La Règle de Saint Benoît

La Règle de Saint Benoît

La Règle de Saint Benoît

“Il écrivit une règle des moines remarquable par sa discrétion et dans un langage élégant”. Ces paroles tirées de la vie d’un saint abbé nommé Benoît, auquel le Pape saint Grégoire le Grand consacre tout le livre 2 de ses Dialogues, nous permet d’identifier l’auteur  d’une Règle des moines écrite peu après l’an 530. Cette Règle de saint Benoît (désormais RB) est bien connue de nom, mais sa doctrine spirituelle, son contenu restent souvent ignorés ou mal connus. Généralement on résume la RB par l’adage célèbre : “Prie et travaille” (ora et labora). Or, cette sentence, qui d’ailleurs ne se trouve pas dans notre Règle, est certainement réductrice par rapport à toute la richesse de notre texte. C’est pourquoi nous voudrions présenter dans cet article comme un sommaire, parcourir page après page la RB afin que cette règle de notre vie, et par là notre vie même, soit mieux connue.
La RB se présente donc comme un ensemble de 73 chapitres précédés d’un prologue ; ces chapitres eux-mêmes peuvent être regroupés en trois parties : la première (ch. 1 à 7) pose des principes spirituels pour la vie monastique, la seconde (ch. 8 à 67) règle la vie monastique dans les divers domaines (emploi du temps, hiérarchie, etc.), enfin la troisième (ch. 68 à 73) est comme une conclusion spirituelle sur la charité fraternelle avec un épilogue ouvrant sur d’autres horizons textuels.

Le Prologue
Il consiste en une invitation à la conversion, c’est-à-dire à se détourner de la désobéissance à la loi de Dieu (le péché) pour se tourner (se convertere en latin) vers Dieu (RB Pr. 2-3). Pour cela, saint Benoît, père et maître (RB Pr. 1), nous invite à écouter les paroles du Seigneur et à les mettre en pratique en se mettant à son service dans le monastère, “école du service du Seigneur” (RB Pr. 45), le but étant de “mériter de prendre place dans le royaume du Christ après avoir partagé ses souffrances par la patience” (RB Pr. 50).

Principes de la vie monastique (ch. 1 à 7)
Cette première partie nous présente d’abord le cadre de la vie monastique : le chapitre 1 nous dit que saint Benoît s’adresse à des cénobites, c’est-à-dire à des moines qui vivent « dans un monastère, sous une règle et un abbé », et justement le chapitre 2 nous présente ce que doit être l’abbé, père du monastère qui tient la place du Christ (RB 2, 2) et qui doit conduire ses disciples au ciel par le double enseignement de ses paroles et du bon exemple de sa vie (RB 2, 12); enfin saint Benoît détermine au chapitre 3 les relations entre l’abbé et sa communauté quant à la gestion temporelle du monastère, l’abbé doit prendre conseil des frères même si ultimement toutes les décisions lui reviennent.
Les chapitres suivants nous exposent les principes de la vie spirituelle du moine. Ainsi le chapitre 4 nous propose 74 sentences spirituelles, faciles à retenir et se présentant comme des « instruments de l’art spirituel » (RB 4, 75), elles nous invitent à l’obéissance aux commandements de Dieu (RB 4, 1-9), au renoncement et à la mortification (RB 4, 10-13 et 20), à la pratique des œuvres de miséricorde (RB 4, 14-19) et des vertus (RB 4, 21-43 et 59-74), à la considération de nos fins dernières (RB 4, 44-46), à la garde de nos actions, pensées et paroles (RB 4, 47-54), aux lectures saintes, à la prière, à la componction (RB 4, 55-58).
Le chapitre 5 est un développement sur la vertu d’obéissance, dont l’acte doit être accompli promptement (RB 5, 4-9) par amour et à l’exemple du Christ (RB 5, 2 et 10-13).
Le chapitre 6 traite du silence nécessaire pour éviter le péché (RB 6, 1-2 et 4-5).
Enfin, le chapitre 7, le plus long de notre Règle, est consacré à l’humilité. Saint Benoît nous présente une échelle de l’humilité composée de douze degrés qui, en fait, « sont moins des échelons à gravir l’un après l’autre que des signes de vertu qui peuvent et doivent se montrer simultanément ». Avec saint Thomas d’Aquin, nous ordonnerons ces différents échelons comme suit : le premier degré, la révérence envers Dieu, le sens de la présence de Dieu (RB 7, 10-30), est comme le fondement de l’humilité; les quatre degrés suivants régleront la volonté humaine, le deuxième nous invite à ne pas suivre notre volonté propre (RB 7, 31-33), le troisième à se régler d’après le sentiment des supérieurs (RB 7, 34), le quatrième à obéir même dans les contrariétés (RB 7, 35-43); l’humilité doit aussi régler notre intellect, ainsi nous devons reconnaître nos défauts (5è degré, RB 7, 44-48), nous considérer d’indignes et mauvais serviteurs (6è degré, RB 7, 49-50) et mettre les autres avant nous (7è degré, RB 7, 51-54); enfin l’humilité doit s’étendre à nos attitudes extérieures : chercher à ne pas se distinguer des autres (8è degré, RB 7, 55), à se modérer dans ses paroles (9è et 10è degrés, RB 7, 56-59) et dans toutes ses actions (11è et 12è degrés, RB 7, 60-66).

Législation (ch. 8 à 67)

Après avoir posé les principes spirituels de la vie monastique, il s’agit maintenant de l’organiser. Cette section comprendra trois parties : dans la première est réglée la prière monastique (ch. 8 à 20), la deuxième traite en détail du bon ordre de la communauté (ch. 21 à 57), la troisième du recrutement et de la hiérarchie du monastère (ch. 58 à 67).

La prière monastique (ch. 8 à 20)

Après le traité de l’humilité, saint Benoît, sans aucun préambule, enchaîne avec l’organisation de l’office communautaire de nuit, ce qu’il appelle « vigiles » et que nous appelons actuellement « matines » (ch. 8 à 11). Ensuite est réglé le premier des sept offices du jour, pour saint Benoît les « matines » que nous appelons aujourd’hui « laudes » (ch. 12 et 13). Le chapitre 14 est consacré à l’office des fêtes des saints, le 15 au temps où il faut chanter « alleluia ». Au chapitre 16 nous trouvons une justification à cette organisation de l’Office divin par saint Benoît dans l’application des paroles de la Sainte Ecriture « sept fois le jour je vous ai loué » (Psaume 118, 164) et « au milieu de la nuit je me levais pour vous rendre grâces » (Psaume 118, 62) à cette prière communautaire. Cette section se poursuit avec l’ordonnancement des heures du jour : Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres, Complies destinées à sanctifier toute la journée, à revenir sans cesse à Dieu (ch. 17). Enfin cette organisation de la prière communautaire se termine avec la distribution des psaumes entre ces différentes heures.
Saint Benoît termine cette section par deux chapitres qui concernent l’attitude spirituelle à avoir non seulement dans la prière communautaire (ch. 19), « notre pensée doit être en accord avec notre voix » (RB 19, 7), mais aussi dans la prière personnelle (ch. 20), humilité, pureté du cœur et componction.

Le bon ordre de la vie communautaire (ch. 21 à 57)

Cette section commence par un chapitre (ch. 21) sur les doyens qui doivent assister l’abbé dans sa charge, ayant chacun sous leur surveillance un groupe d’une dizaine de moines. Cette surveillance concerne particulièrement le bon ordre dans les dortoirs, spécialement lors du lever (ch. 22).
La Règle se poursuit avec un code pénitentiel pour les fautes graves (ch. 24 à 30). Les punitions (ch. 24-26 et 30) sont de deux ordres : dans l’ordre spirituel, l’excommunication, c’est-à-dire la séparation de la communauté soit quant à la prière commune de l’Office divin, soit quant à la table commune; dans l’ordre corporel, pour ceux qui ne comprenaient pas les peines spirituelles, on procédait au châtiment des coups de bâton. Enfin après ces peines, après les efforts miséricordieux de l’abbé pour le ramener dans la bonne voie (ch. 27), après les prières spéciales de toute la communauté pour sa conversion, le moine qui persévère dans son attitude sera expulsé (ch. 28), mais non sans espoir de retour (ch. 29).
Saint Benoît s’occupe ensuite de l’administration temporelle du monastère (ch. 31 à 34). Il nous décrit la fonction et les vertus du cellérier (économe), le père temporel de la communauté (ch. 31) qui sera aidé par d’autres frères si ses charges sont trop prenantes (ch. 32). Les deux chapitres suivants concernent la pauvreté du moine qui ne possède rien de propre (ch. 33) mais qui reçoit de la miséricorde de l’abbé ce dont il a besoin et selon ses propres besoins (ch. 34).
Ensuite il faut traiter de la vie quotidienne des moines (ch. 35 à 41) et d’abord de leur nourriture (ch.35-41). Ainsi le chapitre 35 traite du cuisinier ou plutôt des cuisiniers, puisque tous les moines, en principe, doivent se succéder dans cette tâche « parce qu’elle nous apporte une grande récompense et qu’elle est un moyen de pratiquer la Charité » (RB 35, 2). Ensuite il faut déterminer le régime particulier des malades (ch. 36), des enfants et des vieillards (ch. 37), ainsi que l’attitude de miséricorde et d’attention qu’on doit avoir à leur égard. Enfin est expliqué le déroulement des repas à l’écoute d’une lecture édifiante (ch. 38), ce qu’on y mange (ch. 39), ce qu’on y boit (ch. 40), et à quelle heure (ch. 41).
Les chapitres suivants poursuivent cette réglementation de la vie quotidienne du moine. Le chapitre 42 nous parle du rituel des Complies et du « grand silence » à respecter la nuit, après cet office. Les trois chapitres suivants reviennent sur les fautes et les peines : le chapitre 43 traite des retardataires à l’Office divin ou à la table; le chapitre 44 de la manière de réintégrer la communauté après l’excommunication; le chapitre 45 des fautes commises pendant l’Office divin et le chapitre 46 de toutes les autres fautes légères. Saint benoît poursuit avec l’emploi du temps de la journée dans le chapitre 47 qui traite de la charge d’annoncer les heures des offices qui en ponctuent le cours, le chapitre 48 qui règle la répartition des différentes activités selon les périodes de l’année, ce sont, à part l’Office divin : le travail manuel et la lecture spirituelle (11). Le chapitre 49 s’occupe de l’observance du Carême, les pénitences personnelles devant toujours être soumises au jugement de l’abbé, non moins qu’au secours de sa prière (RB 49, 8). Puis il faut penser aux frères qui ne peuvent chanter l’Office divin dans l’oratoire du monastère – on voit toujours l’importance donnée par saint Benoît à la prière liturgique – soit qu’ils travaillent dans les champs (ch. 50), soit qu’ils sont en voyage (ch. 51). Enfin le chapitre 52 est un magnifique petit paragraphe sur l’oratoire du monastère, lieu de rencontre avec Dieu dans la prière liturgique mais aussi personnelle, c’est de cette prière personnelle dont il s’agit ici.
Pour finir nous avons cinq chapitres qui s’occupent de circonstances particulières de la vie quotidienne comme l’accueil des hôtes (ch. 53) qu’on devra « recevoir comme le Christ lui-même » (RB 53, 1-2), comme la réception de cadeaux (ch. 54); qui traitent tour à tour de la garde-robe du moine (RB 55), de la table de l’abbé qui, à l’époque, mangeait avec les hôtes (RB 56), ou enfin de l’exercice de métiers dans le monastère et de la vente de ce qui est produit par ces métiers (RB 57).

Le recrutement et la hiérarchie du monastère (ch. 58 à 67)

Le chapitre 58 s’occupe donc de l’accueil de ceux qui veulent « se convertir » (RB 58, 1), c’est-à-dire entrer dans la vie religieuse. C’est l’occasion de parler du maître des novices qui doit veiller sur les dispositions des candidats à la vie monastique en observant « attentivement s’ils cherchent Dieu véritablement, s’ils s’appliquent avec soin à l’Œuvre de Dieu, à l’obéissance et aux opprobres » (RB 58, 7). Nous tenons dans ces quelques mots l’essentiel de la vie monastique : la recherche de Dieu, le moine cherchant Dieu parce que Dieu lui-même le cherche comme le notait saint Benoît dans son Prologue (RB Pr., 14), d’une part; et d’autre part, les signes de cette recherche de Dieu, les trois « o », Opus Dei, Obedientia, Obprobria, c’est-à-dire la prière liturgique, fondamentale pour saint Benoît, l’obéissance et les pratiques d’humilité. Ce chapitre ce termine sur le cérémonial de l’admission dans la communauté.
Les trois chapitres suivants ont trait à trois types de vocations particulières : les enfants qui étaient offerts au monastère par leurs parents (ch. 59), les prêtres ou autres clercs qui désireraient se faire moines (ch. 60), les moines d’un autre monastère qui voudraient intégrer la communauté (ch. 61). Dans la continuité du chapitre 60, le chapitre 62 traite des prêtres que l’abbé pourrait faire ordonner.
On entre ensuite au cœur de la communauté avec un petit code de politesse monastique et même tout simplement chrétienne (ch. 63), suivi de chapitres sur l’élection de l’abbé (ch. 64), sur le choix d’un prieur par l’abbé (ch. 65) afin de l’assister et non de le contredire (RB 65, 2 et 7), sur le portier du monastère qui a pour charge d’accueillir les hôtes (ch. 66), sur la prière pour les frères qui partent en voyage ou qui en reviennent (ch. 67).

La Charité fraternelle (ch. 68 à 72) et Epilogue (ch. 73)

Cette Charité s’exprimera d’abord vis à vis de Dieu, dans l’exercice de l’obéissance à l’abbé, qui représente le Christ, dans les choses difficiles ou même impossibles (ch. 68). Cette Charité s’exprimera vis à vis des autres frères dans le fait de les laisser à l’autorité paternelle de l’abbé sans les défendre (ch. 69) ni les frapper (ch. 70) quand ils commettent des fautes, et dans l’obéissance mutuelle des uns aux autres selon la place de chacun au sein la communauté (ch. 71). Enfin le chapitre 72 qui serait à citer dans son entier résume l’ordre et le mode de notre Charité : « Absolument rien ne devra être préféré au Christ; qu’il daigne nous conduire tous ensemble à la vie éternelle » (RB 72, 12).
Dans son épilogue saint Benoît fait profession d’humilité : sa Règle « n’est qu’une règle pour débutants », que les moines s’appliquent donc à l’étude de la Sainte Ecriture, des Vies et Conférences des Pères, de la Règle de saint Basile (RB 73, 3-5), « c’est ainsi qu’ils pourront parvenir, grâce à la protection de Dieu, aux sommets les plus élevés de la doctrine et de la vertu » (RB 73, 9).

Conclusion

Au terme de cette présentation de notre sainte Règle, nous aimons à rappeler l’actualité de ce texte du VIè siècle, ce texte est en effet actuel pour inviter les âmes à chercher l’essentiel c’est-à-dire Dieu, actuel pour conduire les âmes à la vie éternelle, la seule chose nécessaire. Nous sommes inquiets de constater le désintérêt des jeunes gens et jeunes filles pour la vie religieuse : on pense à se faire une place dans le monde, on pense aux études, on pense à s’amuser, mais on oublie l’éternité, on oublie les choses spirituelles, on oublie de tendre à Dieu. La vocation n’est pas une possibilité envisagée sérieusement, si, même, elle est envisagée. La vie elle-même n’est pas envisagée dans son ensemble car on oublie que la fin de la vie c’est la mort et que nous n’entrerons pas au ciel selon notre place dans le monde économique, mais selon notre place dans le monde spirituel, place qui s’acquiert par la pratique des bonnes œuvres.

La vie bénédictine

La vie bénédictine

La vie bénédictine

Notre vie monastique tient tout entière comme dans son germe, dans le propos de saint Benoît quittant Rome et l’étude des Belles Lettres pour vivre seul avec Dieu dans la grotte de Subiaco. Des disciples étant venus se placer sous sa conduite, saint Benoît les répartit dans des monastères et leur donna une Règle.

VIE MONASTIQUE

Saint Benoît, fresque de Subiaco« En écrivant sa Règle, saint Benoît ne veut pas instituer quelque chose en dehors ni à côté de la vie chrétienne : il n’assigne à ses moines aucune œuvre spéciale comme but particulier à poursuivre; le but, c’est, comme il le dit, de “chercher Dieu” (Règle, ch. 58) » (Dom Marmion, o.s.b.).
Dieu est notre fin dernière, la fin de notre vie chrétienne, la fin de notre vie religieuse : « Toute forme authentique de vie religieuse a pour dessein de ramener à l’unité les forces de l’âme, afin de les faire converger vers la contemplation et le service de Dieu » (Dom Paul Delatte, o.s.b.).
Alors, le monastère bénédictin sera une “école du service divin” (Prologue). Et comment s’exprimera ce service de Dieu ? Notre bienheureux Père répond à cette question dès le début du Prologue : il adresse sa parole à « qui renonce à ses volontés et prend les armes très puissantes et glorieuses de l’obéissance pour combattre au service du Seigneur Christ, le vrai Roi ».
Cette obéissance (ch. 4) intérieure et voulue librement, est l’expression achevée de l’humilité (ch. 7), vertu caractéristique du moine. Par elle, notre volonté fusionne avec celle de Dieu manifestée par la volonté des supérieurs. C’est ainsi que nous devenons de vrais disciples de Jésus-Christ, “obéissant jusqu’à la mort”.
À cette obéissance, sont liés, comme matière des voeux, les deux autres conseils évangéliques de pauvreté et de chasteté, ainsi que la stabilité.
« La pauvreté est le renoncement parfait et sans exception à toute possession des choses de la terre ».
« Par la chasteté religieuse, l’homme diminue les droits qu’il a sur lui-même, et s’approche de Dieu » (Dom Guéranger, o.s.b.).
Quant à la stabilité, elle attache le bénédictin à la famille que forme le monastère et qui a pour père l’Abbé. (ch. 2 et 64) : « La vie monastique est une vie en commun, et l’esprit de Dieu l’a disposée ainsi afin que les moines y trouvassent un secours puissant dans l’exemple de leurs frères et un mérite excellent dans l’exercice de la charité fraternelle (ch. 72) » (Dom Guéranger).
Au moyen de ces vertus favorisées par l’exercice de saines pratiques (jeûnes, veilles), « les frères ne préféreront absolument rien au Christ, qu’Il daigne nous conduire tous ensemble à la vie éternelle ! » (ch. 72).

Messe solennelleVIE DE PRIERE : “ORA…
Mais par “service de Dieu”, saint Benoît veut aussi parler de l’Office divin, “l’Œuvre de Dieu à laquelle on ne doit rien préférer” (ch. 43). Cette Œuvre trouve son centre dans la Sainte Messe : « De même que le sacrifice sanglant et l’entrée de notre Pontife dans le sanctuaire du ciel constituent le point culminant de son œuvre, de même la liturgie a son centre dans la messe » . La liturgie est “l’activité” principale du moine : « Nous autres moines, nous sommes religieux “sine addito”, nous ne sommes que religieux; nous sommes à Dieu pour être à Dieu uniquement. (…) L’œuvre propre et distinctive du bénédictin, son lot, sa mission, c’est la liturgie. Il émet profession pour être dans l’Église, société de louange divine, celui qui glorifie Dieu selon les formes instituées par elle, elle qui sait comment honorer le Seigneur et possède les paroles de la vie éternelle. Il est tout entier homme de prière et les formes diverses de son activité prennent spontanément une couleur religieuse, une valeur d’adoration et de louange » (Dom Delatte).

Jardinage…ET LABORA” : VIE DE TRAVAIL
Notre saint Père Benoît, qui détestait l’oisiveté, dit dans sa Règle : « L’oisiveté est ennemie de l’âme aussi les frères doivent-ils s’occuper tantôt au travail des mains, tantôt à l’étude des choses de Dieu » (ch. 48).
Ainsi Dom Guéranger a pu dire : « La vie monastique se soutient sur deux ailes : ces deux ailes sont le service divin et le travail. Par le service divin nous vaquons à Dieu; par le travail nous occupons avec mérite les heures que la faiblesse de notre esprit ne nous permet pas de donner à la contemplation » .
Dans l’atmosphère de silence du monastère (ch. 6), l’étude des choses de Dieu relève de la prière et du travail. En commençant par la lecture attentive des choses divines (lectio divina), elle doit nous conduire à la contemplation de sorte que nous “cherchons Jésus dans les livres” selon le mot de saint Augustin.