
Vendredi 27 novembre (ReConfinement J29) : Saint Colomban
Vendredi 27 novembre (ReConfinement J29) : Saint Colomban
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La Punchline de Saint Colomban
La mortification consiste donc en trois points : exclure de son esprit la discorde, ne pas laisser sa langue dire ce qui lui plaît, n’aller nulle part sans permission.
Les deux premiers points se comprennent aisément : mortifier notre esprit en renonçant à notre jugement propre, facteur de discorde ; mortifier notre langue… et nos doigts tapotant, trop souvent sans mesure, sur les claviers et écrans. Enfin, le 3ème point s’adresse surtout aux moines… ou aux confinés que nous sommes !
Saint Colomban, Abbé de Luxeuil
Vers la fin du 6ème siècle, un souffle puissant, venu d’Irlande, passa sur la Gaule mérovingienne. Après y avoir tourbillonné pendant une vingtaine d’années, il s’éloigna vers l’Est, passa les Alpes et descendit en Italie. Ce cyclone, qui remua bien des choses dans l’Église et dans la société, est celui du moine Colomban. À une chrétienté rongée par le péché et entourée de peuples encore païens, ce moine celte apportait les « remèdes de la pénitence », comprise de façon neuve, et le zèle missionnaire. La jeune foi de l’Irlande, un vigoureux idéal de renoncement, une observance monastique sans compromission faisaient la force de ce barbare cultivé, capable de bâtir autant que de prêcher. Intransigeant et obstiné, non moins attaché à son particularisme irlandais qu’à l’Évangile universel qu’il annonçait, il se heurta aux rois et aux évêques, subit persécution et bannissement, mais sa sainteté s’imposa à tous et son œuvre prospéra par l’épreuve.
Saint Colomban est né en Irlande vers 540. Tout jeune, il entendit l’appel de Dieu et entra à Cluain-Inis où il fut formé par Sinell, disciple de Saint Finian de Clonard, puis au monastère de Bangor que venait de fonder Saint Comgall. C’est pour participer, lui aussi, à la « peregrinatio pro Christo », chère aux Irlandais, qu’il quitta son pays pour débarquer en Gaule avec ses douze disciples.
Notre pays, dévasté et pillé un siècle plus tôt, présentait à tous égards un aspect pitoyable. La plupart des habitants avaient été massacrés et le paganisme régnait de nouveau presque partout. Les anciens monastères ou évêchés avaient survécus, mais que restait-il vraiment du souvenir de saint Jean de Réomé, Saint Honorat, Saint Germain ou Saint Martin ? La Règle de Saint Benoît, mort quelques années auparavant, n’avait pas encore pénétré en Gaule.
Il y avait alors un vaste désert nommé Vosges où se trouvait un poste militaire en ruine depuis longtemps, auquel une tradition ancienne donnait le nom d’Annegray. Arrivé là, le Saint s’y installa avec les siens. Il se contentait d’un peu de nourriture pour subsister, se souvenant de la parole de Notre Seigneur selon laquelle l’homme ne vit pas seulement de pain, mais se rassasie de la parole de Dieu. Le monastère d’Annegray devenant trop petit par suite de l’affluence des vocations, saint Colomban songea qu’il fallait chercher dans ce même désert un autre emplacement pour y construire un Monastère. Il obtint du roi Childebert la concession des ruines de Luxovium, situées alors à l’extrémité de l’épaisse forêt de la « Vôge », peuplées uniquement de bêtes sauvages. Plus tard encore, l’affluence des novices obligea Saint Colomban à une nouvelle fondation, celle de Fontaine, mais Luxeuil fut la résidence habituelle du saint Abbé. Luxeuil demeure le centre et l’âme de l’institut colombanien.
Gontran, roi de Bourgogne, avait attiré Saint Colomban dans ses terres, ce fut son petit neveu Thierry qui joua le rôle le plus important dans la vie de notre Saint. Les mœurs de Thierry, comme celles de la plupart des princes francs, étaient libres. Brunehaut, son aïeule, dont l’ambition redoutait une rivale, ne lui permit point de contracter un légitime mariage et encouragea les désordres du jeune prince. Saint Colomban ne put supporter cela, ce qui déplût très fort à Brunehaut qui en conçut une haine terrible pour l’apôtre et finalement obtint du roi sa condamnation à l’exil. Le dessein de Thierry avait été de renvoyer Saint Colomban en Irlande, d’où il était venu. Mais à Nantes, le vaisseau qui devait le rapatrier, lui et ses compagnons, fut rejeté pendant trois jours sur la plage: finalement, on laissa Saint Colomban en liberté. Il se rendit successivement à Soissons, puis à Metz. Colomban rêvait dès lors d’une vie de prédication tout apostolique : il s’embarqua sur le Rhin, pénétra en Suisse et demeura quelques temps dans la région de Bregenz sur le lac de Constance, où il établit une Abbaye. De là, il passa finalement les Alpes et entra en Lombardie où le roi Agilulfe lui donna les terres de Bobbio dans une gorge des Apennins. C’est là qu’il fit sa dernière fondation monastique et mourut le 21 ou le 23 novembre 615. Il est fêté le 27 novembre dans le diocèse de Besançon.
La Regula Monachorum nous dit, entre autre, que l’on doit « chaque jour prier, chaque jour jeûner, chaque jour travailler, chaque jour lire ». Cela nous donne une idée de la vie quotidienne de nos premiers moines, et il n’est pas douteux que Saint Colomban ait institué de véritables cours, destinés à enseigner la lecture, l’écriture, le dessin, les lettres, l’étude de la Bible et des Pères de l’Église. N’avait-il pas, lui-même, composé un Commentaire sur les Psaumes et plusieurs traités concernant le chant et l’enseignement ?
À cette école seront formés : Saint Cagnoald, qui deviendra évêque de Laon ; Saint Attale, qui succèdera au maître à Bobbio ; Saint Ermenfroy, futur évêque de Verdun ; Saint Potentin, le fondateur de Coutances ; Saint Desle, qui établira Lure ; Saint Gall qui donnera son nom au célèbre monastère suisse ; Saint Sigisbert, qui fondera Disentis dans les Alpes ; Saint Valéry, le premier abbé de Sithiu, et tant d’autres… Malgré l’exil forcé de Saint Colomban, en 612, ordonné par le roi Thierry et la reine Brunehaut, l’école fut maintenue, grâce à deux abbés remarquables : saint Eustaise (612-629) et surtout saint Valbert (629-670), qui introduisit la Règle Bénédictine. Nous y trouverons de nouveaux élèves : Saint Amé, fondateur de Remiremont ; Saint Donat, évêque de Besançon ; Saint Eloi, le célèbre orfèvre, fondateur de Solignac ; Saint Faron, évêques de Meaux ; saint Achaire à Noyon ; Saint Leudemond à Sion ; Saint Philibert à Jumièges ; Saint Germain, abbé de Moutier-Grandval ; Saint Ouen à Rouen, et toute une pléiade de saints, qu’il serait trop long d’énumérer ici. Luxeuil s’est donc épanoui comme un chef d’ordre et fut véritablement, selon le mot de Dom Grappin, le dernier savant de l’Abbaye, « l’école de toutes les sciences, l’académie des grands hommes, le modèle de tous les monastères de France ».
Saint Colomban peut être regardé comme un des plus grands moines ; son œuvre fut immense. Tous les monastères colombaniens adoptèrent par la suite la Règle de Saint Benoît. Toute notre région, et même l’Europe entière lui doivent la Foi.
R. P. Valbert-Marie Verrier (†2011)
De la Discrétion ou juste mesure vertueuse : extrait de la Règle de Saint Colomban
Combien la discrétion est nécessaire, l’égarement de beaucoup le fait voir et la ruine de certains le démontre. Ils ont commencé sans discrétion et, faute de science pour les diriger, ils ont été incapables de mener jusqu’au bout une vie louable. Car, de même que l’erreur égare ceux qui marchent sans suivre un chemin, de même, pour ceux qui vivent sans discrétion, la démesure est inévitable, et celle-ci est toujours contraire aux vertus, qui se situent au milieu, entre deux excès contraires. Passer la mesure, c’est rencontrer fatalement le danger, puisque, le long du droit sentier de la discrétion, nos adversaires placent les pierres d’achoppement du mal et les embûches de toutes sortes d’erreurs. On doit donc prier Dieu continuellement qu’il dispense la lumière de la vraie discrétion pour illuminer ce chemin bordé de chaque côté des épaisses ténèbres du monde, de telle sorte que ses vrais adorateurs soient capables de traverser cette obscurité, sans s’égarer, jusqu’à lui.
La discrétion tire donc son nom de « discerner », car c’est elle qui discerne en nous entre bien et mal, et aussi entre moyens et fins. Depuis le début, après que le mal eut commencé d’exister, du fait du démon, par la corruption du bien, les deux catégories, à savoir les biens et les maux, ont été séparées comme la lumière et les ténèbres, mais Dieu, qui opéra la séparation, avait d’abord donné la lumière (Gn 1, 3-4). Ainsi le pieux Abel choisit le bien, tandis que l’impie Caïn tombait dans le mal (Gn 4, 1-8).
Dieu a fait bon tout ce qu’il a créé (Gn 1, 31), mais le diable est venu y semer le mal (Mt 13, 24-30), avec sa ruse perfide et la suggestion sournoise de sa périlleuse flatterie (Gn 3, 1-5). Quels sont donc ces biens ? Ceux qui sont restés inviolés et intacts, tels qu’ils avaient été créés. Dieu seul les a créés et « préparés », suivant l’Apôtre (Eph 2, 10), « pour que nous y marchions ; ce sont les œuvres bonnes dans lesquelles nous avons été créés dans le Christ Jésus » : bonté, pureté, piété, justice, vérité, miséricorde, charité, paix qui procure le salut, joie spirituelle, avec le fruit de l’Esprit (Ga 5, 22) — toutes ces choses, avec leurs fruits, sont bonnes.
Et voici les maux qui en sont le contraire : malice, corruption, impiété, injustice, mensonge, avarice, haine, discorde, amertume, avec les multiples fruits qui en proviennent. Innombrables, en effet, sont les rejetons engendrés par ces deux contraires, à savoir le bien et le mal. Ce qui s’écarte de la bonté et de l’intégrité de la création, voilà le premier mal, à savoir l’orgueil de la malice première. Son contraire est l’humble estimation d’une pieuse bonté, qui reconnaît son Créateur et le glorifie, ceci constituant le premier bien d’une créature raisonnable. C’est ainsi que tout le reste s’est développé peu à peu dans les deux sens en un immense foisonnement de noms.
Dans ces conditions, il faut s’en tenir fortement au bien, en recevant le secours de Dieu, qu’il faut sans cesse demander par la prière, tant dans le succès que dans l’adversité, afin d’éviter l’enivrement de la vanité dans le succès et la chute dans le découragement au sein de l’adversité. Il faut donc se garder sans cesse de ce double danger, c’est-à-dire de tout excès, par une noble tempérance et une véritable discrétion, qui se maintienne dans l’humilité chrétienne et ouvre le chemin de la perfection aux vrais soldats du Christ. Cela revient à toujours discerner avec rectitude dans les cas douteux et à savoir distinguer en toutes circonstances le bien du mal, soit entre biens et maux extérieurs à nous, soit en nous-mêmes entre corps et âme, soit entre actes et habitudes, entre activité et repos, entre vie publique et privée.
Quant aux maux, on doit pareillement s’en garder : orgueil, envie, mensonge, corruption, impiété, mauvaises mœurs, gourmandise, fornication, cupidité, colère, tristesse, instabilité, vaine gloire, élèvement, médisance. Et maintenant les biens des vertus qu’il faut rechercher : humilité, bienveillance, pureté, obéissance, abstinence, chasteté, libéralité, patience, joie, stabilité, ferveur, ardeur au travail, vigilance, silence. Tout cela, par la force d’âme qui fait supporter et la tempérance qui modère, est à mettre sur les plateaux de la discrétion comme dans une balance, pour y peser nos actes habituels selon les possibilités de nos efforts, dans la recherche continuelle de ce qui suffit. Si le suffisant ne suffit pas, il ne fait de doute pour personne que l’on a passé la mesure de la discrétion, et tout ce qui dépasse cette mesure est manifestement vicieux.
Entre le trop et le trop peu, la juste mesure se trouve donc au milieu. Sans cesse elle nous détourne de tout ce qui est superflu d’un côté ou de l’autre. Introduite en toute chose, elle procure partout le nécessaire et refuse les caprices déraisonnables d’une volonté superflue. Cette mesure de la vraie discrétion, en pesant tous nos actes à leur juste poids, ne nous permettra jamais de nous écarter de ce qui est juste, et si nous la suivons toujours tout droit, à la manière d’un guide, elle ne nous laissera pas nous égarer. Car s’il faut toujours se garder de part et d’autre, selon le mot de l’Écriture : « Gardez- vous à droite et à gauche » (Dt 5, 52), il faut toujours marcher droit par la discrétion, c’est-à-dire par la lumière de Dieu, en répétant souvent et en chantant le verset du Psalmiste victorieux : « Mon Dieu, illumine mes ténèbres, car c’est par toi que j’échapperai à la tentation » (Ps 17, 29-30). En effet, « la vie de l’homme sur terre est une tentation » (Jb 7, 1).
Prières
Oratio
Deus, qui Beáti Columbáni præcéptis et exémplis innúmeros ad perfectiónem evangélicam elevásti : accénde, quæsumus, in nobis ardens sanctitátis desidérium. Per Dóminum.
Oraison
Ô Dieu, qui avez élevé d’innombrables âmes à la perfection évangélique par les préceptes et les exemples du Bienheureux Colomban : nous prions d’allumer en nous un ardent désir de la sainteté. Par Jésus-Christ, notre Seigneur.
Prière de Saint Colomban (ca 540-615)
Seigneur Dieu, détruisez et déracinez tout ce que le Mauvais a planté en moi. Ces iniquités une fois détruites, mettez dans ma bouche et mon cœur de penser et d’agir bien, en sorte que mon action et ma volonté vous servent vous uniquement, que je comprenne vos commandements, que je vous cherche. Donnez-moi la mémoire. Donnez-moi la charité. Donnez-moi la chasteté. Donnez-moi la foi. Donnez-moi tout ce que vous savez utile à mon âme. Faites en moi le bien, accordez-moi ce qui me convient, vous qui règnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Invocations aux Saints de Luxeuil
Seigneur, ayez pitié de nous.
Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Père céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Marie, priez pour nous.
Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Vierge des Vierges, priez pour nous.
Saint Colomban, priez pour nous.
Saint Colomban le jeune, priez pour nous.
Saint Lua, priez pour nous.
Saint Sigisbert, priez pour nous.
Saint Léobard, priez pour nous.
Saint Ragnacaire, priez pour nous.
Saint Hermenfroi, priez pour nous.
Saint Waldolène, priez pour nous.
Saint Valéry, priez pour nous.
Saint Desles, priez pour nous.
Saint Colombin, priez pour nous.
Saint Gall, priez pour nous.
Saint Ursanne, priez pour nous.
Saint Bertulfe, priez pour nous.
Saint Attale, priez pour nous.
Saint Babolein, priez pour nous.
Saint Eustase, priez pour nous.
Saint Cagnoald, priez pour nous.
Saint Achaire, priez pour nous.
Saint Amé, priez pour nous.
Saint Romaric, priez pour nous.
Saint Waldalène, priez pour nous.
Saint Omer, priez pour nous.
Saint Mommolin, priez pour nous.
Saint Bertin, priez pour nous.
Saint Ebertramm, priez pour nous.
Saint Valbert, priez pour nous.
Saint Agile, priez pour nous.
Saint Chuane, priez pour nous.
Saint Ermenfroi, priez pour nous.
Saint Adelphe, priez pour nous.
Saint Frobert, priez pour nous.
Saint Théoffroy, priez pour nous.
Saint Berchaire, priez pour nous.
Saint Ingofroy, priez pour nous.
Saint Emmon, priez pour nous.
Saint Mellin, priez pour nous.
Saint Anségise, priez pour nous.
Saint Gibard, priez pour nous.
Saint Tételme, priez pour nous.
Saint Baltram, priez pour nous.
Saint Antoine de Froidemont, priez pour nous.
Bienheureux Angelôme, priez pour nous.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.
Prions.
Par l’intercession de la Bienheureuse Marie toujours vierge et de tous nos Saints, nous vous prions, Seigneur, de préserver de toute adversité cette famille humblement prosternée à vos pieds, et de la défendre avec bonté contre toutes les embûches des ennemis du Salut. Par Jésus-Christ N-S. Ainsi soit-il.
Antienne
Ã. Hic vir despiciens mundum et terrena triumphans divitias cælo condidit ore manu.
Ã. Cet homme, montrant du mépris pour le monde et triomphant des choses terrestres, a amassé des richesses au paradis à travers ses paroles et ses actes.