Portée apologétique du Miracle de Faverney

Portée apologétique du Miracle de Faverney

Portée apologétique du Miracle de Faverney

Pour bien comprendre la portée apologétique de ce miracle il faut se rappeler quels étaient les grands thèmes de controverse doctrinale dans notre pays, au moment où il s’est produit.

Nous l’avons dit, l’hérésie protestante s’infiltrait partout en Comté avec ses négations et ses affirmations erronées portant principalement sur le mystère central de la foi et du culte catholique : l’EUCHARISTIE.
Ce qui était attaqué, c’était essentiellement le réalisme des paroles du Christ à la Cène « Ceci est mon corps livré pour vous » et « Ceci est mon sang répandu pour vous en rémission des péchés» « Faites ceci en mémoire de moi » : paroles divines fondant un sacrifice mémorial et représentation de celui de la Croix, établissant un Sacerdoce et réalisant une présence du Christ dans l’Hostie.

Or, le Protestantisme, à cette époque, s’en prend très particulièrement à la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Il ne s’agit que d’un signe, d’un symbole de notre participation au Corps Mystique du Christ, de notre union à Lui, par la Foi. Pour Luther le pain contient le Corps du Christ tout au plus, à l’instant de la communion. Les tabernacles sont donc vides, et le culte devant le Saint Sacrement une idolâtrie ; la Messe n’est pas un sacrifice ; il n’y a pas de sacerdoce au sens où l’entend l’Eglise Catholique et le ministère des Prêtres est une usurpation de l’unique sacerdoce du Christ.

Or, le miracle eucharistique de Faverney s’inscrit en faux contre ces négations.

Le pain eucharistique n’est que du pain : comment alors expliquer que ces deux morceaux de pain enfermés dans l’Ostensoir, s’ils n’avaient été que cela, aient échappé à un incendie destructeur de tout autour d’eux ?
Si, comme le veut Luther, le Christ n’est présent dans l’Hostie qu’à l’instant de la Communion, comment expliquer que le miracle se soit produit au cours d’une exposition du Saint Sacrement attestant la croyance en la permanence de la Présence Réelle.

Bien plus, qu’il ait ainsi prolongé pendant 33 heures cette exposition, provoquant une admiration de la foule, représentée par Luther comme une idolâtrie.

La Messe n’est pas le sacrifice du Christ : alors pourquoi est-ce au cours d’une Messe, à l’instant essentiel du Sacrifice, l’instant de la Consécration et de la double Elévation que l’Ostensoir descend de lui-même, miraculeusement, attestant la réalité vivante qu’il contient et la réalité opérée au même instant sur l’Autel par les paroles de la Consécration.

Le Protestantisme ne s’attaque pas seulement au dogme eucharistique : le culte des reliques des saints est également proscrit par lui.
Or l’Ostensoir de 1608 était aussi un reliquaire de Ste Agathe, et nous avons vu que le feu qui a respecté les Hosties consacrées, a épargné de même le petit fragment d’os de la sainte et le fragile étui de cristal qui le contenait.

D’autre part nous savons que les indulgences accordées au peuple chrétien par les Souverains Pontifes furent un des prétextes de la révolte de Luther.

Or non seulement le Bref papal et la lettre épiscopale portant publication des Indulgences sont épargnés par le feu, mais encore il n’est pas sans intérêt de noter que c’est à l’occasion d’un octroi solennel d’Indulgences que Dieu manifeste sa Toute Puissance ne semble-t-il pas ratifier par là les grâces de rémission accordées par son Vicaire sur la terre ?

Enfin, si nous nous souvenons, avec quel acharnement, dans le passé, les protestants s’attaquèrent aux Ordres religieux – et à la vocation religieuse. – si nous songeons aussi à leur position d’alors envers le culte de la Très Sainte Vierge… on ne peut qu’être fortement impressionné par une circonstance du miracle : il s’est produit dans l’église d’un monastère, chez des fils de Saint Benoît, dans une église qui depuis des siècles était un sanctuaire vénéré de la Vierge Marie, un lieu de pèlerinage où l’on venait prier celle que l’on nommait d’un beau titre évoquant son Immaculée Conception : « Notre Dame la Blanche. »

« N’est-ce pas, concluait en 1627, le Président Boyvin du Parlement de Dole, une belle et docte leçon… »
Pratiquement, il est à noter qu’après le Miracle de 1608 la propagande protestante perdit de son assurance et se trouva bientôt stoppée en Franche-Comté. On était loin en effet de s’entendre entre Luthériens, Calvinistes, Zwingliens au sujet de la doctrine eucharistique et les temples du pays de Montbéliard retentissaient de bien des disputes théologiques. Or voici que l’événement de 1608 les touche au vif de leurs discordes. Certains parmi les bourgeois de Montbéliard galoperont vers Faverney aux premiers bruits du miracle ; le soir du lundi de la Pentecôte, les Huguenots de Passavant s’enhardiront jusqu’à pénétrer dans l’église, parmi la foule, regarderont et se retireront ne sachant que penser.

Y eut-il parmi les Protestants des conversions ? Peu. Une pourtant est à noter car elle fut retentissante, celle de Frédéric Vuillard, orfèvre à Montbéliard et huguenot convaincu. Le 26 mai, il se trouve à Vesoul en voyage d’affaires ; il entend parler du miracle et cède, comme beaucoup d’autres à la curiosité. A Faverney, toutes les constatations que nous avons faites avec les enquêteurs, il les fait pour son propre compte dans des conditions dramatiques: lutte tragique entre sa foi protestante et le témoignage de ses yeux et de son bon sens. Plus de 30 fois, a-t-il écrit, il entre dans l’église, regarde puis ressort, se refusant à croire ce que sa religion lui défend. A la fin la Grâce et l’évidence l’emportent sur sa position protestante, il tombe à genoux et adore. Il se fera instruire, abjurera l’hérésie et après bien des luttes aura la joie de convertir toute sa famille. J’ai cité ce cas de Frédéric Vuillard car il est typique de l’état d’esprit de beaucoup de protestants au lendemain du Miracle.