vie éternelle dans l’autre, accordez-nous, par l’intercession du bienheureux Abbé Robert, de nous abstenir tellement des désirs mondains que nous méritions de recevoir de vos mains une pleine récompense.

Antiennes

Ã. Cum in die magni Sábbati beátus Hugo sacris interésset, colúmnam novæ lucis salutábat, crebris exórans suspíriis, ut ad terram promissiónis felíci gressu perveníret, allelúia.

Ã. Comme le Samedi-Saint, le bienheureux Hugues assistait aux saints mystères, il saluait la colonne de nouvelle lumière; par de fréquents soupirs, il demandait de parvenir à la Terre promise, alleluia.

Antienne grégorienne “Cum in die magni Sábbati”

Antienne Cum in die
Antienne Extensi sunt

Ã. Exténsi sunt pálmites eius usque ad mare, et usque ad flumen propágines eius, allelúia.

Ã. Il étendit ses rameaux jusqu’à la mer, et ses pousses jusqu’au fleuve, alleluia.

Antienne grégorienne “Exténsi sunt”

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27 avril — Saint Pierre Canisius

27 avril — Saint Pierre Canisius

Le mot de Saint Basile

La prudence doit être la directrice de toutes nos actions, puisque sans elle tout ce qui est bon par ailleurs devient un vice, quand on le fait à contre-temps et sans modération.

Saint Pierre Canisius, Confesseur et Docteur de l’Église (1521-1597) : Leçon historique du Bréviaire

Pierre Canisius naquit à Nimègue en Gueldre (Pays-Bas), l’année même où, en Allemagne, Luther rompait avec l’Église par une révolte ouverte, tandis qu’en Espagne, Ignace de Loyola abandonnait la milice terrestre et se consacrait à soutenir les combats du Seigneur : Dieu voulant sans doute annoncer par cette double coïncidence quels seraient dans la suite ses adversaires et sous quel chef il s’enrôlerait dans la sainte milice. À Cologne où l’avaient amené ses études, Pierre se lia à Dieu par le vœu de chasteté perpétuelle et s’enrôla, peu après, dans la Compagnie de Jésus. Revêtu du sacerdoce, il entreprit aussitôt, par ses missions, ses sermons et ses écrits, de défendre la foi catholique contre les attaques perfides des novateurs. Par deux fois il prit part au Concile de Trente où le désiraient vivement, à cause de sa rare sagesse et de son expérience des affaires, le Cardinal d’Augsbourg et les Pontifes Légats. De plus, sur l’autorité du Souverain Pontife Pie IV, il s’employa à en faire publier et appliquer comme il convenait les décrets en Allemagne. Envoyé par Paul IV au synode de Petrikan et chargé d’autres missions par Grégoire XIII, il y traita des plus graves affaires de la Religion avec un courage toujours ardent qu’aucune difficulté ne put abattre, et, à travers toutes les circonstances critiques de l’époque, les conduisit à une heureuse fin.

On peut à peine exprimer combien, durant plus de quarante ans, embrasé du feu de la divine charité que jadis, dans la basilique vaticane, il avait abondamment puisé au plus profond du Cœur de Jésus, et uniquement voué à l’augmentation de la gloire divine, le Bienheureux accomplit de travaux et endura de souffrances, soit pour préserver un grand nombre de villes et provinces d’Allemagne de la contagion de l’hérésie, soit pour les ramener à la foi lorsqu’elles s’en trouvaient infectées. Aux diètes de Ratisbonne et d’Augsbourg il sut animer les chefs de l’Empire à la défense des droits de l’Église et à la correction des mœurs populaires. En celle de Worms il réduisit au silence l’orgueil et l’impiété des magistrats de cette ville. Préposé par saint Ignace à la Province d’Allemagne il fonda en beaucoup de lieux des résidences et des collèges de la Compagnie, il apporta tous ses soins à promouvoir et développer le Collège germanique fondé à Rome; il remit en honneur dans les académies l’étude des sciences sacrées et des humanités regrettablement négligées. Il écrivit deux livres admirables contre les Centuriateurs de Magdebourg, enfin il composa une somme de doctrine chrétienne universellement et hautement approuvée tant par le jugement des théologiens que par l’usage public de trois siècles, et publia en langue vulgaire pour l’instruction du peuple de nombreux et très utiles ouvrages. Tant de services valurent au Saint le nom de marteau des hérétiques et de nouvel apôtre de la Germanie, et le firent à juste titre regarder comme suscité par Dieu pour être le défenseur de la religion en Allemagne.

Au milieu de tant de travaux, Pierre Canisius entretenait avec Dieu une union habituelle par de fréquentes prières, et la méditation assidue des choses surnaturelles, souvent inondé de larmes et parfois ravi en extase. Tenu en grande estime par les personnages les plus importants ou les plus renommés pour leur piété, grandement honoré par quatre Souverains Pontifes, il avait de si bas sentiments de lui-même qu’il se disait et se croyait le dernier de tous. Il refusa à trois reprises l’évêché de Vienne. D’une obéissance admirable envers ses supérieurs, on le voyait prêt, au moindre signe de leur part, à tout abandonner ou entreprendre, même au péril de sa santé et de sa vie. Les rigueurs volontaires qu’il exerçait contre lui-même furent sans cesse les protectrices de sa chasteté. Enfin le Saint, âgé de soixante dix-sept ans et se trouvant à Fribourg en Suisse où il avait passé les dernières années de sa vie à s’épuiser pour la gloire divine et le salut des âmes, s’en alla vers Dieu le 21 décembre 1597. Le Pape Pie IX a élevé aux honneurs de la béatification ce vaillant champion de la vérité catholique ; et, de nouveaux miracles l’ayant rendu illustre, le Souverain Pontife Pie XI, en l’année jubilaire, l’inscrivit au nombre des Saints en même temps qu’il le déclarait Docteur de l’Église universelle.

Extraits du Grand Catéchisme de Saint Pierre Canisius

Quelle est l’utilité du Signe de la Croix?

Cette pratique usitée constamment dans l’Église parmi tous les pieux fidèles, à partir même de l’origine du christianisme, se recommande fortement par cela seul à notre respect et à notre piété.

Et d’abord elle sert à réveiller en nous le sentiment de la reconnaissance pour le mystère qui s’est accompli en notre faveur sur la croix, et pour toutes les grâces dont ce mystère a été pour nous la source.

Elle nous excite en second lieu à mettre dans la croix du Sauveur toute notre gloire, comme toute l’espérance de notre salut. Elle est de plus, de notre part, une protestation continuelle que nous n’avons rien de commun avec les juifs ni avec les gentils, qui les uns et les autres sont ennemis de la croix de Jésus-Christ, et qu’en dépit de leurs mépris comme de leur haine, nous ne voulons pas avoir d’autre maître que Jésus, et Jésus crucifié.

Ce signe nous sert encore d’exhortation à la pratique de la patience, en nous offrant la perspective de la gloire éternelle à laquelle nous devons aspirer, et il nous est un avertissement muet d’embrasser sans répugnance la croix et les saintes voies de la croix, sous la conduite de Jésus-Christ notre divin chef.

Il nous fournit en même temps des armes victorieuses contre Satan, dont l’empire a été renversé par la vertu de la croix, et il nous rend forts en général contre tous les ennemis de notre salut.

Enfin nous prenons en main, pour ainsi parler, cet illustre trophée de la croix, pour commencer plus heureusement nos entreprises et les poursuivre avec plus de succès, assurés que nous sommes de vaincre par ce signe, et c’est pour tous ces motifs que nous répétons si fréquemment :

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

Comment peut se résumer l’oraison dominicale (le Notre Père) ?

C’est une formule parfaite de prière, non seulement pour obtenir les biens qu’on espère, mais aussi pour détourner les maux que l’on craint.

Parmi les biens, le premier à demander, c’est que notre Père céleste soit glorifié partout et toujours par chacune de ses créatures ; le second, c’est que nous entrions nous-mêmes en participation de son royaume ; le troisième, c’est que nous ne manquions d’aucun des moyens nécessaires pour parvenir au royaume de Dieu. Or, ces moyens se réduisent, par rapport à l’âme, à nous conformer à la volonté de Dieu, et par rapport au corps, à avoir les choses indispensables à la vie.

Ce qui vient ensuite jusqu’à la fin de la prière entière, exprime le désir d’obtenir de la grâce et du secours de Dieu, ou qu’il éloigne de nous les maux, tels que sont les péchés, qui corrompraient tout le bien qu’il peut y avoir en nous, et amèneraient tous les autres maux à leur suite, ou du moins qu’il les tempère de manière à ce que leur violence ne soit pas un obstacle à notre salut. De ce dernier genre sont les tentations de toute espèce auxquelles nous sommes exposés ici-bas, et les diverses afflictions, tant de la vie présente que de la vie future.

Que renferme la troisième demande du Notre Père, “Que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel” ?

Nous demandons la grâce d’obéir à Dieu sur la terre, malgré la faiblesse et les imperfections de notre nature , aussi parfaitement que les anges et tous les bienheureux le font dans le ciel, n’ayant rien plus à cœur que de nous conformer à la volonté divine dans l’adversité comme dans la prospérité, et de nous en remettre absolument à elle, en faisant volontiers le sacrifice de la nôtre, qui est malheureusement trop portée au mal.

Quelle est l’utilité de la récitation du “Je vous salue, Marie” ?

Ces belles paroles servent en premier lieu à nous rappeler l’immense bienfait de notre rédemption, dont nous sommes redevables à Jésus-Christ, et auquel le Père éternel a préludé en voulant se servir de l’entremise de Marie.

Elles ont ensuite pour objet de recommander plus particulièrement à notre dévotion cette sainte et admirable Vierge, dans la personne de qui Dieu veut que nous honorions l’inventrice de la grâce et la mère de la vie.

Il est donc naturel, qu’après avoir exposé à Dieu nos pieux désirs dans l’oraison dominicale, reconnaissants de la grâce conférée aux hommes par Jésus-Christ, nous adressions nos louanges non seulement à la Mère de ce Dieu Sauveur, mais encore à Dieu le Père à l’occasion de cette Vierge incomparable, et que nous ne nous lassions point de répéter d’un cœur joyeux, de concert avec les anges, cette salutation respectueuse :

Je vous salue, Marie, pleine de grâce, etc.

Prières

Prière de Nicolas van Hesche (1507-1578), Chartreux, maître de Saint Pierre Canisius

Ô très doux seigneur Jésus-Christ, je vous en prie, par l’ardent amour de votre cœur divin, par votre cœur humain transpercé et par ses angoisses, imprimez mon cœur dans votre cœur transpercé, et remplissez-le de la charité parfaite qui déracine en moi tout amour personnel envers moi-même et les créatures. Que la flèche de votre amour ardent me blesse et m’enflamme, de sorte que je puisse vous aimer parfaitement, de tout mon cœur, de toute mon âme, de tout mon esprit et de toutes mes forces, purement pour votre bonté, sans vue aucune de retour. Puissé-je, par amour pour vous, beaucoup quitter, beaucoup agir et souffrir, sans jamais me relâcher ! Puissé-je, par mes désirs brûlants et sans bornes, par mes prières pour obtenir le parfait renoncement à moi-même et l’union amoureuse avec vous, aspirer sans cesse vers vous, crier, frapper à la porte. Puissé-je penser à vous, parler de vous, avoir faim et soif de vous, vous chercher et vous trouver, jusqu’à ce que, tout transformé en vous, je devienne un seul esprit avec vous, moi demeurant toujours en vous et vous en moi ! Donnez-moi aussi d’aimer du même amour mon prochain en vous et pour vous, comme moi-même ! Ainsi soit-il.

Prière après le travail, par Saint Pierre Canisius

Louange et gloire à vous, Dieu éternel, de ce que j’ai pu, par votre grâce, mener à bonne fin ce travail. Faites qu’il remplisse cette double condition de vous être agréable, ô mon Dieu, et de m’être salutaire. Ainsi soit-il.

Oratio

Deus, qui ad tuéndam cathólicam fidem beátum Petrum Confessórem tuum virtúte et doctrína roborásti : concéde propítius ; ut eius exémplis et mónitis errántes ad salútem resipíscant, et fidéles in veritátis confessióne persevérent. Per Dóminum.

Oraison

Ô Dieu qui, pour la défense de la foi catholique, avez armé de force et de science le Bienheureux Pierre, votre Confesseur, daignez faire que ses exemples et ses avis ramènent les égarés dans la voie du salut et maintiennent les fidèles dans la confession de la vérité.

Antiennes

Ã. O doctor optime, Ecclesiæ sanctæ lumen, beate Petre, divinæ legis amator, deprecare pro nobis Filium Dei.

Ã. Ô Docteur excellent ! lumière de la sainte Église, bienheureux Pierre, amateur de la loi divine, priez pour nous le Fils de Dieu.

Antienne grégorienne “O doctor”

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